🏝️ Le village de Dorgali
Au matin, nous quittons Orosei, encore assoupie. Les volets sont à peine entrouverts, la lumière hésite, et la route s’élève doucement à l’intérieur des terres. Une trentaine de minutes plus tard, nous atteignons Dorgali, le village, le vrai, celui de la montagne. Direction le centre-ville.
Dorgali ne cherche pas à séduire. Il se dévoile lentement. Les ruelles étroites, les façades de pierre, les places ombragées racontent une Sardaigne intérieure, dense, enracinée. Le village vibre d’un artisanat authentique : bijoux en filigrane patiemment ciselés, poteries aux couleurs chaudes, odeur de pain encore tiède flottant dans l’air du matin. Ici, tout semble à sa place. Une étape vivante, ancrée, profondément sarde.
Autour de la place Sainte-Catherine, quelques peintures murales apparaissent sans éclat tapageur. Elles ne revendiquent rien, ne proclament rien.

Elles accompagnent simplement le lieu. Scènes du quotidien, figures familières, mémoire tranquille d’un monde pastoral toujours présent. Ici, les murs ne crient pas. Ils se souviennent.



Pour mieux comprendre cette mémoire, nous visitons le musée archéologique de Dorgali. Les objets, les vestiges, les récits replacent le village dans une histoire bien plus ancienne que ses pierres apparentes. Une histoire faite de continuités, de passages, d’adaptations. Une introduction idéale avant d’aller à la rencontre du passé à ciel ouvert.
Quelques kilomètres plus loin, la tombe des Géants de S’Ena e Thomes nous attend. Une chambre funéraire préhistorique modeste, presque discrète, mais chargée d’une présence saisissante. Facilement accessible, elle se situe en bordure d’une zone aujourd’hui urbanisée, juste à côté d’une petite route. Le contraste est frappant : des millénaires d’histoire coincés entre l’asphalte et le présent. La Sardaigne rappelle, calmement, qu’elle était là bien avant nous — et qu’elle n’a rien oublié.
La journée se poursuit au parc-musée S’Abba Frisca, véritable respiration verte. Le site est magnifique, parfaitement entretenu, et raconte avec intelligence la flore, la faune et la vie paysanne sarde. Ce n’est pas un musée figé, mais celui d’une famille, fière de ses racines, qui partage avec générosité l’amour de sa terre. Le guide est passionné, parle français et anglais parfaitement, répond à toutes nos questions sans jamais réciter un discours appris. Pour nous, cet endroit est incontournable : il donne des clés, du sens, et une profondeur nouvelle à la terre qui nous accueille.
Puis, plus tard, la route redescend.
Les virages s’ouvrent, l’horizon change, et Cala Gonone apparaît.
Même nom, autre respiration.
Après la retenue minérale de Dorgali, la mer s’impose. La lumière se fait plus franche, l’air plus salin, le regard file vers le large. Ancien village de pêcheurs devenu station balnéaire sans renier son âme, Cala Gonone vit au rythme des bateaux, des criques inaccessibles et des grottes marines. Tout semble plus ouvert, plus mobile, presque léger — mais toujours relié au village d’en haut.
Deux Dorgali, en apparence.
Un seul territoire, en réalité.
La montagne pour les racines. La mer pour l’horizon.
Après la visite de Dorgali, commence une autre aventure.
Plus minérale. Plus verticale.
La route s’enfonce dans le Supramonte, le paysage se resserre, la végétation se fait plus basse, plus rude. Très vite, la roche prend le dessus.

Blanche, tranchante, presque écrasante. La découverte du canyon de Gorropu ne se fait pas d’un coup : elle se mérite.
👉 Direction le canyon de Gorropu








