Street Art Sardaigne

Les murales d’Ottana

Ottana, traditions masquées au cœur de la vallée du Tirso

Nichée dans la vallée fertile du fleuve Tirso, dans la partie ouest de la Province de Nuoro, Ottana est un village qui plonge ses visiteurs dans l’âme la plus ancienne de la Sardaigne. Fondée à l’époque de la civilisation nuragique, la localité est entourée de vestiges préhistoriques : domus de janas, nuraghes et tombes de géants, qui témoignent d’une présence humaine plusieurs millénaires avant notre ère.

Mais si Ottana est connue dans toute l’île, c’est avant tout pour son carnaval, l’un des plus fascinants et authentiques de Sardaigne, au même titre que celui de Mamoiada. Chaque année, les figures masquées des Merdùles, Boes, Porcos, Molentes et Crapolos défilent dans les rues, perpétuant une tradition ancestrale à la fois mystérieuse et spectaculaire.

Les masques traditionnels d’Ottana

  • Les Boes (les bœufs) : vêtus de peaux de bêtes, ils portent de lourds masques en bois représentant des têtes de bovins. Leur rôle est de symboliser la force animale, souvent guidée ou contrainte par les Merdùles.
  • Les Merdùles (les maîtres) : figures humaines vêtues de capes grossières, ils tiennent des cordes ou des chaînes pour diriger les Boes. Leur présence incarne l’autorité de l’homme sur l’animal, mais aussi la lutte constante entre civilisation et nature.
  • Les Porcos (les porcs) : personnages grotesques et bruyants, ils représentent l’excès et la voracité, souvent associés à l’abondance mais aussi au désordre.
  • Les Molentes (les ânes) : plus rares, ils rappellent la dureté de la vie rurale et le rôle de l’animal de bât dans l’économie pastorale traditionnelle.
  • Les Crapolos (les boucs) : symboles de fertilité et d’instinct sauvage, ils introduisent une dimension archaïque liée aux cycles de la nature et à la fécondité.

Ces personnages incarnent un théâtre populaire où se jouent les grands thèmes de la vie pastorale : la force de la nature, la domination de l’homme, le chaos et l’ordre, l’abondance et le manque.

Murales et mémoire visuelle

Ces masques ancestraux ne se révèlent pas seulement lors du carnaval : on les retrouve aussi dans les murales d’Ottana. Peu nombreuses, elles se concentrent surtout dans la Via Libertà et ses alentours, représentant les scènes du carnaval et immortalisant ces figures à la fois inquiétantes et fascinantes.

À ne pas manquer à Ottana

  • Les ateliers de fabrication de masques, où les artisans sculptent encore à la main ces visages en bois, perpétuant une tradition qui allie art et rituel.
  • La splendide Chiesa Romanica di San Nicola (XIIᵉ siècle), chef-d’œuvre en basalte sombre et pierre claire, qui domine le cœur du village.