Le Temple du Bouddha d’Émeraude

Le Temple du Bouddha d’Émeraude, ou Wat Phra Si Rattana Satsadaram, plus connu sous le nom de «Wat Phra Kaeo», (ou Wat Phra Kaew), est sans aucun doute l’un des lieux les plus sacrés de Bangkok et de Thaïlande.

Ce temple abrite une statue de Bouddha (en jadéite vert foncé) qui mesure 70 centimètres environ. Le complexe du temple se compose uniquement d’une zone de Phutthawat (zone dédiée à Bouddha), il n’y a donc pas de logement pour les moines.

Ce n’est pas la 1ere fois que je vous parle d’un temple qui a abrité le Bouddha d’émeraude qui n’est pas en émeraude mais en Jadéite (bas de page explication sur la jadéite)

Elle aurait donc résidé à Chiang Rai à Lanpang et a Chiang Maide en Thaïlande, puis à Luang Prabang et à Vientiane au Laos avant de finir sa course au palais royal de Bangkok.

Le Bouddha d’Émeraude est l’emblème religieux et symbolique de la dynastie Chakri, le palladium du pays. Son origine est entourée de légende.(Voir son histoire en bas de page)

Le site touristique propose des visites guidées en anglais. il faut se renseigner sur place pour savoir si ils ont à disposition un guide francophone. Ces visites sont programmées tous les jours à 10h, 10h30, 14h et 14h30.

Vous avez aussi la possibilité de louer des audioguides multi-langues.

Il y a quelques contraintes à la visite du temple. Tout d’abord on ne peu pas entrer si on est en short, jupe, ou si nos épaules sont découvertes.. Pas de panique, il y a à 10m des loueurs de vêtements long… Oui, c’est vrai. Mais le tarif est à peine moins cher qu’un vêtement neuf, alors si vous avez le temps, traversez l’avenue, il y a des magasins de l’autre côté qui vous proposent le même type de vêtements… que vous pourrez garder.

A noter que cette restriction ne s’applique pas aux enfants, eux peuvent aller jambes nues.

Autre contrainte, vous devrez respecter les traditions locales. Déchaussez-vous avant d’entrer dans l’ubosoth. Ne pointez jamais du pied quelqu’un, encore moins Bouddha. Faites silence dans un temple. Pas de réflexions déplacées, le français est parfois parlé sur place. Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas un édifice, un texte, une image, qu’on doit la dénigrer.

Enfin, ne prenez pas de photo où c’est interdit. Par exemple, il est interdit de photographier l’intérieur de l’ubosoth.


Le fameux Bouddha d’émeraude bien sûr ! Il est dans l’ubosoth, c’est le nom du bâtiment dans lequel il est conservé. C’est un grand bâtiment de 50m de long, contenant une seule pièce, rectangulaire. Impossible de le rater, c’est ce magnifique édifice aux toits foncés, à la base garnie de monstres mi-homme mi-oiseau tout dorés. Il est sur une estrade de pierre.

Rien que le bâtiment vaut le coup d’œil. Magnifiquement proportionné, il est entouré de colonnes travaillées et d’une balustrade de pierre qui n’alourdit pas l’ensemble. Son entrée est simple, mais ses portes sont travaillées au nacre. A l’intérieur les peintures racontent l’histoire de Bouddha, du moins de certains de ces moments. Elles donnent aussi des informations sur le panthéon bouddhique, si on est capable de les interpréter.

A l’intérieur le Bouddha d’émeraude – qui est en fait en jade – est juché sur un piédestal monumental doré à trois étages, richement décoré d’une succession de petites statues, la plupart représentant aussi Bouddha. Ça forme un ensemble plutôt baroque, mais en levant les yeux, on trouve le fameux Bouddha, généralement habillé de vêtements d’or. Il a trois tenues qui varient en fonction des saisons : La tenue d’été, celle d’hiver et celle du printemps, qui a été ajouté ultérieurement à la création de cette tradition. Le problème c’est qu’il est tellement haut que vous ne le verrez pas très bien, il faut prendre un peu de recul pour le voir correctement. On pourrait le regarder à travers le zoom d’un appareil photo, mais il est interdit de prendre des photos dans l’ubosoth.

