Sites archéologiques de Sardaigne

Les domus de janas 

Les domus de janas — littéralement « maisons des janas », ces fées ou sorcières du folklore sarde, petites mais visiblement très portées sur l’architecture funéraire — sont des tombes préhistoriques creusées dans la roche, omniprésentes en Sardaigne. On en recense plusieurs milliers, disséminées du nord au sud de l’île, preuve que la mort, déjà, était une affaire sérieuse et bien organisée.

Elles apparaissent dès le Néolithique moyen (vers 4000 av. J.-C.) et s’inscrivent dans la continuité des grottes artificielles développées par la culture de Bonu Ighinu. Leur apogée correspond à la culture d’Ozieri (Néolithique récent), période durant laquelle elles connaissent une diffusion massive et une sophistication remarquable. À ce stade, on ne parle plus de simples trous dans la roche, mais de véritables espaces funéraires structurés.

Certaines domus imitent l’architecture des habitations des vivants :
– portes sculptées,
– faux linteaux,
– piliers,
– banquettes funéraires,
– plafonds gravés, parfois ornés de spirales, cornes taurines ou motifs symboliques liés à la fertilité et au passage vers l’au-delà.
Bref, on n’entrait pas dans la mort à la légère.

Les domus de janas étaient des tombes collectives, utilisées sur de longues périodes. Elles témoignent d’une société déjà complexe, dotée de croyances élaborées sur la vie, la mort et sans doute la renaissance. Le folklore sarde, bien plus tard, leur attribuera ces petites habitantes surnaturelles — les janas — qui y auraient filé l’or et puni les curieux. Une manière élégante de dire : « ceci est ancien, sacré, et on évite d’y toucher ».


Voici une sélection structurée des domus de janas les plus importantes et emblématiques de Sardaigne, à la fois pour leur ampleur, leur état de conservation, leur richesse symbolique ou leur importance archéologique. Disons le « best-of » néolithique, sans billetterie ni audioguide.


1. Anghelu Ruju (Alghero – Nord-Ouest)

QatarSans doute la plus célèbre nécropole de domus de janas de l’île.
Cette nécropole pré-nuragique, vieille de près de 5000 ans, impressionne par ses hypogées creusés dans la roche.

  • Plus de 35 tombes hypogées
  • Décors gravés, notamment des cornes taurines
  • Utilisation prolongée du Néolithique jusqu’à l’âge du Bronze.

2. Sant’Andrea Priu (Bonorva – Nord de la Sardaigne)

  • Environ 20 domus, dont la fameuse Tombe du Chef
  • Espaces vastes, piliers sculptés, salles multiples
  • Réutilisation à l’époque médiévale comme église rupestre
    La preuve qu’un bon plan immobilier traverse les siècles.


3. Monte Siseri (Putifigari – région d’Alghero)

Le site funéraire se compose de quatre domus de janas creusées dans un affleurement de tuf situé au pied de la montagne qui lui a donné son nom.

Parmi celles-ci, celle connue sous le nom de « tombe à l’architecture peinte » ou «de s’incantu » se distingue : l’une des plus spectaculaires de Sardaigne, elle témoigne par la qualité de ses décorations du haut niveau artistique atteint par l’art souterrain sarde au Néolithique .


4. Pottu Codinu (Villanova Monteleone – Nord-Ouest)

Située sur deux affleurements rocheux, dans un paysage de collines et de vallées proches des rivières Temo et Curos, la nécropole comprend neuf hypogées creusés dans la roche.

Elle a été réutilisée à de nombreuses reprises et sur une longue période s’étalant du Néolithique jusqu’à l’époque romaine
Il est probable qu’un village néolithique était installé à proximité de la nécropole bien que l’on n’ait pas encore retrouvé de traces de cet habitat


5. S’Incantu (Putifigari)

Souvent associée au monte Siseri, le site funéraire pré-nuragique de Putifigari, dans la vallée de S’Incantu, constitue l’exemple le plus remarquable d’architecture peinte néolithique en Sardaigne. Les domus de janas, creusées en amphithéâtre dans le tuf rose des pentes du mont Siseri (850 m d’altitude), forment un ensemble spectaculaire.

À l’intérieur, le décor atteint un degré de raffinement exceptionnel : couleurs, symboles et éléments architecturaux traduisent une vision où la demeure des morts reflète fidèlement celle des vivants. Poteaux de soutien, poutres de toiture, fausses portes et marches reproduisent avec précision l’architecture d’une hutte du Néolithique final, faisant de S’Incantu un témoignage unique à la fois funéraire et domestique.


6. Mandra Antine (Thiesi – Logudoro)

La Domus de Janas Mandra Antine fait parti des sites funéraires les plus remarquables du Nord de la Sardaigne.

La nécropole comprend quatre hypogées creusées dans la roche, dont le tombeau III, qui bénéficie aujourd’hui d’une protection particulière. Ces hypogées témoignent de l’architecture funéraire et des pratiques rituelles du Néolithique sarde, illustrant la richesse symbolique et artistique de l’époque.


7. Sa Pala Larga (Bonorva)

Dans la province de Sassari, la commune de Bonorva abrite l’ensemble des domus de janas de Sa Pala Larga, situé dans un environnement naturel d’une grande valeur. Ce cadre privilégié explique l’intense occupation humaine du territoire dès le Néolithique et jusqu’à l’âge du cuivre.

Plusieurs de ces hypogées, particulièrement spectaculaires, présentent une architecture élaborée, enrichie de décorations gravées et peintes. Ces éléments constituent un témoignage exceptionnel de l’art préhistorique sarde et illustrent la richesse symbolique et rituelle des pratiques funéraires de cette période.


8. Mesu ’e Montes (Ossi – Nord de Sassari)

Dix-neuf domus de janas creusées dans la roche au pied du mont Mamas, riches en symboles et en anciens rituels funéraires.

Leurs entrées surplombent l’étroite vallée qui sépare le mont Mamas du mont Mannu voisin. Cette vallée est traversée par un ancien chemin de transhumance qui mène au pied de la paroi rocheuse. En empruntant ce chemin, on jouit d’une vue imprenable sur l’ensemble du site


Les domus de janas ne sont pas de simples tombes, mais un réseau dense et cohérent de paysages funéraires, reflet d’une Sardaigne néolithique structurée, symbolique et profondément spirituelle. Chaque site raconte une variation sur le même thème : comment habiter la mort comme on habitait la vie.

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