Les lampadaires-bancs de Barcelone
À Barcelone, l’art ne se limite pas aux musées ou aux façades des palais modernistes. Il se glisse jusque dans les trottoirs, les bancs, les grilles, les lampadaires. Dans cette ville où l’ornement devient fonction, le mobilier urbain a été érigé au rang d’art par quelques grands noms du modernisme catalan. Parmi eux : Pere Falqués i Urpí, l’architecte municipal de la ville au tournant du XXe siècle.
Deux de ses créations emblématiques incarnent cette fusion parfaite entre esthétique et utilité publique : la Farola-banco de l’Avinguda Diagonal et les lampadaires-bancs ondulants du Passeig de Gràcia.
Pere Falqués, le maître du mobilier urbain moderniste
Né en 1850, Pere Falqués n’a peut-être pas la renommée d’Antoni Gaudí, mais il a façonné Barcelone dans ce qu’elle a de plus quotidien et de plus poétique : ses trottoirs. En tant qu’architecte municipal, il conçoit des œuvres fonctionnelles (bancs, lampadaires, kiosques) qui deviennent rapidement des icônes du modernisme.
Son style se distingue par l’alliance de la pierre de Montjuïc et du fer forgé décoratif, souvent orné de motifs végétaux, floraux ou géométriques.
La Farola-banco attire l’œil par son élégance discrète. Le concept est simple mais ingénieux : un banc circulaire en pierre entoure un lampadaire en fer forgé. L’assise est sobre, lisse, tournée vers l’extérieur, permettant à plusieurs personnes de s’asseoir tout en observant la ville.
Le lampadaire, quant à lui, s’élance au-dessus de la structure avec des volutes stylisées, qui évoquent la nature : tiges, feuilles, bourgeons. Une œuvre immobile mais vivante, où le fer semble pousser comme une plante.
Les bancs-lampadaires ondulants du Passeig de Gràcia
En 1906, dans le cadre du réaménagement du Passeig de Gràcia, Pere Falqués conçoit une série de bancs-lampadaires qui sont devenus des symboles de Barcelone. Ce
banc massif et massif est réalisé selon la technique du
trencadís (fragile), caractéristique
du modernisme catalan . Sa surface est entièrement recouverte de fragments de céramique blanche, évoquant une mosaïque ou un puzzle de grands carreaux.
Cette technique se retrouve dans divers espaces de la ville et est particulièrement frappante dans l’œuvre de Gaudí, à qui cette œuvre a parfois été attribuée à tort. Inspirée par les bancs de Falqués, une série de bancs a été disposée le long du Passeig de la Concorde en 1974, entourant quelques arbres aux coins des rues..
La Farola-banco et les bancs du Passeig de Gràcia témoignent de la vision poétique de Pere Falqués : transformer l’utile en beauté.
Là où d’autres se contentent de poser des bancs, il crée des lieux de vie, de rêverie, de rencontre.
Dans cette Barcelone où l’art se vit à ciel ouvert, même un lampadaire peut devenir une œuvre.
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