Castellote village templier
Trois mois après l’achat de d’une ruine à Jaganta, nous voilà de retour dans la vallée, portés par un mélange d’enthousiasme et de gravité. Ce qui n’était qu’un élan spontané est devenu projet. Ce qui n’était qu’un tas de pierres devient promesse. Nous sommes venus pour entamer les premières réparations. Rien de spectaculaire — dégager, nettoyer, poser un regard nouveau sur chaque mur, chaque poutre effondrée. Ce lieu, abandonné depuis si longtemps, commence doucement à reprendre vie, ou du moins à respirer autrement.
Mais ce retour est aussi l’occasion d’une vraie découverte : Castellote. Jusqu’alors, ce n’était pour nous qu’une étape fonctionnelle, là où nous faisions nos courses, vite fait, entre deux excursions plus profondes. Cette fois-ci, portés par notre présence prolongée dans la région, nous avons pris le temps. Pris le temps de descendre de la voiture. De lever les yeux.
À travers les ruelles de Castellote
Les ruelles de Castellote, en étages serrés contre la pente, nous ont surpris. Un dédale de maisons ocres, de passages voûtés, d’escaliers et de points de vue sur la vallée.
Castellote s’explore à pied, le nez levé vers ses maisons anciennes, ses balcons de bois, ses toits en tuiles rouges, et ses avant-toits décorés de motifs sculptés. Les ruelles, parfois raides, semblent avoir gardé les traces des pas des générations passées.
Histoire et Splendeur Templière
Jusqu’au XIVe siècle, Castellote fut sous la tutelle de l’Ordre des Templiers. Ce passé médiéval se lit à chaque coin de rue, mais c’est surtout en levant les yeux vers les hauteurs que le cœur bat plus fort : le Château Templier, perché sur un éperon rocheux, domine la vallée de la Guadalope. Il faut mériter sa visite — le sentier pour y accéder est escarpé, parfois raide — mais la vue là-haut est à couper le souffle, et la force tellurique du lieu impressionne.
Infos pratiques – Monter au Château des Templiers
Deux itinéraires permettent d’atteindre les hauteurs du château, perché sur un éperon rocheux spectaculaire :
- Le sentier pédestre classique
Accessible depuis le cœur du village, ce chemin serpente à travers la colline et permet de rejoindre les ruines du château en une trentaine de minutes. Bien balisé, il offre une montée modérée et progressive, ponctuée de magnifiques panoramas sur Castellote, la vallée de la Guadalope et le réservoir de Santolea. C’est l’option idéale pour les amateurs d’histoire, de nature et de photographie.
- La via ferrata de Castellote
Pour les aventuriers, une via ferrata permet d’accéder au château par une voie verticale aménagée sur la paroi rocheuse. Câbles, barreaux métalliques et ponts suspendus offrent une expérience intense, réservée aux plus sportifs et équipée d’un matériel de sécurité adapté (baudrier, casque, longe). Sensations garanties, avec des vues imprenables sur le canyon et le village.
À noter : l’accès au château ne nécessite pas d’emprunter la via ferrata. Le sentier classique suffit pour découvrir ce site templier chargé d’histoire.
La Via Ferrata de Castellote : Vertige et Vue Panoramique
À quelques pas seulement du village, la Via Ferrata de Castellote est une activité idéale pour les amateurs de nature, de verticalité et de sensations. Elle s’élève le long des falaises qui surplombent la vallée de la Guadalope, tout près du chemin menant au château templier. C’est une manière unique de découvrir les hauteurs du village par les parois rocheuses, tout en profitant de points de vue exceptionnels.
Caractéristiques techniques
- Difficulté : K2 à K3 (facile à modérée, adaptée aux débutants ayant un minimum de condition physique).
- Dénivelé : Environ 100 mètres.
- Durée : 1h30 à 2h, selon le rythme et les pauses contemplatives.
- Type : Via ferrata classique avec échelons métalliques, ligne de vie continue, et quelques passages aériens.
Elle comprend :
- des ponts népalais (câbles suspendus),
- des traversées horizontales au-dessus du vide,
- et des sections verticales bien équipées.