Mis à part l’ubosoth pour pourrez faire le tour du bâtiment pour voir les 12 petites structures qui l’entourent. On peut y entrer se mettre à l’abri du Soleil ou de la pluie. A l’arrière de l’ubosoth il y a trois petits bâtiments, dont un abritant une statue d’un ermite. Elle est censée avoir des pouvoirs de guérison, d’où les nombreuses offrandes qui lui sont faites.

Au centre du temple vous trouverez une grande estrade qui contient 5 bâtiments distincts. Tous les 5 absolument magnifiques, ils ne permettant pas, hélas, de s’y promener à l’intérieur. Mais l’extérieur est tellement beau que l’on n’en est pas frustré. Il y a la bibliothèque (le petit bâtiment carré, au centre), un chedi doré (à l’Ouest), le panthéon royal (à l’Est), la maquette d’Angkor Vat (au Nord) et le Vihân Yod, également au Nord. De plus la terrasse accueille, à l’extrémité Est, deux jolis stupas.

Sinon l’élément architectural à ne pas rater est la fameuse grande galerie, qui est une galerie ouverte sur le côté intérieur permettant d’y entrer et sortir à tout moment. Mis à part la beauté du bâtiment proprement dit, elle accueille sur le mur du fond une fresque de plusieurs dizaines de mètres de long sur 2 de haut reprenant le Râmakyan. C’est l’histoire nationale, le récit de la construction de la Nation thaïlandaise telle qu’elle est transmise par la tradition populaire. On y parle de Hanuman par exemple. Ces dessins, refaits régulièrement, sont d’une beauté époustouflante.

Enfin en se promenant un peu partout dans le temple vous ne pourrez pas passer à côté des magnifiques statues qui gardent les entrées. Hautes de 5m, elles représentent des monstres qui ont été calqués sur le physique des occidentaux, considérés comme des ennemis. Ce sont donc des caricatures.

La statue. Le bloc de jadéite mesure 75 cm de haut sur 45 cm de large, la statue elle-même ne mesure que 60 cm de haut, 15 cm du socle non taillés étant cachés dans le piédestal. D’après son style, le Bouddha d’émeraude appartient à l’école du Nord, ou Chiang Saen. Il fut probablement taillé au xve siècle. On suppose que la jadéite provient de Birmanie.

La statue est présentée sur un piédestal en or, sur un autel de 11 m de haut, dans une cage de verre (la photographier est interdit) et sous un parasol doré à neuf étages symbolisant la royauté universelle

Le Bouddha est au centre de la dévotion royale et populaire. Il possède 3 costumes de pierres précieuses qui sont changés solennellement par le roi lui-même, suivant les saisons au cours de grande cérémonies.

Tout autour du Bouddha, au pied de l’autel, s’amoncellent les cadeaux royaux et ceux offerts par le peuple.

Vous ne le savez peut-être pas mais 3 fois par an, sa tenue lui est changée par le Roi de Thaïlande en personne. Le complexe du Grand Palais ferme plus tôt pour l’occasion et le hall abritant la statue est fermé au public pendant toute la journée.

Elle passe d’une tenue à l’autre lors de la première lune décroissante des 4èmes, 8èmes et 12èmes mois lunaires (vers mars, août et novembre).

Au cours de la cérémonie, le Roi monte d’abord sur le piédestal, nettoie la statue en essuyant la poussière puis change la coiffe. Le Roi la vénère pendant qu’un préposé accomplit le rituel élaboré consistant à changer les vêtements. Enfin, le Roi pulvérise de l’eau bénite sur ses sujets qui attendent devant la salle d’ordination, privilège réservé auparavant aux princes et aux fonctionnaires qui assistaient à la cérémonie.

Deux des costumes furent créés sous Rama Ier, celui d’été et celui de la saison des pluies. Un troisième habit, celui de l’hiver, fut ajouté sous Rama II .

  • Saison chaude ou Été – Une coiffe haute et pointue en or; un pectoral d’or; une ceinture d’or; un ensemble de bracelets, brassards et autres éléments de la tenue royale; tous les articles sont en or émaillé et incrustés de pierres précieuses et semi-précieuses.
  • Saison des Pluies – Une coiffe haute et pointue en or incrustée de saphirs; une robe de mone en relief d’or drapée sur une épaule.
  • Saison Froide ou Hiver – Une coiffe haute et pointue en or incrustée de diamants; un châle de maille d’or orné de pierres précieuses drapé au-dessus du costume de la saison des pluies.

Quand ils ne sont pas utilisés, les différents habits d’or sont exposés dans le pavillon voisin des Régalia, décorations royales et pièces de monnaie thaïlandaises situés sur au sein du Grand Palais, où ils restent visibles au public.

