Le parc Naturel de Santa Barbara

Les deux lacs du Flumendosa

Au cœur sauvage du Parc Naturel de Santa Barbara, là où les forêts profondes

la Barbagia rencontrent les plateaux du Sarcidano, deux lacs se succèdent comme deux perles serties dans un écrin de montagnes : le lac Alto Flumendosa, souvent appelé lac de Bau Muggeris, et plus en aval, le lac Flumendosa.


Le lac Alto Flumendosa – Bau Muggeris

C’est le plus secret des deux lacs, niché à près de 800 mètres d’altitude, dans une gorge encaissée entre Seulo, Villanova Tulo et Sadali. Là, le Flumendosa encore impétueux est dompté par une première digue construite au début du XXe siècle dans un paysage à couper le souffle. On l’appelle le lac de Bau Muggeris, du nom du site où s’est implanté un important complexe hydroélectrique composé de trois barrages successifs, connus sous le nom des Tre Salti ENEL (les trois sauts de l’ENEL, l’entreprise nationale d’électricité).

Entre ces ouvrages, l’eau s’écoule en cascade, canalisée avec précision, dans un ballet mécanique qui contraste avec l’écrin naturel qui l’entoure. C’est ici que l’on prend pleinement conscience du génie humain au service d’une nature puissante et indomptée.

Sur les hauteurs, un lieu singulier se devine à travers les pins : la Colonia di Bau Muggeris, ancienne colonie de vacances pour les enfants des ouvriers de l’ENEL. Aujourd’hui désaffectée, elle semble figée dans le temps, avec ses bâtiments en terrasse dominant la vallée. Étrange et silencieuse, elle dégage une atmosphère mélancolique, comme un écho des voix qui autrefois animaient ses cours et ses dortoirs. Un lieu chargé de mémoire, entre histoire sociale et patrimoine industriel.

Autour du lac, les sentiers de randonnée partent en balcon sur les gorges, s’enfoncent dans les bois ou rejoignent des sites naturels d’exception : les cascades de Sadali, les résurgences karstiques, ou encore le mystérieux « su Stampu de su Turrunu ». Ici, la nature semble encore régner sans partage, à peine dérangée par les interventions humaines.


Le lac Flumendosa – Médiobas Flumendosa

Plus bas, à 268 mètres d’altitude, commence un tout autre décor : celui du lac Flumendosa, vaste étendue d’eau longue de 17 kilomètres, née d’un second barrage réalisé en 1952. Ici, le paysage s’ouvre : les reliefs sont moins marqués, les collines plus douces, mais le contraste reste saisissant entre l’eau d’un bleu intense et les rochers affleurants, les forêts de chênes verts et les falaises rouges.

C’est sur ce lac que l’on peut embarquer pour une croisière étonnante sur un bateau à aubes, de style Mississippi, avec pont supérieur pour admirer le panorama. L’embarquement se fait à proximité de la ligne du Trenino Verde, ce petit train touristique mythique qui relie les coins les plus reculés de l’île. En combinant train et bateau, on découvre un territoire inaccessible autrement.

Le lac Flumendosa est aussi un paradis pour les amateurs d’activités de plein air : canoë, pêche sportive, wakeboard, ou tout simplement pique-nique au bord de l’eau, dans une ambiance paisible. Ce territoire de moyenne montagne est un havre de fraîcheur pendant l’été, un réservoir de biodiversité, un monde à part.


Une terre d’eau et de pierres

Ces deux lacs sont les joyaux d’une région que l’on appelle parfois la « terre des lacs ». Le lac de Mulargia, relié au Flumendosa par un tunnel, et le petit plan d’eau de Is Barrocus complètent cette mosaïque aquatique. Autour d’eux, sentiers de randonnée, routes archéologiques, circuits œnogastronomiques, et villages accrochés aux collines vous invitent à prendre le temps.

On y découvre des merveilles naturelles comme su Stampu de su Turrunu, étonnant phénomène karstique mêlant gouffre, grotte, cascade et résurgence. On y admire les chutes et grottes du parc Sadali (grotte Is Janas), le sanctuaire nuragique de Santa Vittoria di Serri, les statues-menhirs de Goni et Nurallao, ou encore les nuraghes monumentaux comme Is Paras et Arrubiu appelé aussi « le géant rouge d’Orroli ».


Nuraghe Is Paras

Et comme toujours en Sardaigne, chaque halte est aussi une rencontre : avec un fromage affiné, un vin local, un pain cuit au feu de bois ou un dessert aux amandes. Car ici, la nature se raconte aussi à travers ce que l’on partage à table.