Emmanuel Commeto
Avant de parler de Emmanuel Commeto, parlons un peu de ce minuscule village de l’Hérault Mourèze Devenu grand par la force de ses pierres, Mourèze nous offre un paysage à couper le souffle. Ici, point de falaises alpines ni de volcans tonitruants, mais un cirque dolomitique unique en France, sculpté patiemment par le temps, l’eau… et beaucoup d’imagination.
Rien a voir avec les rochers du Sidobre ou la formes se fait plus étranges et plus majestueuses ou les rochers de l’ile Lavezzo en Corse.

Déambuler dans le cirque, c’est partir à la chasse aux silhouettes familières. Les rochers jouent à cache-cache avec nos références :la tête de mort (impressionnante du haut de ses 7 mètres), le sphinx, la demoiselle, les fées, le lion dressé, le cèpe, Quasimodo, la tortue, le singe, les amoureux, le phallus, le scorpion, le bison, la sirène, le sourcier…La liste semble infinie, et c’est précisément là tout le charme du lieu : chaque visiteur repart avec ses propres découvertes, guidé par son imaginaire plus que par une carte.


Bien avant les promeneurs d’aujourd’hui, ces rochers furent aussi des refuges. Certains servirent d’habitats aux hommes préhistoriques, tandis que d’autres, dits « totémiques », portaient une forte charge symbolique. La vie et la mort s’y répondent à travers des formes évocatrices : rochers de la maternité, phallus, demoiselle… un dialogue minéral qui traverse les âges sans jamais perdre sa puissance.


Les pierres ont leurs noms, parfois solennels, parfois presque familiers : le Sphinx, le Gardien, l’Oracle, l’Ours et le Berger, les Hauts Fourneaux, le Cerbère, la Tour du Guetteur, la Tour de la Brèche, la Tour du Poulailler… À vous d’en repérer d’autres — le cirque adore les explorateurs attentifs.
Mais Mourèze ne se limite pas à la géologie spectaculaire. Derrière l’église, sur une petite place des palabres, l’art s’invite en douceur. Le bois flotté y trouve une seconde vie grâce à Emmanuel Commeto, artiste local qui transforme racines, branches et matériaux glanés en créatures poétiques. Une galerie à ciel ouvert, vivante, discrète, qui dialogue parfaitement avec le décor minéral.
















Autres Photos Emmanuel Commeto.
Le bois flotté occupe une place singulière dans le champ de l’art et de l’artisanat contemporains. Modeste par nature, mais riche de sens, il conjugue esthétique, mémoire et démarche écologique.



























Pourquoi les artistes l’utilisent-ils ?
Plusieurs raisons expliquent cet engouement durable :
– Une matière déjà sculptée
Le bois flotté présente des formes organiques, imprévisibles, souvent évocatrices (animales, humaines, totémiques). L’artiste ne part pas de zéro : il dialogue avec ce qui existe déjà.
– Une charge poétique et symbolique forte
Chaque morceau est un survivant. Il a voyagé, résisté, dérivé. Dans une œuvre, il raconte le temps long, le mouvement, l’abandon et la renaissance.
– Une démarche écologique assumée
Aucun arbre n’est abattu. Le matériau est récupéré, réemployé, valorisé. L’art en bois flotté s’inscrit pleinement dans une logique de recyclage et d’art durable.







Le bois flotté se prête à de nombreuses expressions artistiques :
- Sculptures : silhouettes humaines, animaux, figures abstraites ou totems.
- Art mural : compositions graphiques, masques, tableaux en relief.
- Mobilier et objets décoratifs : lampes, miroirs, étagères, mobiles.
- Land art : installations éphémères intégrées au paysage naturel.
Certains artistes interviennent très peu, se contentant d’assembler ou de souligner une forme. D’autres sculptent, brûlent, peignent ou combinent le bois flotté avec du métal, de la pierre ou du verre.






Le bois flotté n’est pas seulement un matériau : c’est un partenaire de création. Il incarne une vision de l’art où le hasard, la nature et le temps ont voix au chapitre. Un art humble, mais jamais banal — comme quoi, même un bout de bois perdu peut finir encadré.








Sur les sentiers du rugby et de l’art, Jean‑Pierre Rives transpose la fougue du terrain en sculpture : ses œuvres vibrent de mouvement et d’énergie, capturant l’élan des corps et la passion des matchs dans des formes métalliques et sensuelles, comme un vestige d’adrénaline figé pour l’éternité.
Entre collines ardéchoises et ateliers de récupération, Pierre‑Louis Chipon fait parler la ferraille oubliée : ses animaux et personnages prennent vie à partir de vieux outils et morceaux de métal, donnant naissance à une faune insolite qui veille, un peu malicieuse, sur les routes et les paysages ruraux.
Pour prolonger cette exploration de l’art au bord des routes, voir également Rendons visite à André Debru : sur les routes du Larzac et de l’Aveyron, sa faune métallique compose une véritable transhumance immobile, une caravane de créatures familières et fantastiques veillant silencieusement sur les voyageurs.


















