Histoire de la ville de Narbonne.
Bien avant les Romains
Avant la conquête romaine, Narbonne était un comptoir commercial rattaché à l’oppidum de Montlaurès (à quatre kilomètres au nord de la ville actuelle).
L’oppidum de Montlaurès semble avoir été la capitale des Élisyques, un peuple autochtone installé de longue date et celtisé. (petit peuple , installé ouvert aux influences ibère, hellénique puis celte, qui a conservé l’essentiel de sa culture jusqu’à la colonisation romaine) .
Narbonne à l’époque romaine (118 av. J.-C. – 5e siècle)
Fondée en 118 av. J.-C. sous le nom de Colonia Narbo Martius, Narbonne est la première colonie romaine hors d’Italie, située stratégiquement sur la Via Domitia, route reliant l’Italie à l’Espagne. Ville portuaire prospère, elle devient rapidement un centre économique, politique et militaire de la Gaule narbonnaise. Le commerce du vin, de l’huile et du blé stimule son économie. Au fil du temps, Narbonne s’orne d’infrastructures romaines typiques : forum, thermes, aqueducs et amphithéâtre. Le déclin de l’Empire romain au 3e siècle plonge la ville dans une ère de troubles avec les invasions barbares qui suivent.
La période wisigothique (413 – 720)
En 413, le roi wisigoth Athaulf entre dans Narbonne où il épouse la princesse romaine Galla Placidia. Sous domination wisigothique, la ville devient un bastion important. En 462, le général romain Agrippinus cède Narbonne aux Wisigoths en échange de leur aide militaire. Après la bataille de Vouillé en 507, où les Wisigoths perdent l’Aquitaine au profit des Francs, Narbonne reste sous leur contrôle grâce à l’aide des Ostrogoths. Le roi Theudis transfère la capitale wisigothique en Espagne, mais Narbonne demeure un centre régional. Les derniers rois wisigoths, Agila II et Ardo, règnent sur la cité lors de l’invasion musulmane du début du 8e siècle.
Période Arabe (719 – 759)
En 719, les troupes omeyyades, composées en grande partie de Berbères, s’emparèrent de Narbonne, marquant le début de l’occupation musulmane dans la région de Septimanie. La ville, rebaptisée Arbunah, devint la capitale du Wâli de Septimanie, une province sous l’autorité du Califat Omeyyade d’Al-Andalus. Cette période marqua une intégration progressive des Maures dans la région, et la population locale cohabita avec les nouveaux arrivants, souvent impliqués dans le commerce.
Les Maures menèrent des raids au nord, notamment vers la vallée du Rhône et l’Aquitaine, jusqu’à ce que la défaite de Poitiers en 732 marque un coup d’arrêt à leur expansion. Narbonne fut alors un bastion stratégique pour les Omeyyades. Toutefois, l’effondrement de la dynastie omeyyade à Damas affaiblit la position musulmane dans la région, facilitant la reconquête par les Francs. En 759, Pépin le Bref reprit Narbonne, mettant fin à près de 40 ans de domination musulmane.
« Nous a t’ont pas enseigné à l’école que les « Arabo-musulmans » avaient fui la France en 732 après la bataille de Poitiers… Est-ce vrai ou faux ?
Mon article vous expliquera que cette interprétation simplifie les faits et ne reflète pas la complexité des événements. En réalité, Narbonne a joué un rôle tout aussi important, voire plus déterminant, dans l’arrêt de l’expansion musulmane en Gaule. Consultez mon article pour plus de détails. »
Invasions et Renaissance Médiévale (9e – 12e siècles)
Narbonne subit de nouvelles invasions avec le pillage des Vikings en 859 sous le chef Hasting, mais elle renoue rapidement avec la prospérité. Sous Charlemagne, la ville retrouve un élan religieux et commercial. La basilique Saint-Paul est construite au 8e siècle, devenant un lieu de pèlerinage pour les Compagnons du Tour de France avec sa fameuse « grenouille de bénitier ». Au 12e siècle, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem fonde une commanderie à Narbonne en 1143, et une chapelle est érigée en 1177.
L’abbaye de Fontfroide, fondée à la fin du 11e siècle, devient un centre religieux de premier plan, notamment dans la lutte contre l’hérésie cathare qui commence à émerger dans la région. Grâce à cette renaissance religieuse et intellectuelle, Narbonne redevient un centre majeur dans le sud de la France.
