Haut Languedoc

Ligne de chemin de fer de Lacaune

Origines et projet
La ligne fut pensée pour relier la plaine de Castres aux plateaux et villages des Hautes-Terres du Tarn afin de désenclaver ces territoires, favoriser l’industrialisation locale (scieries, mines, thermalisme à Lacaune) et desservir les foires et marchés. Le tracé suit les vallées de l’Agout et du Gijou et exigea des travaux d’ingénierie importants (viaducs, tunnels, fortes rampes).

Construction (1902–1911)
Le chantier, lancé au début du XXᵉ siècle, dura une dizaine d’années : percement d’une vingtaine de tunnels et édification d’une douzaine de ponts et viaducs pour franchir les vallées encaissées. La pente et le profil du parcours imposèrent un tracé sinueux, des rampes soutenues (jusqu’à 40 ‰) et de nombreux ouvrages d’art dignes d’un grand réseau malgré le caractère secondaire de la ligne.


Exploitation et matériels
La ligne, métrique (écartement 1 000 mm), fut exploitée par la Compagnie des Chemins de fer départementaux du Tarn (CFDT) puis par d’autres structures locales. Mise en service par tronçons entre 1905 et 1911, elle transporta voyageurs et marchandises — avec des trains spéciaux pour les jours de foire — et vit l’introduction d’autorails dans les années 1920, qui augmentèrent un peu les vitesses commerciales.


Rôle local et pendant la guerre
Au-delà de son rôle économique, la ligne eut une importance stratégique locale : son itinéraire en montagne en fit un milieu utilisé par la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale (les « trois viaducs » autour de Vabre sont souvent cités dans les mémoires locales). Les ouvrages et gares furent également des points de ravitaillement et de circulation d’hommes et de matériels.


Déclin et fermeture (après-guerre → 1962)
Après la guerre, la concurrence routière et le coût d’entretien d’un tracé exigeant entraînèrent une baisse durable du trafic. L’exploitation déclina progressivement et la ligne fut finalement fermée au trafic en 1962. Depuis, une grande partie de l’emprise reste visible : gares, viaducs, tunnels, et certains tronçons servent aujourd’hui de sentiers, de voies vertes ou sont l’objet d’associations patrimoniales qui entretiennent la mémoire du « petit-train ».

Ce qu’il reste aujourd’hui
On peut encore repérer des viaducs spectaculaires (les « trois viaducs » près de Vabre), des gares restaurées ou en ruine (Lacaune, Moulin-Mage, etc.), des tracés convertis en promenades/cyclables et des associations locales (ex. Camin Castres Montagne) qui documentent l’histoire et organisent des actions de valorisation. Les archives photographiques et cartes postales anciennes abondent et permettent de suivre l’ancien itinéraire kilomètre par kilomètre.