Sardaigne

Escale en Sardaigne

4 jours à la découverte des plages du nord

Il suffit de quelques heures de ferry depuis Bonifacio pour changer de monde. En à peine 50 minutes, la Sardaigne s’ouvre à nous comme une promesse turquoise. Ce week-end-là, c’était décidé : cap sur les plages du nord, les criques oubliées, les étangs, les rochers lunaires et les falaises rouges. Un city break version grand bleu, entre îles granitiques, vents salés et baignades inoubliables.


Vendredi – L’appel du large : Santa Teresa, Palau et l’archipel de La Maddalena

Départ au petit matin depuis Bonifacio. Le ferry fend les Bouches de Bonifacio, et à 9h30, nous mettons pied à terre à Santa Teresa di Gallura.

Le vent est déjà chaud, les maisons pastel et la lumière éclatante. Pas de temps à perdre : direction Palau, d’où partent les navettes pour l’archipel de La Maddalena.


Le ferry, spacieux et bien organisé, nous embarque rapidement. Le trajet, d’une vingtaine de minutes, est une expérience en soi.


À notre arrivée, La Maddalena nous accueille avec son charme insulaire unique.


Ses ruelles colorées, son port animé, et la promesse d’aventures naturelles nous remplissent d’excitation. La journée s’annonce riche en découvertes.


Après une fin de matinée à flâner dans les ruelles pittoresques de La Maddalena, entre boutiques artisanales et petites places désertées par les touristes, nous ressentons une petite faim.

Mais en ce début mai, l’île semble plongée dans une douce torpeur : la majorité des commerces et restaurants sont fermés. Après plusieurs tentatives infructueuses, nous finissons par trouver une table au restaurant Pescheria – Friggitoria PufferFish, situé près du port.

Si vous aimez les fruits de mer frits copieux, frais, dans une atmosphère décontractée, ça vaut vraiment le détour


Repus et comblés, nous reprenons la route vers 15h pour une découverte en voiture de l’île de La Maddalena. Nous empruntons la Strada Panoramica, un itinéraire sinueux qui épouse les contours de la côte, déroulant à chaque virage des panoramas à couper le souffle : camaïeux de bleus, blocs de granite sculptés par le vent, et petites calanques dissimulées entre les rochers.

👉 Notre premier arrêt : la Spiaggia di Punta Tegge, dominée par les vestiges d’une ancienne base militaire. Cette plage tranquille mêle sable blond, rochers ronds et eau turquoise, et offre un curieux contraste entre beauté naturelle et mémoire défensive. Les anciens bunkers, aujourd’hui abandonnés, rappellent que l’archipel a longtemps été un site stratégique, notamment pendant la Guerre froide.


👉 Deuxième arrêt : la Scogliera di Cava Francese, un site impressionnant de falaises et de carrières de granit blanc, autrefois exploitées pour la construction de monuments en Italie.

Aujourd’hui, le lieu abrite un petit musée en plein air qui retrace l’histoire de l’extraction du granit à La Maddalena.

On y découvre d’anciens outils, des blocs taillés et des photos d’archives qui évoquent la vie des carriers. L’endroit a quelque chose de suspendu dans le temps, avec une vue splendide sur la mer en contrebas.


En chemin, nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour explorer les criques secrètes et les plages sauvages qui ponctuent le littoral. Parmi nos coups de cœur…


👉 Spiaggia Monti D’A Rena : une plage magnifique, spacieuse, baignée par une mer turquoise d’une clarté cristalline. L’endroit invite à la détente, les pieds dans le sable fin, le regard perdu dans l’infini azur.


👉 Spiaggia di Cala Spalmatore : nichée dans une crique bien abritée, cette plage offre un décor paisible où le calme des eaux invite irrésistiblement à la baignade. L’endroit semble suspendu hors du temps, parfait pour une pause douceur.


Tout au long de notre parcours, les panoramas défilent : collines rocheuses, pins maritimes, et vues saisissantes sur les îles voisines, notamment Caprera, que l’on aperçoit à plusieurs reprises, comme une promesse d’aventure plus sauvage.

Le contraste entre la végétation méditerranéenne, les bleus éclatants de la mer et le silence profond de l’île crée une atmosphère presque irréelle. Chaque arrêt devient un moment suspendu : se jeter à l’eau, ou simplement s’asseoir face à l’immensité et laisser le regard se perdre.

Sur La Maddalena, les criques s’enchaînent comme une collection de joyaux : Cala Spalmatore, Cala Francese, Bassa Trinità… Chacune a son charme, sa lumière, sa palette de couleurs unique.


