
Qui s’en souvient ?
Narbonne, comme d’autres villes, a connu des personnalités de rue qui ont marqué la mémoire des habitants. Ces figures attachantes ou intrigantes, souvent désignées comme des « clochards célèbres », font partie du folklore urbain et enrichissent l’histoire de la ville.
À Narbonne, quelques personnes se sont fait connaître pour leur présence dans les rues, leurs histoires, ou leurs excentricités.
Qui se souviendra des Figures Narbonnaise, comme « Cacahouète, Jeannot, Cigaros, José des Halles, Madonna, Cathy…. des figures qui n’ont pas eu leur célébrités.
Anna Cacahuètes.
Anna Cacahuètes, de son vrai nom André Paquier, est une figure emblématique et attachante de Narbonne, particulièrement connue dans les années 1970-1980. Reconnaissable à sa célèbre mobylette bleue, qu’il appelait sa « mobylette de chez Camus », il parcourait les rues de Narbonne ainsi que les bals et discothèques de Gruissan et Narbonne-Plage.

André était souvent vu avec son costume impeccable, un petit panier en osier sur le bras et un sac de cacahuètes grillées à la main. Il était inoubliable, chantonnant son refrain « Cacahuuuueeetes, Cacahuuuueeetes » en attirant l’attention des passants. Peu importait la météo : qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse beau, il était toujours là, prêt à partager ses cacahuètes avec les habitants et les touristes.
Son enthousiasme et sa bonne humeur contagieuse faisaient de lui un personnage populaire, et il était souvent au cœur des rassemblements festifs. Les enfants l’adoraient, et les adultes se souviennent de ses interactions amicales, rendant chaque rencontre joyeuse et mémorable.

Avec l’amicale des Sapeurs Pompiers de Narbonne en 1984
Anna Cacahuètes n’était pas seulement un vendeur de cacahuètes ; il était un symbole de la convivialité et de l’esprit festif de Narbonne, représentant l’authenticité et la chaleur humaine de la vie locale. Sa mémoire perdure dans le cœur des Narbonnais qui se rappellent avec tendresse de cet homme coloré qui apportait un peu de magie et de sourire dans leur quotidien.
Le Poète (années 1980-1990)
Dans les années 1980 et 1990, il y avait à Narbonne une silhouette discrète mais fascinante, une présence presque irréelle qui semblait appartenir à un autre temps. Il arpentait les bords du canal de la Robine, toujours du même pas lent et mesuré, et on le retrouvait souvent du côté de la rue Francis Marcero, derrière le commissariat. Il disait s’y sentir en sécurité, comme s’il redoutait que quelqu’un lui vole ce qu’il avait de plus précieux : ses poèmes.
Son nom ? Pierre. Mais pour nous, il était « Le Poète ».
Il était grand et sec, vêtu d’une veste grise à l’anglaise qui lui donnait des airs d’écrivain d’un autre siècle. Son allure me faisait penser à un professeur errant, un intellectuel égaré dans une ville qui ne le comprenait pas tout à fait. Il portait un petit cartable, toujours serré contre lui, comme s’il transportait un trésor. Et peut-être que c’était le cas.
Il passait ses journées assis sur un banc, le regard perdu dans le vide, absorbé par un monde que lui seul semblait voir. Entre ses doigts, un carnet, qu’il remplissait de pensées, de vers mélancoliques, d’observations furtives sur la vie qui passait autour de lui. Il écrivait avec l’intensité de ceux qui savent que chaque mot compte.
Parfois, il levait la tête, regardait les passants avec une lueur d’interrogation dans les yeux. Certains s’arrêtaient, lui parlaient. Il répondait peu, préférant souvent leur tendre une feuille, un fragment de son âme griffonné à la hâte. J’ai entendu dire qu’il laissait parfois ses écrits sur les bancs, comme si ses poèmes n’étaient pas faits pour lui, mais pour ceux qui auraient la patience et la sensibilité de les recueillir.
Je me souviens encore de lui comme d’un personnage marquant du paysage urbain, une énigme vivante qui semblait flotter en marge du monde. Dans une Narbonne en pleine évolution, il était comme un dernier vestige d’un temps où l’on prenait encore le temps de rêver.
Aujourd’hui, il a disparu, mais parfois, en longeant le canal, j’ai l’impression que le vent murmure encore quelques-uns de ses vers oubliés.
Jeannot le fou
Jeannot est une figure bien-aimée de Narbonne, particulièrement dans les années 1980-1990. Passionné de rugby, il arpentait inlassablement les rues de la ville, traversant les bars plusieurs fois par jour pour commenter avec enthousiasme les matchs du week-end. Sa présence était presque omniprésente, et il se faisait un plaisir d’échanger avec les autres supporters sur les performances de l’équipe locale.
Jeannot était un habitué du bar « Le Brennus », anciennement connu sous le nom de « Cadran Bleu ». Ce lieu avait été rénové et renommé après la formidable finale de 1979 entre Narbonne et Bagnères, où Narbonne avait triomphé avec un score de 10-0. Tenue par Lucien Pariès, cette brasserie était un lieu de rencontre pour les amateurs de rugby, et Jeannot y était souvent au centre de l’attention, partageant anecdotes et analyses sur le jeu.
Toujours vêtu de son écharpe orange et noire, Jeannot était un fervent défenseur des couleurs de son équipe, que ce soit dans les moments de gloire ou de défaite. Sa passion contagieuse et son franc-parler en faisaient un personnage mémorable, et il était respecté par les autres supporters, même ceux qui n’étaient pas toujours d’accord avec ses opinions.
Jeannot « le Fou » était bien plus qu’un simple passionné de rugby ; il incarnait l’esprit communautaire de Narbonne, rassemblant les gens autour de leur amour commun pour le sport et créant une ambiance de camaraderie. Sa mémoire vit encore parmi les Narbonnais, qui se souviennent avec affection de ses récits colorés et de son engagement envers son équipe.
Madonna