Les horaires d’ouverture sont classiques. Le temple du Bouddha d’émeraude a les mêmes horaires que le palais dans lequel il est inclus : 8h30 à 15h30. Attention, le temple est fermé les jours de cérémonie, mais ces jours ne sont pas toujours les mêmes, chaque année, il faut donc se renseigner pour les connaître. Heureusement, il n’y en a pas tant que ça.

Comme vous le remarquez, le temple ferme tôt. C’est une habitude en Thaïlande, où la nuit tombe à heure relativement fixe tout au long de l’année, et relativement tôt aussi.

Le temple du Bouddha d’émeraude a deux tarifs :

  • 500 baths pour les étrangers
  • Gratuit pour les Thaïlandais

Un peu d’histoire

Elle a fait son apparition en 1434 à Chiang Rai, dans l’extrême Nord du pays. D’après certains écrits, elle aurait été découverte dans un chedi éventré par la foudre à Wat Pa Yia (Monastère de la forêt de bambous, renommé ultérieurement Wat Phra Kaew) et se présentait comme une statue en stuc doré. Cette statue aurait alors été placée dans la résidence de l’abbé du temple. Plus tard, ce dernier remarqua que le stuc se fendillait au niveau du nez, révélant une pierre verte translucide. L’abbé fit alors retirer tout le stuc, découvrant l’image d’un bouddha fait de pierre semi-précieuse. Le peuple s’émerveilla et la statue fut nommée Phra Keo Morakot ou Bouddha d’émeraude. “Émeraude” signifie ici simplement “de couleur verte” en Thaï.

Le roi de Chiang Mai après avoir entendu parler de la statue, désira la récupérer et envoya un convoi d’éléphant pour la ramener. Mais au retour, l’éléphant qui portait le Bouddha se trompa de chemin et la statue arriva à Lampang. Cela fut pris comme un signe divin et le roi, ne voulant pas contrarier les ordres divins, laissa la statue dans la ville au sein d’un temple spécialement construit pour elle, aujourd’hui connu sous le nom de Wat Phra Kaeo Don Tao. Elle y resta 32 ans, jusqu’en 1468 lorsque le nouveau roi de Chiang Mai, Tilokaraj, récupéra la statue. Elle fut alors conservée dans une niche au sein d’une large stupa appelée Chedi Luang.

En 1551, le royaume de Chiang Mai passa sous la domination du roi du Lan Xang (actuel Laos) et le Bouddha partit pour Luang Prabang, où il resta jusqu’en 1564, date à laquelle la capitale du Laos fut transférée à Vientiane. En effet, quelques années plus tôt, le prince héritier de Lan Xang, Setthathirath, avait été invité à occuper le trône de Lanna alors vide, sa mère ayant été la fille du roi de Chiang Mai qui était mort sans laisser d’héritier mâle. Cependant, le prince Setthathirath devint aussi roi de Lan Xang quand son père, le roi Photisarath, mourut. Il retourna alors chez lui, emportant la figure révérée du Bouddha d’émeraude avec lui.

C’est donc en 1564 que le roi Setthathirath transféra la statue à Vientiane, dont il avait fait sa nouvelle capitale du fait de nombreuses attaques birmanes. La statue du Bouddha d’émeraude fut alors installée au sein du temple de Vat Phra Kèo. Cette figure du Bouddha allait rester à Vientiane pour les 214 prochaines années.

En 1778, le général thai Chao Phraya Chakrilança une insurrection, s’emparant de la ville de Vientiane et rapportant la statue à Thonburi, la nouvelle capitale du Siam. Elle fut placée dans le temple de Wat Arun. Chao Phraya Chakri pris alors les rennes du pouvoir et fonda la dynastie Chakri du royaume de Rattanakosin. Il adopta le titre de Rama Ier et fit déplacer sa capitale de l’autre côté du fleuve, le Menam Chao Phra, jusqu’à son emplacement actuel à Bangkok. Il fit alors construire le Grand Palais, y compris le Wat Phra Kaew au sein de son enclos. Le temple de Wat Phra Kaew fut consacré in 1784 et le Bouddha d’émeraude transporté en grande pompe au cours d’une cérémonie à sa nouvelle place, au cœur de l’Ubosoth du complexe du temple Wat Phra Kaew le 22 mars 1784.

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