Haute Corse

Quel est ce village corse?

Quel est ce village corse où même les ruines parlent encore, où l’eau claire, les pierres et les fresques anciennes tissent la trame d’un monde disparu ?

Surplombant la vallée, accroché à un éperon rocheux, un village veille depuis des siècles. Ici, chaque maison, chaque muret, chaque pan de mur conserve la mémoire d’un passé rural et lettré, noble et silencieux. On monte lentement, à pied bien sûr, en suivant les lignes du relief, les rides du temps.

Mais pour comprendre ce village, il faut redescendre.

Pas loin du lit de l’Ostriconi, à l’écart du bourg, une église repose, blottie dans la campagne. C’est San Lurenzu. Elle est là depuis le XIIe siècle, bâtie sur la partie cultivable de la vallée. Une église de plaine, pour un village de crête.

Son plan est d’une simplicité presque archaïque : un rectangle allongé, à vaisseau unique, deux fois plus long que large, terminé par un chœur à chevet plat, légèrement surélevé. Un exemple rare de tradition préromane encore lisible. Et pourtant, ce dépouillement cache une richesse fragile : dans la voûte du chœur, des décors peints, d’une veine populaire et profondément paysanne, témoignent d’une foi humble et colorée.

Juste en dessous, deux placards liturgiques creusés dans le mur, au ras du sol, comme des armoires ouvertes sur un culte disparu.
L’entrée d’origine, à l’ouest, est aujourd’hui bouchée, masquée par une installation agricole. Ne reste que la porte latérale, discrète, dans le mur sud — comme une invitation à entrer sur la pointe des pieds.

Et c’est tout le village qui parle ce langage discret. Celui des casteddi oubliés, comme Mont’a Porretu, perché sur une crête voisine, de villages abandonnés comme Lo Loro, d’oliveraies exploitées jadis par les familles notables, de cheminées d’un autre siècle, de peintures de poètes italiens, de médecins soldats, de curés érudits et de maçons lombards.

C’est un village corse à la fois modeste et profond, tourné vers l’art, vers la terre, vers l’histoire. Et vers ceux qui savent regarder.

Alors ?
Vous l’avez reconnu ?
Ce village, c’est Lama.