Surnommée Marie-Ange par les intimes, est une figure emblématique et colorée de Narbonne, connue pour sa personnalité à la fois impressionnante et attachante. Plutôt que d’être perçue comme méchante, elle était souvent décrite comme une personne avec un caractère fort et une grande présence.
Une de ses phrases préférées, souvent répétée avec un sourire, était : « Tu n’as pas une cigarette ? Ou un ou deux euros pour le café ? » Cette question était une façon pour elle d’engager la conversation et de créer du lien avec ceux qui l’entouraient. Madonna était bien plus qu’une simple mendiante ; elle était un personnage que beaucoup reconnaissaient et appréciaient.
On pouvait la croiser régulièrement au Petit Moka, un café populaire de la ville, où elle s’installait pour discuter et partager des moments avec les habitués. Sa présence au café était souvent source de rires et de discussions animées. Elle savait capter l’attention des passants et avait un don pour raconter des histoires, captivant son auditoire par son charisme naturel.
Madonna représentait l’âme de Narbonne, une ville où les histoires de vie se mêlent et où chacun, même les plus marginalisés, joue un rôle dans le tissu social. Sa mémoire perdure chez ceux qui l’ont côtoyée, témoignant de la richesse des rencontres humaines et de l’importance des personnages qui font vibrer la vie urbaine.
« bip bip »

José des Halles

José des Halles est une autre figure emblématique de Narbonne, connue pour sa présence charismatique au marché des Halles dans les années 2000-2020. José était un homme au grand cœur, connu pour sa voix chaleureuse et son sens de l’humour. Chaque matin, il se tenait à l’entrée des Halles, accueillant les clients avec des plaisanteries et des anecdotes
José avait un don pour mettre les gens à l’aise et faisait de chaque visite une expérience agréable, transformant le simple acte d’acheter des provisions en un moment convivial.

Avec le temps, José des Halles est devenu une figure légendaire du marché, un symbole de la convivialité et de la richesse du patrimoine culinaire de la ville. Son esprit continue de vivre dans les souvenirs des Narbonnais qui l’ont côtoyé, rappelant l’importance des liens humains dans la vie quotidienne.
Le clown (Gabriel Constantine)

Gabriel Constantine, plus connu sous le nom de « Le Clown », a laissé une empreinte indélébile dans le cœur des Narbonnais. Pendant environ 14 ans, il s’est installé au feu tricolore de l’avenue d’Espagne, où il mendiait déguisé en clown. Avec son visage peint, son nez rouge et ses vêtements colorés, il apportait une touche de fantaisie et de gaieté à cette intersection animée.
Sa présence quotidienne en tant que « clown des feux rouges » faisait partie intégrante de la routine des automobilistes et des piétons. Pour beaucoup, Gabriel n’était pas simplement un personnage excentrique ; il représentait un symbole de joie et d’insouciance au milieu des tracas quotidiens. Son sourire et ses gestes amusants égayaient les journées de ceux qui l’apercevaient, transformant un moment banal en une expérience mémorable.

Gabriel était aussi un véritable artiste de rue, interagissant avec le public, divertissant les enfants et suscitant des sourires chez les adultes. Sa manière d’ajouter de la couleur et de la légèreté à la vie urbaine a fait de lui un personnage emblématique de Narbonne, contribuant à l’identité singulière de la ville.
Sa disparition a laissé un vide, et sa mémoire continue de vivre chez les Narbonnais qui se rappellent avec affection de cet homme au grand cœur qui savait apporter un peu de magie dans le quotidien. Le Clown, à travers sa simplicité et son humour, a incarné l’esprit communautaire et la chaleur humaine de Narbonne.
Jeunes, nous les taquinions, adolescents, nous les tournions en dérision, adultes, nous les regardions avec compassion et parfois, nous leur tendions la main. Aujourd’hui, disparus, ils nous manquent… Ces « fous », comme on les appelait, faisaient partie du paysage, de l’âme même de Narbonne. Leurs silhouettes, leurs habitudes et leurs histoires continuent de vivre dans nos mémoires, comme des échos d’un temps révolu.
On en trouvera d’autre je sais… mais chaque « fou » est unique a chaque « fous » apporte sa part de vie à notre ville>>

