
Le Panorâmico de Monsanto
Le Panorâmico de Monsanto : ruine, art et mémoire
Le Panorâmico de Monsanto, perché au sommet du parc forestier de Monsanto à Lisbonne, est un lieu chargé d’histoire, de contradictions… et de graffitis. Construit dans les années 1960, il était à l’origine un restaurant de luxe, imaginé pour offrir aux convives une vue époustouflante à 360 degrés sur la capitale portugaise. Mais ce projet ambitieux, voulu par l’ancien maire de Lisbonne, n’a jamais vraiment trouvé son public. Rapidement abandonné, il connaîtra de nombreuses réincarnations au fil des décennies : boîte de nuit, salle de réception, entrepôt, salle de bingo… avant de tomber définitivement à l’abandon dans les années 2000.






Depuis, la nature et les artistes urbains se sont emparés des lieux. L’édifice, délabré mais toujours debout, s’est mué en galerie d’art à ciel ouvert.









Les murs du Panorâmico sont aujourd’hui couverts de fresques, de collages, de pochoirs, de messages… Une véritable explosion de street art, où l’on croise le travail de nombreux graffeurs portugais et internationaux.










C’est un lieu hors du temps, entre ruine urbaine et sanctuaire artistique, avec cette vue imprenable sur Lisbonne, le Tage et le pont du 25 Avril qui s’étire à l’horizon.



Mise à jour Novembre 2022
Le cri de Marielle Franco gravé dans le béton du Panorâmico de Monsanto
En septembre 2018, à l’occasion du Festival Iminente, l’artiste portugais Vhils (Alexandre Farto) réalise au Panorâmico de Monsanto une œuvre puissante qui rend hommage à une figure emblématique : Marielle Franco une sociologue, militante féministe et élue brésilienne assassinée à Rio de Janeiro le 14 mars de la même année. Cette fresque, sculptée dans le béton selon la technique signature de Vhils — mêlant burin et perceuse — rend hommage à une voix muselée, mais jamais effacée.

Marielle Francisco da Silva, dite Marielle Franco, est une sociologue, militante féministe noire, issue des favelas de Rio de Janeiro, et élue municipale du parti de gauche PSOL. Elle a consacré sa vie à la lutte pour les droits des femmes, des minorités, et contre les violences policières. Son assassinat, le 14 mars 2018, dans un attentat ciblé, a bouleversé le Brésil et bien au-delà. Son visage est devenu un symbole mondial de résistance, de justice et de dignité.
En inscrivant le visage de Marielle Franco sur les murs décrépis du Panorâmico, Vhils fait dialoguer deux formes d’abandon : celui d’un bâtiment oublié de la ville, et celui des vies marginalisées que Marielle défendait. Son regard, gravé dans le béton, interpelle, veille et inspire.
👉 Découvrez mon article sur Vhils, le sculpteur de mémoire
Le cri de Marielle Franco, un rendez-vous manqué
🗓️ Lisbonne, 18 et 19 novembre 2022
Je me souviens de cette journée où je voulais revoir le Panorâmico de Monsanto, ce. J’avais en tête la fresque monumentale de Vhils, gravée dans le béton brut : le visage de Marielle Franco.
Mais ce jour-là, le 18 novembre 2022, l’accès m’a été refusé. Une grille bloquait l’entrée, comme si l’endroit, pourtant abandonné depuis longtemps, était soudain devenu interdit. Je n’ai pas compris sur le moment. Déçu, j’ai rebroussé chemin.
Le lendemain, j’ai appris que Luiz Inácio Lula da Silva, tout juste élu à la présidence du Brésil pour un troisième mandat, était en visite officielle à Lisbonne. Coïncidence ? Ou bien était-ce lui qui avait demandé à voir cette fresque, hommage puissant à une figure majeure de la lutte contre les violences policières, le racisme et les inégalités au Brésil ?
Je n’ai jamais su si Lula avait gravi la colline jusqu’au Panorâmico. Mais l’idée me plaît. Celle d’un chef d’État se recueillant quelques instants devant le visage d’une femme qu’on a voulu faire taire, et dont l’écho résonne encore dans le béton fissuré de Lisbonne.
