Narbonne

Histoire de la ville de Narbonne.

Bien avant les Romains

Avant la conquête romaine, Narbonne était un comptoir commercial rattaché à l’oppidum de Montlaurès (à quatre kilomètres au nord de la ville actuelle).
L’oppidum de Montlaurès semble avoir été la capitale des Élisyques, un peuple autochtone installé de longue date et celtisé. (petit peuple , installé ouvert aux influences ibère, hellénique puis celte, qui a conservé l’essentiel de sa culture jusqu’à la colonisation romaine) .


Période Romaine.
En 118 av. J.-C. les Romains fondèrent une colonie romaine du nom de Colonia Narbo Martius .
Elle était située sur la via Domitia, la première route romaine en Gaule, qui permettait de relier l’Italie et l’Espagne.
La ville est choisie pour sa situation sur une lagune protégée par des îles à l’embouchure de l’Aude, situation qui permet de construire le système portuaire de la ville et qui devient le second port de méditerranée occidentale après Rome.
En 45 av. J.-C., Jules César installa à Narbonne les vétérans de la Xe légion.
En 27 av. J.-C., Auguste rendit visite à la ville.
En 22 av. J.-C. Auguste en fit la capitale de la province romaine de la Gaule narbonnaise.
Elle fut jusqu’à la fin de l’Antiquité romaine l’une des villes les plus importantes de la Gaule.
La terre entre Narbonne et la Clape était alors une zone de mer protégée par un chapelet d’îles : La Clape, Saint-Martin et sainte Lucie et Leucate plus au sud.
La ville incluait Gruissan où se situait l’amphithéâtre et un avant-port, ainsi que La Nautique qui abritait une partie importante des activités portuaires.
L’ensemble formait le port antique de Narbonne, considéré comme le deuxième port de l’Empire romain en Méditerranée nord-occidentale après Ostie, le port de Rome.
Elle fut détruite en 145 par un incendie accidentel, Antonin le Pieux la fit reconstruire en 160 et étendit le réseau routier de la Narbonnaise.


Période Wisigothique
En 413, le roi des Wisigoths, Athaulf, fit son entrée dans la ville, où, vêtu comme un général romain, il célébra son mariage avec Galla Placidia. Après avoir fondé le royaume de Toulouse en 418, les Wisigoths n’eurent de cesse de mettre la main sur Narbonne.
Ils assiégèrent en vain la ville en 435-436.
Ils arrivèrent à leurs fins en 462, lorsque le général romain Agrippinus leur céda Narbonne en échange de leur aide.
Au début du vie siècle, Narbonne fut brièvement la capitale des Wisigoths vaincus à la bataille de Vouillé (507) par les Francs de Clovis, conquérant du royaume de Toulouse. Grâce à l’aide militaire des Ostrogoths d’Italie, les Wisigoths du jeune roi Amalaric conserveront la Septimanie et Narbonne.
Sous le règne du roi Theudis (531-548), Narbonne cessera d’être la capitale des Wisigoths mais reste une capitale provinciale.
Elle accueille plusieurs souverains tels Liuva Ier couronné roi à Narbonne (567-573), et est le siège de plusieurs révoltes « séparatistes » jusqu’à la fin du viie siècle[36].
Les deux derniers rois wisigoths Agila II (711-714) et Ardo (714-720) auraient régné sur la cité au moment de l’invasion musulmane.


On nous a appris que les « arabo-musulmanes » avaient fuit la France en 732 après la Bataille de Poitiers… C’est faux ! 

