Jaganta

Trente-sept ans plus tard

Retour aux sources de mon grand père.

En 2007, j’y suis revenu.

Cette fois, mon grand-père n’était plus là. Mais c’est lui que l’on venait retrouver, un besoin de revenir sur ses traces, de retrouver ces pierres muettes qui avaient vu naître ma lignée, de confronter notre mémoire à la réalité.

La route avait changé. (Encore en travaux)
On pouvait désormais accéder au village en voiture et la route nous reliant au barrage de Santolea et au village de Castellote était toute récente, le confort avait remplacé l’effort, mais la beauté des lieux restait intacte. Sauvage. Émouvante.


Plus tard dans la soirée, j’ai marché seul dans le village. Myriam n’avait pas voulu faire partie de cette aventure, et je lui en voulais profondément. « J’étais bien allé sur les traces de sa famille, en Bretagne… »

En déambulant dans l’obscurité, je pense avoir retrouvé la maison familiale, autrefois cédée à l’Église, ainsi que celle de la famille qui nous avait accueillis autrefois.
Je me retrouvais. Je me suis souvenu de ces moments formidables partagés avec ma sœur et mes cousins. Nous avions rencontré des jeunes de notre âge, et même si nous ne parlions pas la même langue, on se comprenait.

Dans ce silence, j’entendais le murmure d’un homme à l’accent rugueux me raconter une histoire ancienne — celle de ses origines… et des miennes.

Ce soir-là, les murs de Jaganta, patinés par les siècles, m’ont véritablement parlé. Ils racontaient la vie rude et simple d’un village tourné vers la terre, l’olive, et la foi. À chaque coin de rue, le silence avait quelque chose de sacré.

Et pourtant, malgré l’absence de Myriam, je me sentais bien. Comme si, au milieu de ces ruines, malgré l’abandon, quelque chose en moi reconnaissait les lieux. Je me sentais chez moi.

Est-ce que c’était l’âge, la cinquantaine qui approchait, qui me soufflait à l’oreille : « Tu es toi ici. Arrête-toi. Viens t’installer » ?
Peut-être.

Peut-être est-ce pour cela que, sans trop réfléchir, j’ai acheté une petite ruine.
L’envie de finir ici. De revenir à l’essentiel.


Jaganta, pour moi, restera toujours le village de mon grand-père. Celui où les racines plongent profondément, où les silences parlent, et où les murs savent se souvenir. C’est là que je retourne en pensée quand j’ai besoin de me rappeler d’où je viens. Là que je reviendrai, peut-être, un jour, pour de bon.

Car Jaganta n’est pas qu’un simple hameau. C’est un monde en miniature, un fragment de cette Espagne intérieure que l’on oublie trop souvent. Avec ses maisons de pierre, ses souvenirs d’huile et de prières, ses habitants épars mais fidèles, Jaganta incarne l’âme d’un territoire.

Les alentours de Jaganta prolongent cette impression d’intemporalité. Les villages voisins – Las Parras de Castellote, Aguaviva, Castellote, Abenfigo, Mas de las Matas, Molinos …. – partagent ce même héritage, cette même beauté discrète, faite de pierres, de terrasses oubliées, de clochers qui sonnent encore pour quelques âmes. Chacun porte en lui une mémoire, un attachement à la terre, à la lenteur des jours, à ce qui ne se dit plus mais se ressent encore.

Une autre grande richesse de Jaganta, c’est la nature environnante. Sauvage, préservée, presque secrète. Ici, la montagne s’ouvre à ceux qui prennent le temps de marcher. De nombreux randonneurs viennent désormais arpenter les sentiers, attirés par la beauté brute des paysages.



Partez a la découverte de Jaganta


Le village de Jaganta

Le village de Jaganta

Découverte de Jaganta. Niché à 2,5 kilomètres de Las Parras de Castellote, dans la province de Teruel, Jaganta est l’un de ces hameaux d’Aragon que le temps semble avoir oubliés. Et pourtant, lorsque l’on s’y rend, quelque chose de profond…