Urzulei, le noir et blanc de la Sardaigne authentique
Il est presque 17 heure lorsque l’on arrive à Urzulei et la on est immédiatement frappé par la beauté brute de la Barbagia. Le relief accidenté, les montagnes qui se dressent tout autour, et les centaines de grottes disséminées sur le territoire donnent au village un air presque secret, comme un trésor caché au cœur de la Sardaigne.
Perché au milieu de montagnes traversées de grottes, le village offre une transition délicate entre la sauvagerie des paysages et l’humanité de ses traditions.

Urzulei est un ancien village du Supramonte, à la lisière de la Barbagia. Les ruelles sont désertes, les maisons anciennes, l’atmosphère figée. Puis apparaît la première fresque. En noir et blanc. Puis une autre. Le village commence à parler.
On se retrouve sur la Piazza Fontana, face à l’amphithéâtre historique. Un petit marché anime la place. On gare la voiture et on part à pied. Devant nous, les maisons s’alignent à flanc de colline, dominées par la chaîne du Supramonte. Le décor est puissant, sans ostentation.



On s’engage ensuite vers le musée ethnographique Andalas de Memoria. Plus d’une dizaine de maisons composent ce musée à ciel ouvert, consacré à la vie d’autrefois.





Urzulei est un musée à ciel ouvert, mais sans barrières.



Les fresques, presque toutes en noir et blanc, ont été réalisées par des artistes sardes, souvent originaires du village. Elles représentent des scènes de vie rurale, des traditions, des gestes simples, parfois la figure du bandit. Peu de femmes, peu de scènes domestiques. L’essentiel est ailleurs : dans les regards, les postures, la dignité.








Les œuvres sont datées, titrées. Certaines remontent à 2002, d’autres à 2014. L’une d’elles, «Sa Murra»*, évoque ce jeu de mains profondément ancré dans la culture sarde. Tout ici parle d’identité.




Je n’ai jamais ressenti cela dans un musée classique.
Ici, les images vivent dans leur décor d’origine. Elles ne sont pas exposées. Elles sont chez elles.






👉 Ugo Pellis est un passeur de mémoire.
Un homme venu d’ailleurs, mais qui a su regarder la Sardaigne intérieure sans folklore, avec rigueur, curiosité et respect.
Et le clin d’œil final est savoureux :
Ce sont ses photos — figées en 1934 — qui reviennent aujourd’hui sur les murs, comme si la pierre rendait à l’image ce qu’elle lui avait confié.

👉 Antoni Manca, ancien porcaro d’Urzulei, incarne la Sardaigne pastorale des années 1930. Son visage, marqué par le temps et le travail, raconte une vie rythmée par les saisons, les bêtes et la montagne. À travers cette image, ce n’est pas un métier disparu que l’on regarde, mais une mémoire vivante que le mur refuse d’oublier.

👉 Maria Murcone, photographiée en habit traditionnel, incarne l’élégance sobre et la dignité silencieuse des femmes d’Urzulei dans les années 1930. À travers le tissu, la posture et le regard, c’est tout un monde de gestes transmis et de rôles essentiels qui affleure. Le mur ne fige pas une image folklorique : il redonne un visage et un nom à la mémoire du village.
Pour se laisser surprendre par ces œuvres, il n’y a pas de parcours précis. Commencez par l’Anfiteatro, puis laissez-vous guider par le hasard des ruelles étroites. À chaque coin de rue, un mur peut révéler une scène qui vous fait sourire, réfléchir ou simplement admirer le talent des artistes locaux. À Urzulei, l’art et la mémoire se rencontrent, et chaque promenade devient un voyage dans le temps.
Autres Murales





*Mais Urzulei n’est pas seulement un village de pierre et de roches : il est aussi le théâtre du plus grand tournoi de « Sa Murra » de l’île.
Ce jeu de doigts ancestral, appelé morra en italien et mourre en français, réunit les habitants dans des parties rapides et intenses, où la dextérité et l’esprit s’affrontent.
Urzulei n’est pas un village facile.
Mais pour qui accepte le silence, les regards et le temps long, c’est une rencontre rare.
Une Sardaigne sans filtre.
Et sans doute l’une des plus belles.
Un mystère de plus sur la route
Un mystère de plus va s’ajouter a notre carnet de route.
👉 A la découverte de ??






