
Discothèque fantôme Sardaigne
Malibù / Ottagono : la discothèque fantôme de Santa Teresa Gallura
Sur la route provinciale 90, à quelques kilomètres à peine de Santa Teresa Gallura, un bâtiment intrigant se dresse en silence, dissimulé par la végétation méditerranéenne. Abandonné depuis les années 90, il porte deux noms : Ottagono, en référence à sa forme géométrique singulière, et Malibù, du nom fantasmé d’un paradis de fête. Ce lieu, à la fois réel et imaginaire, est aujourd’hui un mausolée à ciel ouvert des nuits sardes révolues.
L’octogone, dans les traditions ésotériques et spirituelles, représente bien plus qu’une simple forme : c’est la médiation entre le carré et le cercle, entre la terre et le ciel. Dans l’art chrétien, il est souvent associé à la résurrection, à l’éternité — et curieusement, aussi à un objet très contemporain : le panneau STOP, octogonal lui aussi, qui semble ici prendre un sens presque prophétique. Car tout, dans cette discothèque figée dans le temps, semble s’être arrêté brutalement, quelque part vers 1995.
À l’intérieur du bâtiment, aujourd’hui envahi par les mauvaises herbes et les figuiers de Barbarie, on découvre les vestiges d’un passé joyeux et exubérant : des papiers San Pellegrino périmés depuis trois décennies, un panneau “Corona à 7000 lires” maintenu par un morceau de scotch, des palmiers artificiels qui donnent autant l’impression d’un rêve tropical que d’une mélancolie post-apocalyptique. Sur le sol, des vinyles, dont le mythique Starlight de Risqué, témoignent de la bande-son des nuits d’antan.





On y retrouve aussi des laissez-passer glorieux évoquant la « MALIBU DISCOESTATE », promesse de rencontres et de musique dans une atmosphère de liberté estivale. Plus qu’un lieu, le Malibù semble avoir été une fabrique de souvenirs, un Malibu sarde fantasmé, sans stars hollywoodiennes mais plein de rêves adolescents, de romances d’un soir et de danses jusqu’à l’aube.
Aujourd’hui, l’accès à la discothèque est interdit : elle se situe sur un terrain privé, et il semblerait qu’elle soit à vendre. Pourtant, les curieux continuent de s’approcher, attirés par le mystère de ce lieu hors du temps. L’Ottagono, temple de la musique et de la poussière, pourrait bien être le symbole d’un éternel retour : celui de la fête, du cycle des époques… ou d’une jeunesse qui ne meurt jamais vraiment.
Accès : Sur la route provinciale SP90, juste avant d’entrer dans Santa Teresa Gallura. Le bâtiment est situé sur une propriété privée, donc l’entrée n’est officiellement pas autorisée.
