
Les fortifications de Bangkok
Les forts de Bangkok : vestiges de la défense d’une capitale
Lorsqu’en 1782, Bangkok devint la nouvelle capitale du Royaume de Siam sous le règne du roi Rama I, la question de la défense fut primordiale. La destruction d’Ayutthaya par les Birmans en 1767 restait un traumatisme vivace, et la ville devait être protégée contre toute menace extérieure.
Pour sécuriser la capitale, un système de défense sophistiqué fut mis en place, reposant sur quatre éléments majeurs :
- Le fleuve Chao Phraya, un obstacle naturel à l’ouest.
- Un réseau de canaux, formant une ceinture défensive à l’est.
- Un rempart solide ceinturant la ville.
- Une série de forts et de tours d’observation, disposés stratégiquement.
Un réseau de canaux pour protéger Bangkok
Avant même que Bangkok ne devienne capitale, un premier canal défensif existait déjà : le canal Lod, creusé sous le règne du roi Taksin (1767 – 1782) lorsque la capitale était encore à Thonburi. Rebaptisé canal Asadang en 1982 en hommage au prince Asadang, fils du roi Chulalongkorn (Rama V), il formait une barrière naturelle à l’est.
En 1785, pour renforcer cette défense, un second anneau de canal fut creusé par 10 000 prisonniers de guerre khmers. Ce canal, qui s’étendait de Banglamphu au nord au pont Phra Pok Klao au sud, transforma le cœur de la ville en une île fortifiée : l’île de Rattanakosin. Ce canal, appelé à l’époque Rob Krung (« autour de la ville »), est aujourd’hui divisé en canal Banglamphu au nord et canal Ong-Ang au sud.
Sous le règne du roi Rama IV (1851-1868), un troisième anneau de canal, le Padung Krung Kasem, fut creusé. Plus long que les précédents, il s’étendait du quartier de Thewet au nord jusqu’à Bang Rak au sud, en passant par la future gare de Hua Lamphong.
Les forts de Bangkok : une ligne de défense stratégique
En complément des canaux et des remparts, 14 forts furent construits le long de la rivière Chao Phraya et du canal Rob Krung pour défendre la ville. Cependant, au fil du temps, la plupart ont été détruits. Aujourd’hui, il n’en reste que deux, ainsi qu’un fragment de l’ancien mur de la ville et une porte d’entrée historique.
1. Fort Phra Sumen : sentinelle du Chao Phraya
Situé à la confluence de la rivière Chao Phraya et du canal Banglamphu, le fort Phra Sumen est l’un des rares vestiges de l’époque défensive de Bangkok. Construit en 1783, il était l’un des plus imposants de la ville. Son architecture octogonale, en brique et stuc blanc, abritait autrefois des canons protégeant la ville des intrusions fluviales.

Aujourd’hui, le fort est intégré au parc Santichaiprakarn, un espace vert agréable où les visiteurs peuvent se promener en admirant le fleuve et les structures historiques.


2. Fort Mahakarn : dernier rempart oriental
Le fort Mahakarn, situé le long du canal Rob Krung, avait pour mission de défendre l’accès est de la ville. Bien qu’il ait survécu à la modernisation de Bangkok, il fut en grande partie démoli lors de la construction d’avenues et de nouveaux quartiers. Environ 200 mètres de l’ancien mur de la ville subsistent encore aujourd’hui le long de Maha Chai Road, ainsi que l’ancienne porte d’entrée

Les forts de Khlong San : une défense sur la rive ouest
Sous le règne du roi Rama IV, de nouveaux forts furent construits sur la rive ouest du Chao Phraya, dans le quartier de Khlong San. Huit furent érigés pour protéger Bangkok, mais la plupart furent démantelés au fil du temps. Un seul a survécu partiellement le Fort Pong Patchamit , son état actuel est très dégradé.


Un autre Fort, le plus ancien , situé sur la rive ouest du fleuve Chao Phraya, dans le quartier de Thonburi, le Fort Wichai Prasit.

Construit à l’origine au XVIIᵉ siècle sous le règne du roi Narai, il faisait partie des défenses de la ville de Thonburi, qui était alors la capitale du royaume de Siam.

Aujourd’hui, le fort est intégré au complexe du quartier général de la Marine royale thaïlandaise. Il est reconnaissable à ses murs blancs et à son architecture traditionnelle, reflétant l’influence occidentale de l’époque de sa construction. Le fort est également utilisé pour des cérémonies militaires, notamment des salves d’honneur lors d’événements officiels.

Pour visiter le Fort Wichai Prasit, il est recommandé de vérifier les horaires d’ouverture et les conditions d’accès, car il se trouve au sein d’une installation militaire active.
Voici les dates de construction des quatre forts mentionnés précédemment :
- Fort Phra Sumen – 1783, sous le règne du roi Rama I.
- Fort Mahakarn – 1783, également construit sous le roi Rama I.
- Fort Pong Patchamit – XIXᵉ siècle, sous le règne du roi Rama IV (1851-1868).
- Fort Wichai Prasit – XVIIᵉ siècle, sous le règne du roi Narai (1656-1688).
Ces forts faisaient partie du système de défense de Bangkok et de Thonburi contre les invasions.
Un héritage militaire qui a sauvé Bangkok
En 1785, trois ans après la fondation de Bangkok, la Thaïlande dut faire face à une invasion birmane massive. Grâce aux fortifications, aux canaux et aux remparts, la capitale put résister et repousser l’attaque. Cette infrastructure défensive permit à la ville de se développer en toute sécurité, assurant sa pérennité et son expansion au fil des siècles.
Aujourd’hui, bien que la plupart des forts de Bangkok aient disparu, leurs vestiges rappellent l’histoire militaire fascinante de la ville. Entre les parcs paisibles et les berges du Chao Phraya, ces monuments témoignent d’un passé stratégique, où la survie d’une capitale dépendait de la force de ses défenses.

