Flussio

Asphodèles de Tinnura & Flussio

Les villages de Tinnura et Flussio, presque accolés l’un à l’autre, semblent partager un même souffle artistique.
À Tinnura, les fresques racontent la vie paysanne, les traditions et la mémoire du travail. Chaque mur devient un tableau vivant, hommage aux gestes d’autrefois et à la beauté du quotidien.

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À quelques minutes à pied, Flussio prolonge cette atmosphère, mais ici l’art s’exprime à travers la vannerie traditionnelle.

Les femmes du village tressent encore les longues tiges d’asphodèle, plante typique de la région, pour créer des paniers, corbeilles et objets du quotidien. Ce savoir-faire, transmis de génération en génération, unit patience et créativité.


Ici, au pied du Montiferru, l’asphodèle n’est pas qu’une plante sauvage des collines sardes : c’est une matière noble, un lien entre la terre et les mains des femmes qui la travaillent depuis des siècles.

Les longues tiges, fines et pleines de moelle, sont récoltées au printemps, quand la sève monte et que la plante atteint sa taille maximale — près d’un mètre de haut.

Après la coupe, elles sont soigneusement séchées au soleil. En se promenant, on aperçoit souvent ces bottes d’asphodèles alignées contre les murs, le long des ruelles ou sur les trottoirs : tout semble respirer au rythme de la vannerie.


Une fois sèches, les tiges deviennent un matériau souple et résistant, idéal pour fabriquer paniers, corbeilles, couvercles, boîtes ou plateaux.

Ce savoir-faire, transmis de mère en fille, repose sur des gestes précis, presque chorégraphiques. Les doigts tracent des cercles, tressent, nouent, serrent — et peu à peu, sous leurs mouvements patients, naît la “corbula”, le panier traditionnel de Flussio.


Quelques dames âgées continuent encore aujourd’hui à pratiquer cet art, souvent assises devant leur porte, bavardant avec les voisines ou saluant les passants curieux.

Mais il faut se dépêcher d’aller à leur rencontre : ce métier est en voie d’extinction. L’asphodèle demande du temps, de la précision, et ne rapporte plus guère qu’un souvenir à vendre aux visiteurs. Pourtant, ces corbeilles sont bien plus que des objets : elles racontent une manière de vivre, un lien profond avec la nature et une forme d’humilité que le monde moderne a presque oubliée.


En bord de route, quelques boutiques improvisées exposent encore les fruits de cet artisanat : paniers tressés, corbeilles, objets utilitaires ou décoratifs. Tout ici respire l’authenticité, le travail des mains et la mémoire du geste.
À Tinnura & à Flussio, la vannerie n’est pas un folklore : c’est une forme de résistance douce, un art de vivre transmis dans le silence et la lumière du soleil sarde.


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