Période Arabe
Le Languedoc,  sous influence Maure jusqu’en 973 est appelé Septimanie, situé aux marges de l’ancienne Province Romaine de la Narbonnaise est l’objet de convoitises multiples de la chute de l’Empire Romain d’Occident à l’institution d’un pouvoir monarchique Franc puissant et centralisé.
Après s’être emparés du Maghreb entre 670 et 710, les troupes de Tariq Ibn Ziyad dîtes « arabo-musulmanes » (en réalité essentiellement composées de Berbères d’où l’emploi du terme « Maure ») déferlent sur la Péninsule Ibérique alors coeur du Royaume Wisigoth qui règne également sur la Septimanie. 
En 711, l’Andalousie tout entière tombe avec la prise de Séville. 
Puis c’est rapidement toute l’Ibérie qui s’effondre jusqu’à l’année 718 où les troupes Omeyyades sont sur le point de traverser les Pyrénées en direction de Narbonne, capitale de la dernière province du Royaume Wisigoth: la Septimanie.
Quand Narbonne était la capitale de ce Wâli du Califat Omeyyade d’Al-Andalus.
La Septimanie est alors dans une situation délicate, la population est largement fidèle aux Wisigoths mais la province vacille, attaquée par les Francs au Nord-Ouest, elle est incapable de résister aux troupes Maures au sud qui avancent sans rencontrer la moindre opposition. En 719, c’est le début du siège de Narbonne. 
Prise par les Maures, la ville est saccagée mais les habitants épargnés comme l’atteste les sources médiévales.
Au cours de la même année, les autres évêchés dont Béziers, Agde, Lodève et Nîmes ouvrent leurs portes et passent sous occupation Maure. 
En 725, Carcassonne tombe à la suite d’une féroce bataille entre les troupes du Duc d’Aquitaine Eudes et de Al-Samh ibn Malik al-Khawlani, tué au cours de la bataille.
En dépit de la victoire Maure c’est un coup d’arrêt pour l’expansion arabo-musulmane vers l’ouest et le nord de la France.
Dès la prise de Narbonne et la chute consécutive de Béziers, Agde, Lodève et Nîmes, le Califat Omeyyade qui gouverne depuis Damas dans l’actuelle Syrie établit un Wâli à la place de l’ancienne province de Septimanie. 
Narbonne est la capitale de ce Wâli du Califat Omeyyade d’Al-Andalus. 
Rapidement, le Wâli devient une province à part, riche et positionné stratégiquement, ouvrant la voie aux richesses du Royaume des Francs et de la Provence, de nombreux raids sont menés sur la vallée du Rhône et l’Aquitaine. 
À la suite de la défaite de Poitiers en 732, les raids et expéditions en dehors du Wâli de Narbonne s’amenuisent pour se recentrer sur l’annexion et l’intégration de cette province au sein du Califat.
Ainsi, Narbonne est rebaptisée Arbunah, Béziers devient Bazyih, Nîmes devient Nimah, Carcassonne devient Qarqachounah et Agde se nomme désormais Ajdah. 
On sait que les occupants omeyyades sans être adorés du peuple languedocien ne sont néanmoins pas détestés, la population Maure vivant principalement du commerce est plutôt bien intégrée au reste de la population. 
De plus, des pièces de monnaie comportant la mention Arbunah (Narbonne) ont été découvertes dans diverses localité du Languedoc et du Roussillon. 
On battait ainsi monnaie à Narbonne, symbole de l’importance du Wâli dans ce qui était alors Al-Andalus.

Toutefois, d’un point de vue historique et militaire, on peut dire que Narbonne (et non Poitiers) fut le coup d’arrêt de la conquête musulmane en Occident chrétien, car Narbonne était la première base de peuplement et d’installation en Gaule.


Aux environs de 759, Narbonne tombe et est prise par Pépin Le Bref. 
La chute du Wâli de Narbonne est largement imputable à la chute dans le même temps de la dynastie Omeyyades de Damas. 
Ainsi, impuissante politiquement, aucune réponse militaire d’envergure n’est entreprise par les troupes de Al-Andalus.
Les dernières troupes Omeyyades quittent le Languedoc aux alentours de 810, cependant des familles Maures demeurent en Languedoc notamment pour commercer.


En 859, Narbonne fut pillée par les Vikings du chef Hasting, qui venaient de Nantes et avaient hiverné en Camargue.

À partir du ixe siècle, Narbonne tenta de retrouver son lustre de l’époque romaine et redevint un important centre religieux, spirituel, intellectuel et commerçant de la France du Sud.

Ainsi, à la fin du xie siècle se bâtit l’Abbaye Sainte-Marie de Fontfroide, chef-d’œuvre cistercien et bénédictin, située au sud-ouest de Narbonne dans le massif protégé de Fontfroide, derrière le quartier des Roches Grises.
Cette abbaye, rattachée à l’ordre cistercien en 1145, devint l’une des plus prospères et l’une des plus riches abbayes du sud de la France.
La doctrine bénédictine y fut enseignée, qui inspira Jean-François Régis (né à Fontcouverte, à 30 kilomètres de là) et saint Dominique de Guzmán lors des controverses contre les cathares.

Lors de la croisade des albigeois, Narbonne était le siège des forces catholiques.

Parallèlement, d’autres édifices religieux virent le jour à Narbonne : la basilique Saint-Paul, construite sous Charlemagne au viiie siècle et connue pour tous les Compagnons du Tour de France pour sa fameuse « grenouille de bénitier ».

En 1143 l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem s’implante à Narbonne pour fonder une commanderie et débute l’édification de la chapelle à partir de 1177. 


Mais le plus spectaculaire de tous les édifices narbonnais reste le palais des archevêques construit entre le xiiie et le xive siècle.

La cathédrale Saint-Just-Saint-Pasteur de Narbonne s’enorgueillit d’héberger les plus grandes orgues d’Europe continentale (25 m de haut, 12 m de large, 8 m de profondeur). La voûte de la cathédrale monte à 41 m, ce qui en fait la quatrième plus haute voûte de France. En 1982, la cathédrale reçoit de la part de la forte communauté pied-noir de Narbonne les cloches de l’église Sainte-Marcienne d’Alger (église fondée en l’honneur de Marcienne de Dellys) et une réplique de la Vierge noire d’Oran.
Cet apport de cloches donne à Narbonne l’un des plus importants carillons de France.

Jusqu’à la fin du Moyen Âge, Narbonne fut gouvernée par deux seigneurs : l’archevêque et le vicomte. De 1515 à 1523, le cardinal Jules de Médicis fut archevêque de Narbonne. Il quitta l’archevêché lorsqu’il devint pape sous le nom de Clément VII (1523-1534).