Autour du Central Market Kuala Lumpur
Un parcours artistique urbain, ludique et engagé
À Kuala Lumpur, il suffit parfois de sortir d’un marché pour entrer dans un musée. Autour du Central Market (Pasar Seni) et de Kasturi Walk, l’espace public s’est transformé en un parcours artistique à ciel ouvert, où la faune locale — réelle ou symbolique — a troqué la jungle pour le métal recyclé.

Ici, pas de cartels savants ni de salles climatisées. Les œuvres se découvrent au détour d’un passage, entre deux étals, dans le va-et-vient des visiteurs. Elles interpellent, amusent, intriguent. Et surtout, elles racontent quelque chose de la Malaisie contemporaine : un pays urbain, créatif, conscient de sa biodiversité… et doté d’un certain sens de la mise en scène.
Le pangolin de Sunda — l’animal que l’on ne voit jamais, sauf ici
Difficile de passer à côté de ce pangolin de Sunda grandeur nature, campé sur son socle comme un manifeste silencieux. Entièrement composé de pièces mécaniques et de métal peint, il attire l’œil par ses écailles iridescentes, presque précieuses.
Choisir le pangolin n’a rien d’anodin. Cet animal discret, nocturne et gravement menacé par le braconnage, devient ici une œuvre publique, exposée en pleine lumière. Une manière élégante de rappeler que certaines espèces disparaissent justement parce qu’on refuse de les voir.

Légende photo – Pangolin
« Le plus discret des mammifères malaisiens devient ici une vedette urbaine. Ironie métallique : il est enfin visible parce qu’il est en danger. »
La tortue — une leçon de lenteur dans une ville pressée
Un peu plus loin, la tortue en métal peint semble avancer à son propre rythme, indifférente à l’agitation alentour. Sa carapace, travaillée avec soin, mêle couleurs vives et formes organiques, contrastant avec la structure industrielle qui la soutient.
Symbole universel de longévité et de sagesse, la tortue agit ici comme un contrepoint à la frénésie urbaine. Elle rappelle, sans discours appuyé, qu’il existe d’autres temporalités que celle des centres commerciaux et des tours de verre.

Légende photo – Tortue
« À deux pas du marché, la tortue rappelle calmement que rien d’essentiel ne se fait dans la précipitation. »
Le paon — l’art de se faire remarquer
Impossible, en revanche, d’ignorer le paon monumental. Sa roue déployée, éclatante de couleurs et de motifs circulaires, semble faite pour capturer tous les regards — et elle y parvient très bien.
Le paon est ici dans son rôle : beauté, fierté, ostentation assumée. Placé à l’entrée de l’espace marchand et culturel, il agit comme un héraut flamboyant, annonçant que l’on entre dans un lieu où l’art n’a pas peur d’être décoratif, ni d’exister dans l’espace public.

Légende photo – Paon
« À Kuala Lumpur, même les paons sont faits de boulons. Et ils n’en sont pas moins conscients de leur pouvoir de séduction. »
Un musée sans murs
Pris ensemble, le pangolin, la tortue et le paon composent une trilogie animale étonnamment cohérente :
- l’espèce menacée,
- le temps long,
- la beauté affichée.
Ce parcours artistique transforme les abords du Central Market en musée sans murs, accessible à tous, gratuit, et parfaitement intégré à la vie quotidienne. Un art urbain qui ne cherche pas à choquer, mais à dialoguer — avec les passants, la ville et la mémoire naturelle du pays.
À Kuala Lumpur, il arrive donc qu’on entre au marché pour acheter des souvenirs… et qu’on en ressorte avec une réflexion sur le monde vivant. Ce qui, au fond, est peut-être le plus beau des achats.
Central Market Kuala Lumpur
Pasar Seni, le cœur culturel de la ville À Kuala Lumpur, le Central Market, plus connu sous son nom malais Pasar Seni, n’est pas qu’un lieu de commerce. C’est une respiration. Un carrefour où l’histoire, l’artisanat, l’art urbain et la…









