
Visite de l’Abbaye-Collège d’Ardouane
Perché dans un écrin forestier du Haut-Languedoc, l’Abbaye-Collège d’Ardouane, appelé par les uberxeurs Pensionnat Joseph Vacher, porte les stigmates d’une histoire éducative et religieuse dense. Fondé à l’aube du XIXᵉ siècle sur les ruines d’un ancien couvent, il devient petit séminaire sous l’impulsion de l’évêque et acquiert une réputation régionale notable.
En 1865, la congrégation des Lazaristes en prend la direction, renforçant la réputation académique de l’établissement. Après une période troublée par les lois de séparation de l’Église et de l’État, l’institution trouve refuge à Ardouane, où elle perd progressivement son statut séminaire pour devenir un simple collège catholique, se réaffirmant petit à petit comme une école libre, jusqu’à sa fermeture à la fin des années 1970.
Aujourd’hui, le lieu évoque la mémoire de ces murs étudiés. Les salles de classe encore jonchées de livres, le dortoir aux mobiliers témoignages, le réfectoire où résonnent les souvenirs… Chaque espace raconte un fragment du passé. Mais cette beauté fragile est truffée de dangers : la chapelle, privée de toiture, ne peut être explorée sans risque, et les planchers fuyants imposent une prudence de tous les instants.
Cette exploration est un voyage émotionnel — un dialogue entre l’histoire oubliée et le présent silencieux, entre la fascination et le respect. Un témoignage émouvant de ce que furent ces lieux, empreints d’un passé de piété, d’étude et de routine scolaire dépassée.
Récapitulatif
Le site abandonné est un terrain passionnant pour l’urbex — une atmosphère à la fois nostalgique et dérangeante plane parmi les ruines silencieuses.
À l’intérieur, les salles de classe conservent encore quelques livres épars, offrant un témoignage muet de ce qui fut jadis un lieu d’apprentissage et de vie communautaire.
Le dortoir, avec quelques restes de mobilier et d’objets personnels, raconte aussi le quotidien de l’internat.
Le réfectoire, les cuisines et autres espaces découvrables permettent de reconstituer mentalement la vie quotidienne du pensionnat .
Les dangers à noter :
Chapelle : le toit n’existe presque plus. Il est formellement déconseillé d’y entrer — l’effondrement des structures est quasi certain.
Planchers : nombreux sont partiellement effondrés, notamment dans les étages, avec des trous béants.
Une extrême prudence s’impose lors de la progression à l’intérieur afin d’éviter tout accident.
Historique complet de l’établissement (1823–fin des années 1970)
1. Origines à Saint-Pons-de-Thomières (1823–1906)
- En 1823, Monseigneur Fournier, évêque de Montpellier, rachète l’ancien couvent des Récollets, initialement vendu comme bien national. C’est là qu’il fonde le petit séminaire de Saint-Pons, confié aux prêtres diocésains. L’objectif est de former des jeunes en vue d’une vocation ecclésiastique, et l’établissement obtient rapidement une excellente réputation dans tout le Languedoc.
2. Direction des Lazaristes (1865–1902)
- Le 6 juin 1865, l’évêque Lecourtier confie la direction du séminaire à la congrégation des Lazaristes, renforçant son profil religieux et pédagogique.
3. Départ des Lazaristes et repli à Ardouane (1902–1907)
- En août 1902, suite aux lois anticléricales et à l’expulsion des congrégations, les Lazaristes sont chassés, et l’abbé Flottes, du clergé diocésain, devient supérieur.
- En décembre 1906, l’établissement déménage dans l’ancien monastère des Bénédictines du Sacré-Cœur de Marie, à Ardouane (commune de Riols). Les cours reprennent là-bas dès le 17 janvier 1907.
4. Réquisition en temps de guerre (1914–1918)
- Pendant la Première Guerre mondiale, les bâtiments sont utilisés en partie comme hôpital pour soldats convalescents.
5. Retour des Lazaristes et stabilité (1918–1953)
- En 1918, à la fin du conflit, les Lazaristes reviennent à la tête de l’établissement, qu’ils dirigent jusqu’en 1953, date à laquelle le clergé diocésain reprend la direction.
6. Transformation en collège catholique (années 1930–1949)
- À partir des années 1930, l’établissement évolue et est connu sous le nom d’École libre Saint-Benoît (terme utilisé dès cette période) .
- Le titre de petit séminaire apparaîtra à nouveau en 1937, avant de disparaître définitivement vers 1949.
7. Fermeture définitive (fin des années 1970)
- L’établissement, devenu Collège Saint-Benoît, ferme définitivement ses portes à la fin des années 1970.
Récapitulatif chronologique
Période | Événement principal |
---|---|
1823 | Fondation du petit séminaire à Saint-Pons |
1865 | Direction confiée aux Lazaristes |
1902–1907 | Expulsion des Lazaristes ; repli à Ardouane |
1914–1918 | Réquisition des bâtiments comme hôpital |
1918–1953 | Retour des Lazaristes à la direction |
Années 1930 | Transition vers École libre Saint-Benoît |
1937–1949 | Titre de petit séminaire temporairement restauré puis abandonné |
Fin des années 1970 | Fermeture définitive du collège |