C’est une activité gratuite, accessible toute l’année, mais déconseillée par forte chaleur ou après de fortes pluies.
La tour Templaire
Dans le cœur du village, une autre trace de cette époque : la Tour Templaire, qui abrita jadis une prison, aujourd’hui transformée en un super musée, de l’époque des croisés à celle des histoires locales les plus singulières.
Castellote ne se limite pas à ses pierres templières. Son église gothique San Miguel impose son élégance. La mairie, le lavoir médiéval, l’ermitage del Llovedor, et le vieil aqueduc viennent compléter ce riche inventaire architectural.
Le lavoir médiéval : mémoire vivante de la vie quotidienne
Blotti au creux d’un vallon ombragé, à deux pas du centre historique, le lavoir médiéval de Castellote est bien plus qu’un simple bassin de pierre : c’est un témoignage vivant du quotidien d’autrefois, lorsque les villageoises s’y retrouvaient pour laver le linge, échanger les nouvelles ou commenter les saisons.
Entièrement restauré, ce lavoir couvert conserve ses voûtes en pierre, ses rigoles d’évacuation et son grand bassin alimenté par une source naturelle, qui continue de couler tout au long de l’année.
L’Aqueduc de Castellote : témoin de pierre et d’eau
Au détour d’un chemin bordé d’amandiers et de murets de pierre sèche, à la sortie sud du village, l’aqueduc de Castellote se révèle peu à peu, comme un fragment oublié du génie civil ancestral. À première vue modeste, il n’en demeure pas moins un chef-d’œuvre d’ingéniosité rurale, témoin silencieux de l’art de capter et canaliser l’eau dans une région où chaque goutte compte.
Construit probablement entre les XVIIe et XVIIIe siècles, l’ouvrage servait à acheminer l’eau depuis les sources voisines vers les lavoirs, fontaines et bassins agricoles du village. Il est composé d’un enchaînement d’arches en pierre taillée, aux proportions élégantes, qui enjambent un petit ravin creusé par les eaux saisonnières.
L’ensemble, parfaitement intégré au paysage, témoigne de cette époque où l’homme s’alignait humblement avec la nature, apprenant à la domestiquer sans la brutaliser. L’eau, canalisée mais jamais figée, poursuivait sa route dans des caniveaux ouverts ou des conduits de terre cuite, rythmant la vie quotidienne de Castellote.
Aujourd’hui, l’aqueduc se visite librement. C’est une halte poétique, à la croisée des chemins de randonnée menant à l’ermitage du Llovedor, au vieux moulin, ou encore aux ruines du château templier.
L’Ermita del Llovedor : Un sanctuaire niché au creux des eaux
À la sortie de Castellote, un sentier tranquille mène à l’Ermita del Llovedor, un petit ermitage discret blotti au pied d’une falaise, à proximité d’une cascade rafraîchissante qui jaillit en saison des pluies. Dédié à la Vierge du Llovedor, cet ermitage doit son nom à l’eau qui, dit-on, « pleure » des hauteurs rocheuses. Lieu de recueillement pour les habitants, il servait autrefois à implorer la pluie en période de sécheresse, renforçant son lien profond avec les éléments naturels.
Entouré d’une végétation luxuriante, le site dégage une atmosphère paisible et sacrée. Le murmure de l’eau, les jeux d’ombre sous les cyprès, et le parfum de mousse et de pierre ancienne invitent à la contemplation. C’est un havre de fraîcheur, surtout l’été, prisé des randonneurs et des âmes en quête de calme.
Un petit pont et des sentiers balisés permettent d’y accéder facilement depuis le village.
Et si on visitait les alentours du village de Castellote : El Maestrazgo
La comarque du Maestrazgo
Ce secteur est parfois aussi désigné sous le nom plus général de Sierra del Maestrazgo ou Maestrazgo turolense.
Comarque (équivalent d’un petit pays ou territoire historique)
En résumé, Castellote transcende son statut de simple commune pour devenir une destination incontournable, alliant histoire, nature, et charme pittoresque.
