
Sardaigne, île des pierres et des légendes : à la découverte de ses trésors archéologiques
La Sardaigne ne se résume pas à ses plages de carte postale. Dès que l’on s’aventure à l’intérieur des terres, on découvre une île différente, mystérieuse, façonnée par des millénaires d’histoire. Ici, une tour nuragique émerge au détour d’une colline ; là, une nécropole creusée dans la roche semble encore veiller sur ses ancêtres. Plus loin, les ruines d’une cité antique dominent la mer, comme suspendues entre le passé et l’éternité.
Au fil de mes voyages, j’ai parcouru ces lieux chargés de mémoire et d’émotion. Chaque site m’a donné l’impression de franchir une porte invisible vers une autre époque. Dans cet article, je vous emmène avec moi à la rencontre des plus grands sites archéologiques de Sardaigne, pour ressentir, comme je l’ai fait, la puissance des civilisations qui ont laissé leur empreinte indélébile sur cette île unique.
Les principaux
- Su Nuraxi de Barumini (UNESCO) – Le site nuragique le plus emblématique, parfaitement conservé, avec son donjon central et son village.
- Anghelu Ruju (près d’Alghero) – Nécropole pré-nuragique avec des dizaines d’hypogées creusés dans la roche.
- Tharros (péninsule du Sinis) – L’ancienne cité phénicienne, puis punique et romaine, en bord de mer, probablement le plus impressionnant site antique de l’île.
- Les Tombes des Géants (Coddu Vecchiu, Li Lolghi, etc.) – Alignements funéraires monumentaux disséminés sur l’île.
- Nuraghe Santu Antine (Torralba) – Le « roi des nuraghes », monument massif et complexe.
- Santa Cristina (Paulilatino) – Avec son puits sacré à l’architecture parfaite, haut lieu du culte nuragique.
Et j’ajouterais aussi :
- Monte d’Accoddi (près de Sassari) – Unique en Europe, une pyramide à gradins de type mésopotamien, datée du Néolithique.
- Nora (près de Pula) – Ancienne cité phénicienne et romaine, avec théâtre, mosaïques et temples face à la mer.
- Tiscali (au cœur du Supramonte) – Village nuragique secret, niché dans un doline, accessible par une randonnée.
- Tamuli (Macomer) – Ensemble archéologique avec tombes des Géants, nuraghes et célèbres menhirs en forme humaine.
Voyager en Sardaigne, c’est accepter de marcher sur les traces des peuples anciens. Tout commence souvent par Su Nuraxi de Barumini, immense village de pierres où l’on se perd dans un labyrinthe de tours et de ruelles, vestige monumental de la civilisation nuragique. Plus au nord, près d’Alghero, les grottes funéraires d’Anghelu Ruju plongent dans un autre temps : ces hypogées, creusés dans la roche il y a plus de 5000 ans, gardent encore le silence des ancêtres. Puis vient Tharros, posée face à la mer sur la péninsule du Sinis. On y marche entre colonnes et ruines, avec l’impression que les Phéniciens, les Puniques et les Romains viennent de quitter les lieux. La Sardaigne est aussi la terre des Tombes des Géants, ces monuments funéraires gigantesques où la légende dit que reposaient des créatures colossales. Au cœur du Logudoro, le nuraghe Santu Antine surgit comme une forteresse invincible : ses couloirs sombres et ses escaliers étroits semblent encore prêts à protéger son peuple. Enfin, non loin de Paulilatino, le sanctuaire de Santa Cristina révèle une autre facette du monde nuragique : celle d’un peuple qui savait parler aux dieux, avec son puits sacré parfaitement aligné aux astres. Chacun de ces sites est une porte ouverte vers un passé qui continue de vibrer dans le présent, et les parcourir, c’est se laisser happer par la force mystérieuse de cette île intemporelle.

Su Nuraxi de Barumini
Au cœur de la Sardaigne, le village nuragique de Su Nuraxi est sans doute le plus impressionnant témoin de la civilisation nuragique. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il dévoile une forteresse centrale entourée d’un vaste réseau de cabanes et de tours. En parcourant ses passages étroits, on a l’impression de remonter le temps, de croiser les habitants de l’époque discutant autour du feu ou se réfugiant derrière ces murailles de pierre. Le silence des lieux, seulement brisé par le vent, donne une force presque mystique à cette visite.

Anghelu Ruju
Non loin d’Alghero, les grottes funéraires d’Anghelu Ruju plongent dans une époque encore plus reculée. Cette nécropole pré-nuragique, vieille de près de 5000 ans, impressionne par ses hypogées creusés dans la roche. En descendant dans ces chambres funéraires, on ressent presque la présence des ancêtres, comme si leurs esprits continuaient de veiller. Les symboles gravés et les objets retrouvés ici racontent une spiritualité profonde, qui liait les vivants aux morts dans une continuité éternelle.

Tharros
Face à la mer, sur la péninsule du Sinis, s’étend Tharros, cité fondée par les Phéniciens avant de passer entre les mains puniques puis romaines. Marcher parmi ses colonnes, ses thermes et ses temples, c’est traverser plusieurs siècles d’histoire en quelques pas. Le bleu intense de la Méditerranée contraste avec les pierres blanches rongées par le sel, et l’on imagine sans peine les navires accostant jadis dans ce port animé. Aujourd’hui, Tharros reste un lieu où le passé dialogue sans cesse avec l’horizon.

