Mosquée Sheikh Zaye
S’il y a un édifice, une visite à ne pas manquer lors d’un séjour à Abu Dhabi c’est bien celle de la Grande Mosquée Cheikh Zayed.
C’est donc entre deux avions que l’on y est allée y faire un tour.
La ville d’Abu Dhabi est située sur une île et son centre est érigé de gratte-ciels et d’immeubles en construction, à moins de démolir tout un quartier, il n’y avait pas assez de place pour construire la mosquée. Mais le côté opposé de l’île, moins urbanisé offrait assez d’espace pour un tel projet.
La mosquée d’Abu Dhabi à été ouverte en 2007. En 1995, le père fondateur des Émirats Arabes Unis, Sheikh Zayed bin Sultan Al Nahyane avait décidé de construire une mosquée à la hauteur des ambitions de son nouveau pays. En quelques années, il créa une véritable puissance régionale, qu’il dirigea de sa création le 2 décembre 1971 jusqu’à sa mort. Décédé en 2004, il n’aura malheureusement pas vu la fin de la construction et repose désormais en paix à l’intérieur de la mosquée. À travers cet édifice, il voulait offrir à Abu Dhabi, un symbole nationale durable.
Une fois arrivés, on remarque que la blancheur de l’édifice est renforcée par le bleu du ciel. La réverbération étant très importante, il était nécessaire de porter des lunettes de soleil. Au moment de la visite, nous étions début du mois d’avril et les températures atteignaient les 40°, mais pour visiter la mosquée, il convient de respecter les codes vestimentaires. Une laverie collective, située au niveau du parking sous-terrain, nous permet d’emprunter un habit adapté, une abaya pour les femmes et une gandoura pour les hommes. Les femmes doivent également se couvrir la tête.
Il était amusant de voir des personnes du monde entier porter le même accoutrement car en effet, la mosquée Cheikh Zayed est la seule mosquée du pays à être ouverte aux non-musulmans. Elle est accessible tous les jours aux visiteurs, sauf le vendredi, jour où elle est uniquement réservée aux fidèles pour la prière du Dhor. Les autres jours durant les horaires de prière, la mosquée ne ferme pas, seules les salles de prière deviennent inaccessibles.
Nous commençons la visite en déambulant le long des couloirs ouverts sur l’extérieur, entourant la cour centrale de 17 000 m². Les couloirs sont délimités de milliers de colonnes supportant des arches, et en haut de chaque colonne, on retrouve une sculpture couleur or représentant des fleurs de palmier. On ne peut pas marcher au milieu de la cour centrale, mais depuis certains points de vue, on aperçoit les quatre minarets et les quatre-vingt-deux dômes qui composent l’édifice. Tout autour de la galerie, on aperçoit des points d’eau qui permettent d’apporter de la fraicheur mais également de refléter la beauté du bâtiment. La mosquée est entourée de vingt-deux tours munies d’une dizaine de projecteurs tournés en direction du bâtiment permettant de l’éclairer la nuit.
La colonne, l’arche et le dôme constituent le fondement de l’architecture islamique. La base architecturale de la mosquée reste de style marocain mais ses contours sont composés de nombreuses caractéristiques mondiales. Les plus beaux matériaux ont été recherchés aux quatre coins du monde : trente types de marbres différents ont été sélectionnés en Inde, Grèce, Macédoine, Italie et Chine. Mais elle contient également beaucoup d’or, de pierres semi-précieuses, de cristaux et de céramiques.
Pendant sept ans, 2500 personnes ont travaillé dans le désert à des températures extrêmes pour réaliser ce projet visant à devenir un symbole national. L’objectif était de construire la plus grande mosquée des Émirats Arabes Unis. Le résultat devait être spectaculaire, par sa taille mais aussi par sa beauté. La construction commence vers la fin des années 90, sur une surface de 22 000 m². Mais avant de commencer les travaux, une colline de neuf mètres de haut a été érigé pour que la mosquée domine les alentours. Au début, la construction a des difficultés à démarrer mais en 2002, une société anglaise reprend la direction de la 1ère phase de construction : la structure en béton armé de la mosquée. La durabilité était un critère essentiel, compte tenu de l’environnement très corrosif. Le danger vient non seulement des températures extrêmes mais surtout de la salinité de l’air. La mosquée repose alors sur plus de 6000 piliers d’acier, traités pour résister à la corrosion provoquée par l’environnement salin. Ceux-ci sont enfoncés jusqu’à vingt-sept mètres dans le sol à cause des épaisses couches de sable, de boue et de gypse empêchant une bonne stabilisation de l’édifice sans des fondations solides. La construction de l’édifice a nécessité 220 000 m3de béton et 20 000 tonnes d’armatures en acier.
