
Balade dans la Nouvelle-Athènes
Balade dans la Nouvelle-Athènes
Récit de promenade
On commence notre balade juste à côté du métro Notre-Dame-de-Lorette, une station tranquille du 9e. Devant nous se dresse la magnifique église (Notre-Dame-de-Lorette), œuvre de l’architecte Hippolyte Lebas.

C’est un vrai chef-d’œuvre du néoclassicisme parisien, surtout son chœur qui m’a bluffé. On fait le tour, puis on s’engage dans la rue Saint-Georges, le quartier commence à dévoiler ses charmes.
En parlant de Lorette, ce nom désignait autrefois les jeunes femmes aux mœurs légères qui fréquentaient ce quartier ? Ça donne tout de suite une autre saveur à la balade !
On tourne à gauche rue Saint-Lazare, puis à droite rue Taitbout, où se trouve une petite surprise : au numéro 80, le Square d’Orléans, une cité privée cachée. Ne te laisse pas arrêter par le concierge, il suffit de pousser la porte, et s’émerveillé par la cour intérieure, un écrin historique classé monument depuis 1977. C’est ici que des artistes comme George Sand et Chopin ont vécu. On imagine facilement leurs pas dans cette cour calme et secrète.


On continue rue Taitbout jusqu’à la rue d’Aumale, qui est d’une tranquillité rare. Cette rue est typique de la Nouvelle-Athènes avec ses façades en pierre de taille toutes semblables, c’est presque hypnotisant.



On tourne à droite, rue Catherine de la Rochefoucauld et on rejoint la rue Saint-Georges pour arriver à la place Saint-Georges.
Là, on s’arrête devant deux bâtiments remarquables. Au 28, l’hôtel de la Païva, la fastueuse demeure d’une célèbre courtisane devenue marquise — un vrai palais chargé d’histoires. En face, la bibliothèque Dosne-Thiers, La fondation Dosne-Thiers est un musée-bibliothèque situé place Saint-Georges, dans le 9e arrondissement de Paris. Elle porte le nom d’Adolphe Thiers, président de la République française de 1871 à 1873, et de son épouse Élise Dosne, qui ont habité les lieux.
Au centre de la place, la statue de Paul Gavarni nous observe, un clin d’œil aux caricatures de ce XIXe siècle si vivant.
On reprend notre marche, remontant la rue Notre-Dame-de-Lorette, puis tournant à droite rue Henry Monnier, puis encore à droite rue Clauzel, ou on découvre au numéro 14 l’ancienne boutique du Père Tanguy, marchand de couleurs qui a soutenu les impressionnistes en échange de toiles. Sa boutique fut un lieu essentiel du développement de l’impressionnisme ; le père Tanguy comptant parmi les premiers collectionneurs et marchands de tableaux des peintres impressionnistes (Van Gogh, Monet, Pissarro, Cézanne, Gauguin, Renoir, …) et des ukiyo-e (estampes japonaises) qui influencèrent fortement ces derniers.

Au bout de la rue, on arrive rue des Martyrs, le vrai cœur du quartier, où règne une ambiance de village, malgré les années, elle a su conserver son charme d’antan en accueillant des commerces traditionnels, de nombreux cafés typiquement parisiens, des bars animés, des cabarets et des salles de concert historiques, comme le Divan du Monde. Commerçante le jour, elle devient le soir et la nuit un haut lieu de la vie nocturne et de la fête parisienne.



Le charme extravagant et coloré du 18e arrondissement concentré en une seule rue…
Pour la petite histoire, la rue des Martyrs tient son nom de Saint-Denis, le plus ancien évêque de Paris, qui une fois décapité sous l’Empire Romain, ramassa sa tête pour traverser cette fameuse rue et mourir quelques kilomètres au nord où fut fondée la basilique Saint-Denis.
On grimpe un peu et on bifurque rue de Navarin, où se trouve un bâtiment insolite au n°9, avec son style néo-gothique très marqué. L’étonnante façade néo-gothique de cet immeuble ne laisse absolument pas deviner l’activité inavouable qui s’y cachait…
Nous sommes au cœur de l’ancien quartier Bréda : à partir des années 1820, les « brédas », ces jeunes provinciales pauvres montées à Paris, y faisaient commerce de leur corps.
La rue Bréda — aujourd’hui rue de Navarin — s’était imposée comme l’un des hauts lieux de la prostitution parisienne, au point que son nom devint synonyme de maison close.
Cet immeuble abritait en réalité une maison close très réputée : « Madame Christine », spécialisée dans le sadomasochisme. Derrière sa façade ostentatoire se cachaient des chambres aménagées pour satisfaire les fantasmes les plus sombres : colliers de fer, menottes, chaînes, gibet, chevalets… autant d’accessoires qui faisaient de ce lieu un théâtre de domination et de douleur, au service d’une clientèle en quête de frissons.

Aujourd’hui, les passants empruntent la rue de Navarin sans imaginer l’univers sulfureux qui anima jadis ses murs. La façade, toujours là, reste comme un masque de pierre posé sur une histoire trouble.
On revient sur nos pas, toujours rue des Martyrs, puis on s’engage dans la rue Victor Massé, la rue des musiciens et des guitares. Après avoir flâné devant les vitrines pleines d’instruments, nous atteignons la rue de Douai.Là, petite parenthèse culturelle : nous faisons un détour par le Musée de la Vie romantique. Niché dans un charmant hôtel particulier du XIXᵉ siècle, ce musée gratuit pour ses collections permanentes nous plonge dans l’univers de George Sand, Ary Scheffer et des grandes figures du romantisme. Entre portraits, objets intimes et ambiance feutrée, on a presque l’impression de rendre visite à des amis du siècle passé. Après cette immersion poétique, nous reprenons notre promenade en direction de la rue Blanche.
Notre balade s’achève place Blanche, face au mythique Moulin Rouge. Ce cabaret fondé en 1889 est un symbole de Montmartre et de la fête parisienne. En le regardant, on sent tout ce qu’il a vu défiler, des artistes aux noctambules, au fil des décennies.