Les Tombes des Géants
Un peu partout sur l’île se dressent les Tombes des Géants, ces monuments funéraires nuragiques au nom évocateur. Leur taille imposante et leur architecture en forme d’arc rappellent des portails vers un autre monde.

En se tenant devant ces sépultures, on comprend pourquoi les anciens leur ont prêté des origines mythiques, croyant qu’elles abritaient les corps de créatures colossales. En réalité, elles accueillaient des sépultures collectives, mais le mystère qui les entoure reste intact.

Nuraghe Santu Antine
À Torralba, le nuraghe Santu Antine domine la plaine comme un château intemporel. Construit en blocs massifs de basalte, il impressionne par sa taille et la complexité de ses couloirs internes. En franchissant ses passages étroits et en gravissant ses escaliers, on se sent minuscule face au génie architectural des anciens Sardes. Ce monument, surnommé le “roi des nuraghes”, est sans doute l’un des plus majestueux et des plus fascinants de toute l’île.

Le sanctuaire de Santa Cristina
Enfin, le sanctuaire de Santa Cristina, près de Paulilatino, révèle un autre visage du monde nuragique. Ici, la pierre devient sacrée. Au centre du site, un puits sacré parfaitement taillé et orienté en fonction des astres témoigne d’une connaissance avancée de l’astronomie et de la religion.

Le lieu, encore empreint de spiritualité, invite au silence et à la méditation. On se surprend à imaginer les rituels d’eau qui s’y déroulaient, lorsque la communauté se rassemblait pour invoquer les divinités.

Monte d’Accoddi
Près de Sassari, surgit une construction qui semble venue d’ailleurs : Monte d’Accoddi. Cet édifice en forme de pyramide à gradins rappelle étrangement les ziggourats mésopotamiennes. En gravissant sa rampe, on se demande quel peuple, il y a près de 5 000 ans, a pu édifier un tel monument. Était-ce un lieu de culte, un autel, un observatoire ? Le mystère demeure, mais l’atmosphère singulière qui s’en dégage transporte le visiteur dans un monde où rite et cosmos se confondaient.

Nora
Sur la côte sud, non loin de Cagliari, s’étend Nora, l’une des plus anciennes cités de Sardaigne. Fondée par les Phéniciens, puis embellie par les Romains, elle dévoile aujourd’hui ses mosaïques, son théâtre et ses thermes en bord de mer. Marcher dans ses rues pavées, c’est imaginer la vie trépidante d’un port méditerranéen, avec ses marchands, ses temples et ses habitants venus des quatre coins du monde antique. Quand le soleil se couche sur les ruines, Nora devient un décor presque irréel.

Tiscali
Au cœur du massif du Supramonte, le site de Tiscali se cache dans une doline, invisible de loin. Pour y accéder, il faut suivre un sentier escarpé, comme si l’on partait à la rencontre d’un secret jalousement gardé. Là, à l’intérieur de cette cavité ouverte sur le ciel, subsistent les ruines d’un village nuragique. Le silence, ponctué seulement par le chant des oiseaux, donne au lieu une dimension intemporelle.


Tamuli
À Macomer, l’ensemble archéologique de Tamuli frappe par sa diversité : tombes des Géants, nuraghes et surtout six mystérieux menhirs en forme humaine. Trois masculins, trois féminins, disposés comme une famille pétrifiée dans le temps. Devant ces pierres anthropomorphes, difficile de ne pas sentir une présence, comme si elles continuaient d’habiter ce plateau balayé par le vent. Tamuli est un site à la fois majestueux et troublant, où la frontière entre mythe et réalité devient floue.
Explorer les sites archéologiques de Sardaigne, c’est bien plus qu’une leçon d’histoire : c’est un voyage dans le temps et dans l’âme même de l’île. De Su Nuraxi et ses tours de pierre millénaires à Nora, tournée vers la mer et le monde méditerranéen, chaque lieu dévoile une facette différente de cette terre singulière.
Les hypogées d’Anghelu Ruju, les tombes des Géants et les menhirs de Tamuli rappellent le lien profond entre les anciens Sardes et leurs morts, tandis que le puits sacré de Santa Cristina et le mystère de Monte d’Accoddi témoignent d’une spiritualité tournée vers les astres et les éléments. Enfin, des ruines solennelles de Tharros aux hauteurs secrètes de Tiscali, c’est tout un monde de légendes et de croyances qui s’offre au visiteur.
Au-delà de leurs pierres, ces sites sont des portes ouvertes sur une civilisation fascinante, unique en Europe, dont les échos résonnent encore dans les villages, les traditions et même les paysages. La Sardaigne n’est pas seulement une île de plages et de montagnes : c’est une terre où chaque pas rapproche du passé, où chaque pierre raconte une histoire. S’y rendre, c’est accepter de se laisser surprendre, émerveiller, et, peut-être, de sentir battre le cœur millénaire de la Méditerranée.
