Anti tourisme Bali
Ubud, au cœur de l’île de Bali, est longtemps restée un havre spirituel, entourée de rizières émeraude et imprégnée d’une culture artistique vibrante. Pourtant, cette perle indonésienne subit aujourd’hui les effets du tourisme de masse, engendrant des défis environnementaux et culturels majeurs. Face à cette réalité, Ubud voit émerger une double résistance : une lutte acharnée contre la pollution et une montée de l’anti-tourisme parmi ses habitants.
Ubud : victime de son succès
Autrefois enclave paisible et lieu de ressourcement, Ubud est devenue une destination incontournable pour les voyageurs en quête de bien-être et d’authenticité. Cependant, l’arrivée massive de touristes a transformé cette ville en un centre animé, parfois saturé par des flux constants de visiteurs.
Les routes étroites d’Ubud sont désormais encombrées de scooters et de voitures, les déchets s’accumulent, et les temples sacrés sont envahis par des foules. Cette transition rapide a non seulement perturbé le mode de vie des habitants, mais aussi menacé les écosystèmes locaux.
l’île de Nusa Penida
Déjà en 2018, la foule au départ pour l’île de Nusa Penida depuis la plage de Sanur
La cascade de Kanto Lampo.
Lors de notre passage à Kanto Lampo Waterfall, nous avons été immédiatement séduits par la beauté du site. Nichée au cœur de la jungle balinaise, cette cascade en gradins offre un décor spectaculaire où l’eau s’écoule en douceur sur les roches noires couvertes de mousse, créant un paysage enchanteur
Malheureusement, ce qui aurait pu être une expérience idyllique a rapidement été terni par la présence omniprésente d’instagrammeurs avides de « likes ». Dès notre arrivée, nous avons constaté qu’il était quasi impossible de prendre une photo sans avoir une personne postée stratégiquement au milieu de la cascade, prenant la pose sous tous les angles imaginables.
Ces visiteurs, équipés de trépieds, de drones ou accompagnés de photographes professionnels, monopolisent littéralement le site. Chaque tentative pour capturer la beauté du lieu est interrompue par un enchaînement de poses étudiées et de changements de tenues, rendant l’expérience frustrante pour ceux qui viennent simplement profiter de la nature.
Les problèmes environnementaux sont parmi les conséquences les plus visibles du tourisme de masse à Ubud.
La prolifération des plastiques, l’épuisement des ressources en eau et la pollution de l’air due au trafic incessant préoccupent la communauté locale.
Longtemps, les plages bordées de palmiers le long de la rive de Kuta Beach à Bali ont fait office de paradis pour touristes. Mais le sable blanc est maintenant jonché de tant de détritus charriés par l’océan Indien qu’un état d’ « urgence déchets » est déclaré chaque année
En réponse, des initiatives se multiplient :
- Interdiction des plastiques à usage unique : Bali a mis en place une réglementation interdisant les sacs, pailles et emballages plastiques à usage unique. À Ubud, de nombreux commerces adoptent des alternatives durables, comme des sacs en bambou ou en tissu.
- Nettoyages communautaires : Des organisations locales, telles que Bye Bye Plastic Bags, organisent régulièrement des nettoyages dans et autour d’Ubud, mobilisant habitants et visiteurs.
- Promotion du tourisme vert : Ubud encourage désormais les activités respectueuses de l’environnement, comme les balades à vélo ou la découverte des rizières en évitant les circuits motorisés.
Ubud se trouve à la croisée des chemins, tiraillée entre son attrait international et sa volonté de préserver son héritage culturel et naturel. La lutte contre la pollution et le tourisme de masse est essentielle pour garantir un avenir harmonieux à cette région.
Que vous soyez voyageur ou habitant, préserver l’esprit d’Ubud passe par des actions conscientes et respectueuses, pour que cette ville reste un lieu de sérénité, fidèle à son âme profonde.