Urbex Allemagne

De Mirapolis à Spreepark

Les parcs d’attractions sont des bulles d’émerveillement, des lieux où l’on oublie le monde extérieur le temps d’un tour de manège. Mais certains sombrent dans l’oubli, abandonnés aux caprices du temps et de la nature.

Mirapolis, en France, et Spreepark, à Berlin, ont connu ce destin tragique. Fermés prématurément, ils ont laissé derrière eux des carcasses de manèges et des souvenirs évanouis.

Ce destin croisé, je l’ai découvert d’une manière inattendue, en 2012, lors d’un voyage à Berlin.

Mirapolis : le rêve éphémère d’un parc à la française

En 1987, Mirapolis ouvrait ses portes à Courdimanche, en banlieue parisienne. Conçu comme un parc à thème inspiré des légendes françaises, il se distinguait par son imposante statue de Gargantua, haute de 35 mètres, qui semblait veiller sur le domaine. Pourtant, l’enthousiasme initial laissa vite place aux difficultés financières. La concurrence d’Euro Disney, une gestion hasardeuse et un manque d’attractivité mirent rapidement Mirapolis en péril.

En 1991, après seulement quatre saisons, le parc ferma définitivement ses portes. L’immense Gargantua fut détruit en 1995, et la plupart des attractions furent revendues. Parmi elles, certaines prirent la route de Berlin, vers un autre parc dont l’histoire allait bientôt suivre un destin similaire : Spreepark.


2012 : la découverte d’un parc fantôme

C’est un couple berlinois, Wolfgang et Elke, qui m’ont fait découvrir ce lieu étrange. Nous nous étions rencontrés en France, et une conversation sur les parcs d’attractions oubliés les avait poussés à m’inviter à Berlin.

— « Si tu viens, on t’emmènera à Spreepark, » m’avait lancé Wolfgang avec un sourire énigmatique.

Quelques semaines plus tard, nous y étions. À l’entrée du parc, fermé depuis 2002, un grillage tordu laissait deviner l’intérieur.

Elke connaissait un accès discret. Après quelques minutes d’hésitation, nous avons franchi une brèche dans le grillage et pénétré dans ce royaume abandonné.

Derrière lui, une grande roue immobile, un train rouillé, un dinosaure décapité.

L’endroit semblait figé dans une époque révolue, un décor post-apocalyptique où la nature reprenait ses droits.

Au détour d’une allée envahie par la végétation, Wolfgang désigna une structure métallique effondrée.

— « Certaines attractions ici viennent de Mirapolis. Elles ont été transférées après la fermeture du parc. »

J’étais stupéfait. Mirapolis n’avait donc pas entièrement disparu, il avait survécu… ici, sous une autre forme, au cœur de ce parc berlinois en ruines. Mais au lieu d’une renaissance, ces manèges avaient connu un second abandon, une seconde mort.

Nous avons erré dans les allées, passant devant des wagons déraillés, un carrousel en lambeaux, et même ce qui restait d’une maison hantée. Tout semblait figé dans le temps, comme si les rires des visiteurs s’étaient évaporés du jour au lendemain.

Alors que nous quittions les lieux, la pluie commença à tomber doucement. Je me suis retourné une dernière fois vers la grande roue, son squelette de métal se détachant sur le ciel gris.

— « Un jour, ils voudront peut-être le rénover, mais ce ne sera jamais plus pareil, » murmura Elke.

Je suis reparti avec le sentiment d’avoir touché du doigt les vestiges d’un rêve oublié. Mirapolis et Spreepark avaient eu une seconde vie éphémère, avant de sombrer définitivement dans l’oubli.


Mais tant que ces souvenirs persistent, ces parcs ne seront jamais vraiment morts.