
Patrimoine nuragique de Sagama à Scano Montiferro
Les collines de Scano sont truffées de vestiges : fragments de poteries, restes de murs, traces de cabanes circulaires.
Marcher ici, c’est traverser les siècles. Chaque pas évoque une présence, chaque pierre semble avoir un nom.
Le Montiferru, massif volcanique aujourd’hui éteint, a offert à ces peuples anciens une matière première parfaite : la roche basaltique. Dure, dense, stable — elle a servi à tout bâtir : maisons, tours, tombes. C’est elle qui donne au paysage cette couleur sombre et majestueuse, presque mystique.

Aujourd’hui, ces sites se visitent librement. Quelques sentiers balisés permettent de rejoindre les nuraghi principaux, mais le charme du lieu tient aussi à ce sentiment d’isolement.
On avance parmi les herbes hautes, le cri d’un faucon au loin, le parfum du ciste et du romarin. Parfois, un fragment de mur apparaît, une ouverture circulaire, une pierre taillée.
À quelques kilomètres de Sagama, les nuraghi prennent le relais de l’histoire. Ils sont partout.
Plus de quarante rien que sur le territoire de Scano — un chiffre vertigineux pour un si petit territoire.
Nous ne les avons pas tous vus, bien sûr, mais chacun de ceux que nous avons découverts raconte à sa manière un fragment de cette mémoire enfouie : le Nuraghe Ruggiu, le Nuraghe Nuracale, le Nuraghe Mura ‘e Mare, ou encore celui de Barbarighinu, dressé sur sa colline comme un phare de pierre.
🏺 Nuraghe Nuracale
Le plus imposant du territoire, dressé sur une éminence basaltique dominant la vallée.
C’est un nuraghe complexe, avec une tour centrale et plusieurs bastions d’angle. Il offre une vue magnifique sur les collines environnantes et sur la mer au loin.
L’endroit dégage une puissance archaïque, comme si le temps s’y était arrêté.



🏺 Nuraghe Abbauddi
Situé près du Riu Semus, il s’agit d’un nuraghe monotorre, plus simple mais remarquablement conservé.
Ses blocs d’arenaria rouge captent la lumière du soleil couchant et contrastent avec le vert des chênes-lièges.
Autour, on distingue les traces d’un petit habitat circulaire, probable village nuragique.

🏺 Nuraghe Santa Barbara
Entouré d’arbres et d’anciennes terrasses agricoles, ce site a probablement gardé son nom en mémoire d’une petite chapelle voisine.
Les pierres noires du nuraghe émergent à peine entre les murets.
C’est un lieu calme, empreint de spiritualité, parfait pour clore cette exploration.



Un territoire sans fin
Et pourtant, malgré ces découvertes, nous savons bien que nous n’avons fait qu’effleurer la surface.
D’autres tours dorment encore dans la végétation, d’autres villages gisent sous les champs.

Le Montiferru cache ses secrets avec pudeur — il ne les livre qu’à ceux qui prennent le temps de marcher, d’observer, d’écouter.
Entre Sagama et Scano di Montiferro, chaque colline, chaque pierre raconte une part de l’histoire de la Sardaigne.
Un voyage à travers la matière et la mémoire, où la terre parle encore la langue des anciens.

Les moulins de Scano di Montiferro
Avant d’arriver au cœur du village, la vallée du rio Mannu révèle un autre visage de Scano : celui des anciens moulins. Ils étaient autrefois une quarantaine, alignés le long du cours d’eau qui descend des hauteurs du Montiferru. Aujourd’hui, il n’en subsiste que quelques-uns, à demi enfouis sous la végétation, mais leur présence se devine encore à travers les ruines de pierre et les canaux d’irrigation creusés dans le basalte. Ces moulins à eau, qui battaient au rythme des saisons, servaient à moudre le blé et l’orge cultivés sur les terrasses environnantes. Leur clapotement régulier accompagnait la vie du village — un son familier qui s’est tu, mais dont le murmure persiste, porté par le vent entre les châtaigniers et les oliviers.


Autre chemin : le sentier des bandits
Non loin du village, un ancien chemin serpente entre les chênes-lièges et les blocs de basalte : on l’appelle le sentier des bandits. Jadis, il reliait Scano à Santu Lussurgiu, suivant les plis du Montiferru.

Les habitants racontent qu’autrefois, les hors-la-loi s’y réfugiaient, dissimulés dans les ravins et les maquis impénétrables. Aujourd’hui, ce même sentier attire les randonneurs curieux, ceux qui cherchent à sentir sous leurs pas le souffle du passé. Entre silence et vent, on devine encore la trace de ces hommes libres, perdus dans les montagnes de Sardaigne.









S’Istrampu ‘e Alere
À Scano Montiferro, on raconte que les personnes âgées ou les pauvres trouvaient la mort dans « S’Istrampu ‘e Alere« , une falaise profonde sillonnée à son sommet par un ruisseau qui ensuite, surtout en hiver, tombe en une puissante cascade.

Sources de Sant’Antioco
Situées dans un parc à 6 km de Scano di Montiferro , les sources , dont l’aqueduc a été construit en 1959, comptent parmi les plus importantes de Sardaigne. Les eaux naissent de l’aqueduc et s’écoulent par de larges gradins, formant de petites cascades, avant de se jeter dans le Riu Cherche Lighes. Elles tirent leur nom de l’
église voisine du même nom, datant du XVIIe siècle, et alimentent en eau potable plusieurs villages environnants.


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