Un peu plus loin, un pont étroit nous conduit à Caprera, l’île sœur de La Maddalena, plus sauvage, plus silencieuse. Ici, les pins maritimes s’inclinent avec grâce au-dessus des criques, et les rochers, polis par le vent et le sel, semblent raconter des légendes oubliées. Une baignade à Cala Coticcio, surnommée “Tahiti” pour la clarté irréelle de ses eaux turquoise, suffit à comprendre pourquoi l’archipel est classé réserve naturelle : chaque recoin semble intact, brut et magique, comme si le temps s’y était arrêté.


Dès notre arrivée sur Caprera, l’atmosphère change. Les routes deviennent plus étroites, bordées par une végétation dense où les pins maritimes se mêlent aux arbustes méditerranéens.

Les criques isolées et les plages désertes, accessibles après de petites randonnées, confirment la réputation de ce havre de tranquillité.

Nous faisons route vers la plage di Cala Garibaldi, l’une des plus connues de l’île.

Club Med Abandonné Urbex

Nous désirons atteindre un site abandonné et pour ceux, nous avons du emprunter une piste discrète située à gauche, juste après la sortie du pont qui relie La Maddalena à Caprera.


La route, bordée de pins et de maquis, nous plonge progressivement dans une ambiance sauvage et isolée. Quelques minutes plus tard, nous arrivons face à l’entrée du village, désormais envahi par la végétation.

Le site, bien que délabré, conserve un charme étrange. Les bâtiments, autrefois vivants de rires et d’activités estivales, sont désormais envahis par la végétation. Les murs fissurés et recouverts de graffitis racontent une histoire d’abandon et de nature reprenant ses droits.

Le lieu dégage une atmosphère étrange. Les petites cases, autrefois animées, sont éparpillées sur plusieurs hectares. Leur architecture simple et fonctionnelle, typique des débuts du Club Med, contraste avec l’état de délabrement actuel. Les toitures en partie effondrées, les murs fissurés, et les sentiers envahis par les herbes témoignent du temps qui a passé.


Non loin de là, la plage di Cala Garibaldi, autrefois cœur vibrant de ce village touristique. Le sable doré et les eaux cristallines n’ont rien perdu de leur attrait, mais les infrastructures sont à l’abandon. Les restes de pontons et quelques structures en béton rappellent le passé animé de cet endroit.


Après la découverte de Cala Garibaldi et ses vestiges d’un tourisme révolu, nous poursuivons notre exploration de Caprera, cette île à la beauté farouche, où nature et histoire militaire se mêlent en un étrange ballet.

Nous commençons par la Batteria Punta Coda, perchée face à l’horizon. L’endroit, aujourd’hui envahi par la végétation, conserve les silhouettes massives de ses tourelles. On devine encore la fonction défensive de ces installations, mais ici, le silence a repris ses droits, seulement troublé par le souffle du vent marin et une vue à couper le souffle.


Un peu plus loin, changement d’ambiance à la plage des chiens, connue officiellement sous le nom d’ARVEPANA Onlus Doggie Beach. Ce petit coin de sable fin, ombragé par des pins, est un havre de liberté pour nos compagnons à quatre pattes. Entre aboiements joyeux et plongeons dans l’eau claire, l’atmosphère y est légère et bienveillante.

Nous mettons ensuite le cap vers le sud, jusqu’à la Batteria di Punta Rossa, puis vers la Fortezza Bastiani, dernier rempart de pierre à l’extrémité de l’île. Ici, les sentiers de randonnée croisent les souvenirs d’un passé militaire : casemates, escaliers taillés dans la roche, vues imprenables sur la mer.


Le promontoire de Punta Rossa déploie un panorama sauvage, où se mêlent falaises escarpées, maquis dense et une mer infinie.

Sur la route du retour, un arrêt s’impose à Cala Andreani, petite plage intime protégée par un croissant de sable blanc. L’eau, calme et limpide, invite à une baignade contemplative. Puis nous atteignons enfin l’une des plus belles plages de l’île : Cala del Relitto.


Au centre de l’île, nous visitons l’Opera Poggio Rasu Inferiore, une autre batterie militaire aujourd’hui à l’abandon, et désormais habitée par les souvenirs et les oiseaux. Le silence y est presque sacré.

Puis vient le moment fort de la journée : la visite du Compendio Garibaldino, le musée consacré à Giuseppe Garibaldi, héros de l’unité italienne, qui a passé les dernières années de sa vie ici, dans une maison simple et pleine de lumière. Le lieu dégage une émotion particulière. On y découvre ses objets personnels, ses armes, ses lettres, et même son lit de mort. Une immersion dans la vie d’un homme hors du commun, au cœur d’un paysage qu’il avait choisi pour son isolement et sa beauté.

