L’île du Porco, sentinelle oubliée de l’archipel de La Maddalena
Dans la mer Tyrrhénienne, à quelques encablures de la Sardaigne, se cache un îlot discret : l’Isola del Porco. Située face à la Punta Rossa de Caprera, elle n’est accessible que par la mer. Ce petit morceau de granit, à peine à cinq cents mètres de la côte, fait partie intégrante du Parco Nazionale dell’Arcipelago di La Maddalena, un joyau marin où chaque rocher semble avoir été posé là par la main du vent.
Isolée, sauvage, sans port ni habitation, l’île attire ceux qui recherchent le silence et la beauté brute. La garrigue méditerranéenne y règne en maître : lentisques, cistes, genévriers et myrtes parfument l’air. Les mouettes et les goélands y trouvent refuge, et sous la surface, les eaux translucides abritent une vie marine foisonnante — un rêve pour les amateurs de snorkeling.
En longeant la côte en bateau, on découvre des criques minuscules où la mer joue toutes les nuances du turquoise au bleu profond. Le seul bruit est celui des vagues et du vent qui balaie les rochers.
Mais derrière cette image de carte postale se cache un passé militaire méconnu.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’île servit à la défense côtière de la Sardaigne. Une batterie, codée M 467, y fut installée avec cinq canons antiaériens de 76/40. On y trouvait aussi un poste d’observation équipé d’un télémètre, plusieurs casernes, des cuisines, des réserves de munitions et une citerne. Un dépôt supplémentaire était dissimulé dans une grotte, à l’abri des bombardements.
Aujourd’hui, ces vestiges militaires subsistent, envahis par la végétation. Les installations sont délabrées, parfois souillées par les traces d’exercices récents — un contraste saisissant avec la pureté du lieu.
L’Isola del Porco n’est peut-être qu’un point sur la carte, mais elle condense à elle seule deux visages de la Sardaigne : celui de la nature indomptable, et celui de la mémoire silencieuse des hommes qui l’ont occupée.





