Jaganta

La comarque du Maestrazgo

La comarque du Maestrazgo : Ce secteur est parfois aussi désigné sous le nom plus général de Sierra del Maestrazgo ou Maestrazgo turolense.
Comarque (équivalent d’un petit pays ou territoire historique)


Je leur avais promis une journée détente et découverte. Hier, la journée avait été intense — la dépose de la toiture nous avait laissés les bras lourds mais le cœur léger. Ce matin, le camping nous accueille dans une douceur presque irréelle : fraîcheur matinale, silence à peine troublé par le déversoir du réservoir de Santolea. Ce lieu a vraiment tout pour plaire : piscine accueillante, grands emplacements ombragés, accès direct à l’eau… un petit paradis pour qui cherche à s’échapper un peu du monde.

Le réservoir, construit dans les années 1930, s’étire paresseusement entre les collines, tel un lac oublié par le temps. À mesure que le soleil monte, il révèle des reflets d’argent et d’ardoise, entrecoupés par le vert tendre des forêts alentour.

Notre premier arrêt nous conduit à El Barranco de la Torreta, où l’ancien pont du canyon de Santolea, figé dans le passé, enjambe encore le vide. Là où d’ordinaire s’étend une vaste étendue d’eau, la vallée avait retrouvé son relief. Et surtout, le pont, habituellement noyé sous les eaux, se tenait là, à nu, dressé dans un décor minéral et silencieux.


L’image est saisissante. Le lit du Guadalope serpentait entre des talus effondrés, des troncs blanchis par l’eau, des rochers striés témoignant du niveau jadis atteint par le réservoir. Un paysage presque post-apocalyptique, où le temps semblait suspendu. Et au centre, ce pont, fier et solitaire, vestige muet d’un passé englouti.

Nous avons appris que cet assèchement spectaculaire faisait partie d’un projet d’envergure : la construction d’un nouveau barrage, précisément à l’emplacement du pont actuel.


Plus d’infos et de photos sur le réservoir

Le réservoir de Santolea

Le réservoir de Santolea

Jaganta est entouré d’espaces naturels et artificiels d’une grande beauté. L’un d’entre eux est le réservoir de Santolea. Le Réservoir de Santolea : entre nature sauvage et mémoire engloutie À quelques kilomètres de Jaganta, le réservoir de Santolea s’étend comme…


Le village de Santolea

Un peu plus loin, nous approchons les restes engloutis du village de Santolea. Un lieu de mémoire, de silence, d’émotion. Plus d’infos


La route nous mène ensuite à Ladruñán, et tout autour, les sentiers promettent de jolies surprises. Nous grimpons jusqu’a un l’ancien Convento de San Miguel Arcángel, (morceau de mur) perché sur les hauteurs, dans une grotte naturelle et surnommé aussi:  » la grotte des moines servites« 




Puis vient La Algecira, un minuscule village que Brice a surnommé “le village du serpent”. Pas à cause d’un quelconque danger rampant, non. Juste parce qu’un habitant facétieux — un vieil homme aux yeux pétillants — s’est amusé à le poursuivre avec une couleuvre morte, en rigolant comme un gamin. Il a sursauté, poussé un cri, et toute la scène s’est terminée en éclats de rire. Depuis, le surnom est resté.



À proximité la ferme Luas Miel, on nous fait goûter un miel doré, parfumé, pur comme l’air des montagnes. Un régal. On repart avec un pot et un sourire, la propriétaire nous racontant l’histoire de ses abeilles comme on parlerait d’enfants.


Ensuite direction el Puente Natural de la Fonseca un joyau géologique niché a environ 3 km de la ferme, il s’agit d’un pont naturel formé par l’érosion du calcaire travertinique par le rio Guadalope, qui a sculpté un tunnel à travers la roche, créant une arche spectaculaire où l’eau continue de s’écouler. Un sentier, bien balisé, qui offre des vues imprenables sur les formations rocheuses et la végétation environnante .



Apres avoir longé el rio Guadalope, nous retournons à Ladruñán afin de continuer notre boucle a travers la comarque du Maestrazgo. Nous faisons un passage rapide mais marquant par El Estrecho, un défilé rocheux étroit et spectaculaire, avant de rejoindre les Cuevas de Cañart.


Là, c’est un petit monde à part : Portal de Marzo, l’Ermita de la Virgen de los Pueyos, les ruines du Convento des Monjes Servitas, tout respire la pierre, la foi, l’abandon majestueux. On nous parle d’un projet de via ferrata, suspendue dans les falaises — de quoi rêver à une prochaine aventure plus verticale.


Encore quelques kilomètres et nous atteignons Dos Torres de Mercader, charmant petit village avec son pont médiéval et sa source d’eau potable surnommée Los Baños. L’eau y est claire, presque tiède. On y trempe les pieds, fatigués mais heureux de cette journée bien remplie.



Retour au camping dans la lumière dorée du soir. Les corps sont un peu courbaturés, mais les cœurs pleins. Une bonne nuit nous attend.
Dimanche, Henri et Myriam nous rejoignent à Jaganta pour fêter le 15 août et participer à la peña — ces fêtes populaires hautes en couleur où les habitants se rassemblent en bandes joyeuses pour cuisiner, chanter, danser et célébrer la vie jusque tard dans la nuit.



Santolea un village sous l’eau

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