Pour finir notre journée, nous garons la voiture près du Coticcio Food & Drink, point de départ vers les batteries de Messa del Cervo et de Candeo. Ces sentiers escarpés offrent de superbes points de vue, et mènent également à une multitude de criques secrètes accessibles uniquement à pied. L’effort est récompensé par la solitude, le bruit des cigales, et la sensation d’avoir atteint un petit bout du monde.


Le soir, nous restons dormir à La Maddalena, sur le port. Un dîner face aux bateaux, les pieds encore salés, et la sensation d’être très loin de tout.


Samedi – Entre surf, étangs et rochers mystiques

Le samedi matin, retour sur la terre ferme. Cap vers le sud-ouest, en longeant la côte. Premier arrêt à Porto Pollo, repaire de surfeurs et de kitesurfers. L’ambiance est détendue, un peu bohème. Le vent souffle, les voiles colorées tracent des arcs sur la mer. Une baignade, un café face aux planches, et on reprend la route.

À quelques kilomètres, changement total d’ambiance : l’étang de Coluccia, aussi appelé Peschiera, offre un paysage paisible, presque silencieux. Des flamants roses parfois, des barques immobiles, des roseaux et une mer qui scintille au loin.

En fin d’après-midi, retour vers Capo Testa, un cap sauvage aux rochers sculptés par le vent. C’est un monde minéral. On se gare, on marche un peu, et on atteint la Valle della Luna, un cirque de granit mythique, fréquenté autrefois par les communautés hippies. Les criques alentour sont idéales pour une dernière baignade du jour, dans une lumière dorée.

Nous rentrons passer la nuit à Santa Teresa, dans une petite pension familiale. L’ambiance est tranquille, presque hors saison. La ville se repose, et nous aussi.


Dimanche – Rena Majore, roches rouges et villages de carte postale

Ce matin, la route nous mène vers l’ouest. Arrêt à Rena Majore, grande plage sauvage aux rouleaux puissants. Puis, après quelques virages, on découvre Monti Russu, une plage large et moins fréquentée, encadrée de collines rousses.

On entre ensuite dans la spectaculaire Costa Paradiso, un village balnéaire étrange, presque camouflé dans la roche. Les criques sont ici encastrées dans des falaises rouges déchiquetées — un régal pour les yeux.

En fin de journée, détour jusqu’à l’île Rossa (Isola Rossa) : petit port tranquille, plage familiale, et un promontoire idéal pour admirer le coucher du soleil.

Le soir, nous nous installons à Castelsardo, un des plus beaux villages côtiers de Sardaigne. Sa citadelle illuminée domine la mer, et les restaurants de poissons offrent une vue splendide sur la côte.


Lundi – Les joyaux du nord-ouest : La Pelosa et l’île d’Asinara

Dernier jour, et pas des moindres. Cap sur Stintino, à l’extrémité nord-ouest de l’île. On y découvre La Pelosa, l’une des plages les plus célèbres de Sardaigne. Sable blanc, eau translucide, tour aragonaise en sentinelle… Un paysage de carte postale, où l’on comprend vite pourquoi la plage est protégée et réglementée.

De là, nous embarquons pour une excursion vers le parc national de l’île d’Asinara, autrefois bagne, aujourd’hui sanctuaire naturel. Ici vivent en liberté des ânes blancs, des tortues, des oiseaux marins. L’île est sauvage, aride, marquée par l’histoire et la lumière. Une balade à pied ou à vélo suffit à se sentir hors du monde.

Le soir, nous dormons à proximité de Porto Torres, pour être prêts pour le ferry du lendemain.


Mardi – Retour à Porto-Vecchio

À 10h30, le ferry quitte Porto Torres. Cap sur Porto-Vecchio, de l’autre côté des Bouches. Le vent a fraîchi, la mer est d’huile. En à peine deux heures, nous voilà revenus en Corse — mais avec le sentiment d’avoir traversé bien plus qu’un bras de mer.


Ce que la Sardaigne nous a laissé

Des criques aux eaux surréalistes,
des villages pleins de charme,
des plages battues par le vent,
des étangs paisibles,
des falaises lunaires,
et cette sensation rare de liberté.

En trois jours et demi à peine, nous avons vu mille visages de la Sardaigne. Il en reste tant à découvrir. Mais ce court voyage, entre rochers rouges et lagons turquoise, aura suffi à graver une certitude : on reviendra.