Le « Berger et ses brebis » de Roquefort-sur-Soulzon

Une ode en métal à l’âme pastorale de Roquefort-sur-Soulzon

Quand on arrive à Roquefort-sur-Soulzon, ce village accroché à la falaise du Combalou, on est d’abord frappé par l’odeur du fromage, ce parfum typique qui rappelle que l’on entre dans un territoire façonné par des siècles d’élevage ovin. Puis, au détour du rond-point de Lauras, c’est une autre signature du pays qui s’impose au regard :
le “Berger et ses brebis”, une sculpture d’André Debru, artiste métallier de l’Aveyron.

André Debru n’est pas de ceux qui polissent leurs créations à la lime fine dans un atelier aseptisé. Son univers est fait de fer soudé, de silhouettes élancées, d’ombres qui racontent la terre, comme un écho de la vie rurale qu’il connaît par cœur. Originaire des Costes-Gozon, il s’est fait un nom dans le paysage artistique régional grâce à ces personnages en métal, souvent grandeur nature, qui semblent à la fois massifs et étonnamment vivants.

Avec le berger, Debru signe l’une de ses œuvres les plus visibles et les plus symboliques.
L’homme est représenté debout, calme, presque magistral, tandis que les brebis, groupées autour de lui, rappellent la structure sociale millénaire de la vallée : le troupeau, le gardien, et cette relation silencieuse qui a nourri tout un territoire.

S’il fallait une sculpture pour raconter Roquefort en un seul regard, ce serait bien celle-ci.
Le fromage AOP, fleuron local, n’existerait pas sans les brebis Lacaune, dont le lait alimente chaque jour les caves qui font la renommée mondiale du village. Le berger, figure presque mythifiée, incarne donc le lien profond entre nature, travail et culture.

À l’entrée de Roquefort, cette œuvre tient lieu de préambule visuel : elle annonce la couleur — ou plutôt la matière. Ici, on vit de la terre, du lait, du vent qui souffle sur le Larzac, et du savoir-faire transmis de génération en génération.

Placée sur un rond-point stratégiquement situé, l’installation interagit avec son environnement :
les falaises au loin, les pâturages en contrebas, les touristes qui ralentissent en se demandant s’ils n’ont pas soudain croisé un troupeau de métal dressé comme pour une veillée. L’humour discret de Debru se glisse parfois dans un angle, une posture, une oreille levée — de quoi apporter une note de légèreté à la scène.

Car si les brebis de Debru ne bêlent pas, elles semblent néanmoins sur le point de trottiner vers quelque pâturage imaginaire. Et le berger, lui, ressemble étrangement à ces hommes du pays : solide, attentif, et avec ce calme profond que donne le travail à l’air libre.

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Un hommage durable, devenu repère local

Aujourd’hui, le « Berger et ses brebis » est plus qu’une sculpture :
c’est un repère, un symbole, et même, pour certains, un rite de passage pour qui arrive à Roquefort. Bien des visiteurs dégainent l’appareil photo avant même d’avoir mis le pied dans une cave d’affinage.

L’œuvre rappelle que l’Aveyron n’a jamais renié ses racines agricoles, et qu’il sait les célébrer sans folklore artificiel : ici, le patrimoine est vécu, travaillé, parfois un peu rude, mais profondément authentique.