
Sur la route de La Parras de Castellote
Mai 2007 — À pied, sous le soleil d’Aragon
C’était en mai 2007. Un printemps éclatant, un ciel sans nuages, et cette lumière sèche et dorée typique du Maestrazgo. Avec ma famille, nous étions venus à Jaganta, le village de mon grand-père. Un lieu plein d’émotions, de silences, de souvenirs en pointillés. Je n’y étais pas retourné depuis l’enfance — depuis ces balades à dos d’âne sur les sentiers poussiéreux, quand le temps semblait s’étirer à l’infini.
Par cette belle journée, nous avons décidé de marcher jusqu’à La Parras de Castellote. Huit kilomètres environ, sur une route en travaux, parsemée de cailloux, d’engins de chantier et d’odeurs de goudron tiède. Mais qu’importe. L’idée d’une bonne paella en terrasse au village nous motivait plus que tout.



La marche fut douce, ponctuée de rires, de pauses photo, de discussions autour du passé de la région. Ici, chaque pierre semble raconter quelque chose. Le paysage est aride mais vibrant : collines tapissées de romarin, vieux murs de pierres sèches, quelques amandiers tordus par le vent.



L’arrivée à La Parras fut un petit événement. Le village semblait figé dans le temps, mais le restaurant, lui, était bien vivant. Une grande paella fumante, partagée avec les gens du coin, accompagnée d’un vin local qui ne payait pas de mine mais qui faisait son effet. Après le repas, nous avons pris le temps de flâner dans les ruelles. (→ voir l’article dédié à La Parras de Castellote)

Le retour, lui, fut une aventure à part entière. Plutôt que de reprendre la route, nous avons coupé à travers la campagne. Un sentier étroit, parfois escarpé, nous a menés à travers un paysage rude et fascinant : d’anciennes mines effondrées, témoins d’une époque révolue ; une porcherie abandonnée, aux murs encore debout ; et partout, des bergeries oubliées, ouvertes aux quatre vents, envahies de ronces et d’orties.


La lumière de l’après-midi s’étirait sur les collines. Le silence, par moments total, n’était troublé que par le cri d’un rapace ou le craquement d’un pas sur les pierres. Il y avait dans cette marche un parfum d’exploration et de mémoire, comme si chaque pas nous rapprochait un peu plus du passé — ou de ce que nous cherchions à y retrouver.


C’est aussi cela, le Maestrazgo : un territoire rude, mais sincère. Et cette journée de mai, entre paella et sentiers oubliés, restera l’un des moments les plus simples et les plus riches de notre séjour à Jaganta.