Dôme principal
La première phase de construction a duré sept ans, et s’achève avec la pièce maîtresse du projet : le dôme principal qui est le plus grand dôme de mosquée au monde. Sa hauteur avoisine les soixante-dix mètres, une immense poutre circulaire en béton armé de plus de trente-cinq mètres de diamètre permet de soutenir le dôme, lui même constitué de soixante-douze segments de béton. Les segments sont ajoutés étage par étage et on coule du béton pour assembler le tout. Le dôme est alors entièrement autoportant et est recouvert d’un couvercle en béton armé résistant qui permettra de supporter le poids du lustre central de la mosquée. L’intérieur des dômes est recouvert de plaques de plâtre décorées par des artistes marocains. Toutes les moulures sont d’abord créées à la main, permettant d’avoir des modèles qui sont ensuite numérisés et réalisés par des machines. Ce qui a permis de recréer ces motifs à grande échelle mais tout en conservant leur côté artisanal. Les décorations les plus lourdes pèsent environ 700kg.
Dessin 3D de la mosquée Sheikh Zayed. Dessin : Fantini Group
La première phase de construction est achevée, la structure en béton est prête à recevoir la 2e phase qui concerne les finitions extérieures et intérieures. Il faut donc recouvrir tout l’édifice de marbre blanc et installer le lustre et le gigantesque tapis persan. Le marbre est un matériau souvent utilisé dans l’architecture islamique, notamment pour sa beauté, sa solidité, sa résistance au feu et à l’érosion. Au total, il a fallu utiliser 120 000 m² de marbre qui a dû être traité pour obtenir cette teinte extra blanche. Ils ont utilisé le marbre le plus blanc jamais découvert, comme celui qui a servit pour le Taj Mahal. Pour trouver le marbre de Carrare, il a fallu traverser les continents et l’extraire depuis des carrières en Italie. Pour la mosquée on a eu besoin de gros blocs mais également de tous petits cubes de ce matériau. Il permettra d’orner les murs de la pièce principale de motifs floraux par la disposition de centaines de petits cubes en marbre découpés également en Italie.
Sur toute la surface de l’édifice, intérieure et extérieure il y a d’innombrables décorations sculptées, dont la plupart sont des motifs floraux. L’image que le Sultan avait en tête c’était la mosquée des fleurs, ainsi c’est une agence italienne qui a apporté son savoir-faire pour ces décorations. Ils ont voulu donner une impulsion moderniste mais en respectant le caractère traditionnel des décorations et des finitions. Ils utilisent donc le marbre, la mosaïque et le verre.
Après avoir fait le tour de la galerie extérieure, nous quittons les chaussures à l’entrée de la salle de prière, et nous nous retrouvons dans un hall où les fleurs grimpent le long des murs. On arrive ensuite dans la salle principale, celle qui accueille les hommes pour la prière et où l’on retrouve le dôme principal. Ce dernier supporte un lustre qui ne pèse pas moins de 12 tonnes, mesure dix mètres de diamètre et quinze mètres de haut. Il est constitué d’inox, de feuilles de laiton plaqué or et de plaques de verre incrustées de cristaux Swarovski. La mosquée contient deux autres lustres de huit mètres de diamètre et huit mètres de haut et quatre plus petits de quatre mètres cinquante de diamètre. Donc sept lustres, accrochés aux sept dômes principaux de la mosquée.
Sous le plus grand lustre du monde, il y a le plus grand tapis au monde, il a été dessiné par un artiste Iranien et tissé de l’autre côté du Golfe du Persique en Iran. Il a une surface de 5700 m² et a été entièrement tissé à la main par mille deux cents femmes. Il pèse quarante-sept tonnes dont douze tonnes de coton et le reste en laine. La réalisation aura duré deux ans et aura coûté environ six millions d’euros. Le tapis a été découpé en neuf morceaux lors de sa réalisation qui sont ensuite assemblés sur place par des coutures invisibles donnant l’impression d’avoir un seul grand tapis. On peut y voir des lignes en relief qui guident les fidèles pour se positionner dans la salle au moment de la prière.
La salle principale accueille les hommes pour la prière, elle mesure cinquante mètres sur cinquante-cinq mètres pour quarante-cinq mètres de hauteur jusqu’au dôme. Le plafond est soutenu par vingt-quatre colonnes de trente-trois mètres revêtues de marbre blanc de Macédoine, taillé à Dongguan, en Chine, incrusté de motifs floraux en nacre. Le mur qui donne la direction de la Qibla mesure vingt-trois mètres de haut pour cinquante mètres de large, sa décoration reste sobre et on y retrouve les quatre-vingt-dix-neuf noms d’Allah en calligraphie. L’agence italienne qui s’est occupé de le réaliser, a choisi d’utiliser un marbre particulier présent dans un seul endroit au monde, à Pietrasanta sur la côte ouest d’Italie. C’était le marbre qu’utilisait Michel-Ange. Ce marbre a une couleur plus chaude que celui utilisé dans le reste du bâtiment, cela a donc permis de mettre en avant le mur de prière.
Sources:
– http://www.abudhabimosque.com/en/the-design-pictures.html
– https://abudhabiculture.ae/fr/experience/historic-landmarks/sheikh-zayed-grand-mosque