La graine du diable qui prolonge la fête

Koh Phi Phi, l’île thaïlandaise connue pour ses plages de rêve et son ambiance électrisante, ne dort jamais. Ici, la fête ne s’arrête pas à l’aube. Elle continue jour après jour, rythmée par l’alcool, le cannabis et les champignons, omniprésents dans les bars et sur les plages. Mais il existe un autre secret, plus sombre, vendu sur certains étals : une petite graine qui vous permet de repousser vos limites… à vos risques et périls.

La graine miracle ou le poison déguisé ?

Son nom scientifique est Strychnos nux-vomica, mais sur l’île, on l’appelle simplement « la graine qui fait vomir ». Son usage est simple : après une nuit de débauche, un réveil difficile, quelques graines à mâcher, et l’organisme rejette violemment l’excès d’alcool. Une fois soulagé, on peut repartir pour une nouvelle journée (ou nuit) de fête. Mais derrière cet usage festif se cache un danger bien réel. Cette graine contient de la strychnine, un alcaloïde extrêmement toxique autrefois utilisé comme poison pour les rats. À faible dose, elle stimule le système nerveux, donnant un effet dopant recherché par certains sportifs dans le passé.

Mais une surdose peut provoquer des convulsions, des paralysies et même la mort.

Un remède traditionnel détourné

Le vomiquier, l’arbre dont provient cette graine, est utilisé en médecine ayurvédique pour ses vertus digestives et apéritives. Il était autrefois prescrit en Europe pour traiter des problèmes respiratoires et nerveux. Mais ici, à Koh Phi Phi, il est détourné pour tenir le rythme infernal des fêtards.

Les populations locales connaissent bien ses effets et l’utilisent dans la chasse en empoisonnant les flèches. En phytothérapie, il sert encore à traiter la gueule de bois ou certaines maladies digestives. Mais dans l’industrie moderne, il est surtout exploité pour extraire la strychnine et la brucine, des composés utilisés en pharmacologie… et autrefois dans certains produits dopants.

Un jeu dangereux

La consommation de ces graines peut rapidement virer au cauchemar. Si elles permettent de vomir et de « repartir », leur toxicité ne doit pas être sous-estimée. Une mauvaise dose, et c’est la convulsion assurée. À forte dose, la mort survient par asphyxie, les muscles se raidissant jusqu’à paralyser la respiration.

Sur une île où tout semble permis, où l’adrénaline et l’excès sont rois, cette petite graine s’invite comme un allié trompeur. À Koh Phi Phi, la fête ne s’arrête jamais. Mais certains devraient se demander à quel prix ils veulent la prolonger.