Fontaines qui auraient des pouvoirs de guérison.
Les fontaines à dévotions, les fontaines sacrées, les fontaines miraculeuses, selon les provinces les appellations différent. Pendant très longtemps, elles ont accompagné l’homme en lui apportant le réconfort dans les moments difficiles et des fois, peut être, la guérison de ses maux.
Déjà connues au temps des Gaulois, elles étaient sacralisées par les druides ce qui leur donnaient des pouvoirs guérisseurs et divinatoires. Puis, au fur et à mesure de l’avancée du christianisme, les saints remplacèrent les divinités païennes et la plupart des fontaines furent dédiées à un saint et un oratoire ou une chapelle fut construits à proximité.
La pratique des dévotions s’est toujours maintenue et semble renaître aujourd’hui d’une manière importante, notamment dans les monts de Chalus où la fréquentation des fontaines de Courbefy est importante. L’association Lu pais do Talis et de les levades a dressé un inventaire et recensé nombre de fontaines au pays de Jumilhac et des Monts de Châlus. Un ouvrage a été édité et peut être acquis à la mairie de Saint-Jory ou à celle de Saint-Pierre-de-Frugie pour 5 euros.
Les fontaines de Courbefy
Depuis des siècles, les bonnes fontaines de Courbefy sont sollicitées pour leur pouvoir de guérison. Des croyances loin d’avoir disparu, en témoignent les multiples dévotions sur place.
Le chemin tout en descente est particulièrement escarpé. Mais les nombreux va-et-vient entretiennent naturellement le passage.
Les trois bonnes fontaines de Courbefy sont là, en pleine forêt, distantes de quelques centaines de mètres. Une curieuse atmosphère envahit les visiteurs dès lors qu’ils découvrent les lots de vêtements séchés et décolorés pendus à une croix.
Des pantalons, des chaussures, des chaussettes, une casquette… Autant d’indices qui témoignent du nombre impressionnant de personnes venues ici solliciter les pouvoirs des bonnes fontaines. » Chaque année, le nombre de visiteurs est phénoménal « , confirme Bernard Guilhem, maire délégué de Saint-Nicolas-Courbefy.
» Les gens viennent de loin pour faire des dévotions. Certains viennent avec des bouteilles afin de prendre de l’eau dans les sources. Ce sont souvent des guérisseuses qui les envoient ici « .
Chaque bonne fontaine a ses propres pouvoirs : la première guérirait des convulsions et des rhumatismes, la seconde protégerait les animaux et la troisième est réservée au mal de dents et aux amours.
Chacune est abritée par une petite construction en pierre. Une boîte aux lettres métallique est accrochée aux murs. À l’intérieur, les demandes de guérison se chevauchent. Un simple coup d’oeil sur ces bouts de papier griffonnés donne l’impression de violer l’intimité des visiteurs venus avant nous. Tant de malheurs humains sont contenus dans ces boîtes aux lettres… Impossible de savoir s’il y a vraiment eu des miracles.
Mais les croyances sont toujours très ancrées et pas un jour ne passe à Courbefy sans que des personnes viennent, de plus ou moins loin, pour se recueillir dans la discrétion qu’offre la forêt. La commune prend d’ailleurs un soin particulier à entretenir les accès et à baliser les chemins pour orienter les visiteurs s’aventurant dans le secteur.
Dédiées à saint Eutrope, ces bonnes fontaines ont été bénies par l’évêque de Limoges il y a quelques années après avoir été longtemps ignorées par les représentants du monde catholique. Ce geste permit de consacrer la » reconnaissance » de cet endroit mystique. Un symbole important qui ne fait que rajouter de la crédibilité aux yeux des pratiquants.
Aujourd’hui encore, les bonnes fontaines de Courbefy sont vénérées bien au-delà du Limousin. Malgré l’appréhension qu’elles suscitent lorsqu’on les découvre au milieu des bois, ces fontaines empreintes de mystères symbolisent à elles seules des croyances profondément ancrées dans le monde rural. Des pratiques qui n’ont jamais véritablement disparues.