Le Bétel au Philippines
Une Tradition Bien Ancrée aux Philippines
La noix d’arec, plus connue sous le nom de noix de bétel, est le fruit du palmier Areca catechu. Depuis des siècles, elle est largement consommée en Asie, notamment en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Vietnam, en Indonésie et aux Philippines. Mais ce n’est pas un simple fruit : elle fait partie d’une véritable tradition sociale et culturelle.
Aux Philippines, et en particulier dans les régions montagneuses comme Banaue, le bétel est appelé « moma ». Les habitants, notamment les Ifugao, ont fait de cette chique un véritable rituel quotidien.
La préparation du Moma : Un rituel bien rodé
La chique de bétel n’est pas qu’une simple noix à mâcher. C’est un mélange de plusieurs éléments soigneusement préparés :
✔ Une noix de bétel, qui donne le goût puissant et la couleur rouge caractéristique.
✔ Une fibre, qui permet de prolonger la mastication et d’extraire un maximum de sucs.
✔ Une feuille de « Hapid », qui sert d’enveloppe pour maintenir tous les ingrédients ensemble.
✔ De l’« apor », une poudre de coquillage pilé (contenant du calcium), qui réagit avec la noix et amplifie son effet.
✔ En option, certains ajoutent un morceau de feuille de tabac pur, pour un effet encore plus intense.
Le rituel est précis : une fois la chique en bouche, on mouille un doigt, on le trempe dans l’apor et on l’essuie dans la bouche. Le contact avec la chique libère alors une sensation de chaleur immédiate.
Des effets puissants et une coutume bien ancrée
Dès les premières secondes, on ressent un effet anesthésiant et antiseptique, accompagné d’une sensation de chaleur qui envahit le corps. Idéal pour affronter les nuits froides de la Cordillère !
Très vite, un excès de salive rouge vif se forme. Et comme tout bon consommateur de moma, on finit par cracher un grand jet rouge sur le sol, sous les regards amusés des locaux. Une scène presque initiatique !
C’est à ce moment-là que l’on comprend l’omniprésence de ces tâches rouges sur les routes, les trottoirs et les murs. Elles sont partout ! Ce sont les traces laissées par des générations de Philippins ayant mâché du moma au fil des siècles.
Un usage aux multiples facettes
Le moma est plus qu’une simple mastication :
✔ Il stimule et évite la fatigue, un peu comme la caféine.
✔ Il aide à supporter le froid en stimulant la circulation sanguine.
✔ Il est considéré comme un antiseptique naturel, utile pour l’hygiène buccale (même si l’abus peut avoir l’effet inverse !).
✔ Il est offert en signe de respect dans certaines régions, notamment lors des rencontres sociales et des cérémonies.
Entre tradition et controverse
Si le moma est ancré dans la culture philippine, son usage soulève aussi des questions. La consommation régulière peut causer des problèmes de santé, notamment au niveau des dents et des gencives, voire des risques de cancer de la bouche à long terme.
Malgré cela, la chique de bétel reste un symbole de convivialité et de tradition, un élément fort du patrimoine culturel des Ifugao et d’autres peuples indigènes des Philippines.
Pour un voyageur, goûter au moma, c’est vivre une expérience authentique, une immersion directe dans la culture locale… et une façon unique de comprendre pourquoi ces taches rouges marquent autant le sol philippin !