Croisade des Albigeois (13e siècle)
Le 13e siècle est marqué par la Croisade des Albigeois (1209-1229), une guerre sainte lancée par l’Église contre les Cathares, jugés hérétiques. Narbonne, fidèle à l’Église catholique, devient un centre d’opposition à l’hérésie. L’abbaye de Fontfroide joue un rôle crucial dans la lutte contre les Cathares. Bien que la ville ne soit pas directement touchée par les combats, elle est un bastion des forces catholiques.
C’est aussi au 13e siècle que débute la construction de la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur, en 1272. Avec une voûte culminant à 41 mètres de hauteur, la cathédrale est un chef-d’œuvre de l’architecture gothique. Elle abrite aujourd’hui l’un des plus grands carillons de France, en partie grâce aux cloches de l’église Sainte-Marcienne d’Alger offertes en 1982 par la communauté pied-noir.
Narbonne aux 14e – 16e siècles : Édifices religieux et pouvoir double
Pendant les 14e et 15e siècles, Narbonne voit la construction de son impressionnant Palais des Archevêques, édifié entre le 13e et le 14e siècle. Il devient l’un des ensembles architecturaux les plus remarquables du sud de la France, symbolisant le pouvoir spirituel et séculier. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, Narbonne est dirigée par un double pouvoir : l’archevêque et le vicomte. Ce partage des responsabilités perdure pendant plusieurs siècles, malgré des tensions régulières entre les deux autorités.
En 1515, Jules de Médicis devient archevêque de Narbonne avant d’être élu pape sous le nom de Clément VII en 1523. Ce pontife est connu pour avoir défié l’empereur Charles Quint lors du sac de Rome en 1527 et pour son rôle crucial dans la rupture entre l’Angleterre et l’Église catholique sous Henri VIII.
La période moderne (16e – 19e siècles)
La ville traverse une période de stagnation économique aux 16e et 17e siècles, marquée par des conflits internes et des épidémies. Cependant, l’ouverture du canal de la Robine en 1787, reliant Narbonne au canal du Midi, stimule le commerce local. Au 19e siècle, l’arrivée du chemin de fer en 1857 et l’expansion de la viticulture permettent à Narbonne de renaître économiquement. La ville devient un centre important pour la production viticole, bénéficiant d’une terre fertile et d’un climat méditerranéen favorable.
La révolte viticole de 1907
Le 19 juin 1907, Narbonne est le théâtre de la révolte des vignerons du Languedoc. Face à la crise de surproduction et à l’effondrement des prix, les viticulteurs, confrontés à la ruine, descendent dans la rue sous la conduite de Marcelin Albert. Le mouvement mobilise des centaines de milliers de personnes, réclamant des mesures contre la fraude viticole et l’importation de vins étrangers. La réponse gouvernementale est brutale : l’armée intervient à Narbonne, où des soldats ouvrent le feu sur la foule, faisant plusieurs morts. Cet événement marque un tournant dans l’histoire du Languedoc et conduit à des réformes destinées à protéger la production locale.
Narbonne au 20e siècle.
Le 20e siècle voit une modernisation rapide de Narbonne. En 1960, une usine de traitement de l’uranium est construite, symbolisant l’industrialisation de la région. En parallèle, la ville reste attachée à ses traditions viticoles et à son riche patrimoine historique. En 1982, les cloches de l’église Sainte-Marcienne d’Alger sont installées dans la cathédrale Saint-Just, renforçant le lien entre Narbonne et la communauté pied-noir d’Algérie. Le tourisme, attiré par les monuments comme le Palais des Archevêques, la cathédrale, et l’abbaye de Fontfroide, joue un rôle croissant dans l’économie locale.
Narbonne aujourd’hui
Aujourd’hui, Narbonne allie modernité et tradition. Son patrimoine historique est soigneusement préservé, attirant des visiteurs du monde entier. Les édifices religieux, tels que la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur, le Palais des Archevêques, et l’abbaye de Fontfroide, sont des témoignages vivants de son histoire millénaire. La ville est également un acteur important de la viticulture, exportant ses vins dans le monde entier.
En conclusion, Narbonne, de par son histoire riche et complexe, reste une ville emblématique du sud de la France, fière de son passé tout en étant tournée vers l’avenir.