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De Hanoï à Ho Chi Minh Ville, sur les rails du Transindochinois

Elle existe encore cette fameuse ligne mythique de chemin de fer qui unit le Vietnam du Nord au Sud. Quatre trains quotidiens parcourent cet axe historique.

La gare centrale de Hanoï, de nuit, est une île au cœur d’un océan de bruit. C’est ici que va commencer le voyage.

Pour voyager au plus prêt des habitant du Vietnam, on doit ce tapper 35h à 40h de train. C’est le prix à payer pour connaître l’authentique voie de chemin de fer transindochinoise, un des vestiges industriels de l’ancienne colonie française.

Il importe peu, finalement, de savoir que ce mythique train fut construit dans les années 1930 par les colons français.

Le train va s’arrêter dans toutes les provinces situées sur la ligne ferroviaire, ainsi que les grands centres touristiques du pays tels Hue, Da Nang, Nha Trang…

Il y a 4 classes, siège dur, siège mou, couchette dure et couchette molle, qui eventuellent pouvent être divisés en un certain nombre de sous-classes. Pour les places économiques comme des sièges, la réservation peut se faire à un ou deux jours avant le départ, mais pour les classes supérieures comme des chaises molles ou des couchettes, il vaudra mieux réserver plusieurs jours avant le départ ou passer par une agence de voyage.

Vintage, je suis généreux, vieux est mieux adapté. Les compartiments couchettes n’ont rien à voir avec les photos qu’ils vous vendent dans les agences partout dans la ville.

Nous voilà arrivé à Gare, on doit trouver notre train. On a nos tickets mais les infos dans la gare ne sont vraiment pas claires, lol, pas de panique on va trouver. Sans l’aide de Google traduction et d’une gentil vietnamien, on serait toujours en train de chercher. Notre train est déjà en gare. On est vraiment dans une autre epoque.!!!

C’est fou comme cela me rappelle ma jeunesse. C’est un vieux, un très vieux train, c’est énorme.…Une vieille machine de chez nous. Je n’ai rien contre les vieux objets, mais là, je me demande sérieusement si on va arriver à bon port.. (On devrai regarder et prendre un bateau)

Nous avons choisi une couchette, Le train n’est pas encore parti mais déjà, chacun a investi sa couchette. Les chaussures sont enlevées et les chemises pliées pour ne pas être froissées. Le reste du voyage se fera en marcel, l’ambiance est joviale.

Derniers préparatifs avant le grand départ pour Hô Chi Minh (l’ancienne Saigon).

La corne de brume du vaisseau ferroviaire émet sa longue plainte, avise les retardataires de l’imminence du départ, et avertit les riverains de son passage prochain.

Le train roule à travers Hanoï, le train s’arrête fréquemment pour des pauses imprévues. Certain sont un peu décontenancés par les conditions de voyage, d’autres râle et se plaignent, moi je rigole. Plus de 30h c’est long, donc il vaut mieux en rire. Certain voyageurs commencent leur nuit, chacun à son rythme s’installe.

Je trouve nos couchette petites, il est vrai que les vietnamiens sont petit de taille, sûrement que mes pieds dépasseront du matelas.

C’est vraiment pas grave !! Le train a un avantage incontestable, il nous pernet de rencontrer des locaux. Ceux-ci se montrent d’une générosité et d’une gentillesse incroyables. Même si vous ne parlez pas la même langue, vous pouvez facilement échanger avec eux. Un sourire, un regard, un geste suffisent à se comprendre.

Le train fait partie du folklore vietnamien. 
C’est une expérience à vivre au moins une fois au cours d’un voyage. Il vous permet de rencontrer des habitants et de partager des moments privilégiés. Et cela sera surtout l’occasion de rire de toutes les secousses, d’en prendre plein les yeux devant les paysages et d’optimiser votre temps.

Sur cette voie de chemin de fer qui traverse le Vietnam du Nord au Sud, de nombreux passages ne comportent qu’une seule voie, le conducteur doit être vigilant tout est fait de manière artisanale, sur le bord de la voie on distingue des petites lanternes rouges ou vertes brandies à bout de bras par des employés, c’est les feux rouges de la voie.

À 5h30 le lendemain, le train croise des paysans menant leurs buffles. Déjà, malgré l’heure précoce, la campagne vietnamienne s’agite. Les habitants des villages alentour s’affairent dans les rizières. Au milieu des paddies, se dresse parfois une église immense contrastant avec le paysage très épuré et les toutes petites maisons.

L’heure, où le soleil se lève sur les paysages extraordinaires de la côte entre Hué et Da Nang, est comme un appel à la contemplation. Le regard se régale. Le train longe la côte. Les passagers, touristes et Vietnamiens confondus, s’agglutinent aux fenêtres du couloir pour en profiter. Les montagnes diaprées de grosses fleurs blanches ne sont pas non plus en reste.

Tout est sublimé par le soleil: les reflets dansent sur l’eau et les fleurs tranchent sur le vert presque uniforme des rizières et de la végétation dense des bords de rails. Au bord de l’eau, sont installés des filets surmontés de lampes, pour attirer les poissons la nuit venue. La pêche n’est pas un sport qui se joue à la loyale dans ces contrées où beaucoup de familles souffrent encore de la faim.

Les odeurs de nourriture se font de plus en plus fortes après le passage du chariot de restauration. Pour mieux les supporter, rien de tel que de se joindre au festin. Tout le monde dans le compartiment partage un coin de couchette et de table. Les secousses du train font valser les soupes de nouilles lyophilisées et tous rient en chœur… Merveilleuse Asie.

Après Da Nang, le chef de wagon s’agite pour changer les draps et ranger les compartiments que de nombreux passagers ont quittés. D’autres viendront prendre leur place dans les gares à venir. Il y a finalement peu de voyageurs qui font le trajet sur toute sa longueur de Hanoï à Ho Chi Minh Ville.

Deux tours de cadran, c’est un peu vertigineux. Après 24 heures de train la question s’impose: est-ce 24 heures perdues ou 24 heures d’une richesse inattendue? Difficile d’en juger sur le moment. Voyager ne se quantifie pas. Il n’est pas question de gagner ou de perdre quelque chose mais de se rendre d’un point A à un point B. La distance entre les deux et le temps pour la parcourir échappent définitivement aux logiques comptables pour le pire et le meilleur. Cela n’appartient qu’au voyageur…

Le train arrive finalement en gare de Ho Chi Minh Ville. 34h se sont écoulées depuis notre Depard, une performance admirable sur un trajet de 1726 km.

À 5h30, la ville est déjà une fourmilière. Une ambiance de petit matin se diffuse pourtant dans les rues. Au Vietnam, on se lève tôt pour éviter la chaleur de la journée: il sera toujours temps de faire une sieste à l’heure la plus chaude. Le train crache son flot de passagers plus ou moins froissés par l’aventure. Dans le hall de gare, le Transindochinois nous laisse avec la vertigineuse impression d’avoir roulé sur l’histoire.

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