La Tour de la Madeloc
Accrochée à 652 mètres d’altitude, la Tour de la Madeloc veille depuis le XIIIᵉ siècle sur la Côte Vermeille. Ancienne tour à signaux, elle surveillait jadis la Méditerranée, prête à prévenir les villages de la moindre menace venue du large. Aujourd’hui, elle n’envoie plus de messages de fumée, mais offre un panorama qui coupe le souffle : d’un simple regard, la mer scintille, les Albères ondulent, et les vignobles en terrasses dessinent leurs lignes patientes sur les collines.

Un départ depuis la Batterie 500
Pour éviter les sentiers les plus empruntés, nous avons choisi de commencer la randonnée depuis la Batterie 500, ancien poste militaire dressé au-dessus de Port-Vendres. Le lieu est déjà un belvédère, suspendu entre ciel et mer.

La Batterie 500, c’est un morceau d’histoire, mais peu de randonneurs connaissent vraiment son histoire. Voici ce qu’on peut en dire:
La Batterie 500 : un vestige militaire au-dessus de la mer
Perchée sur une crête du massif des Albères, la Batterie 500 fait partie des nombreuses installations militaires éparpillées dans les collines de la Côte Vermeille. Construite au XIXᵉ siècle puis réaménagée au fil du temps, elle avait un rôle clair : protéger la rade de Port-Vendres, port stratégique depuis l’Antiquité.





Le site porte d’ailleurs un nom évocateur : 500 pour 500 mètres d’altitude, environ, ce qui lui offrait un poste d’observation idéal. D’ici, les militaires surveillaient les mouvements en mer, contrôlaient l’accès à la côte et pouvaient communiquer avec les autres positions défensives grâce à un système de signaux visuels.



La Batterie 500 ne fonctionnait pas seule. Elle était intégrée à une chaîne défensive comprenant :
– la Tour de la Madeloc au-dessus, qui servait de relais et de vigie depuis des siècles,
– les installations côtières de Port-Vendres,
et d’autres batteries des Albères, comme la Batterie de Taillefer ou la Batterie de Kerbla.
Ce maillage permettait de protéger l’un des ports les plus importants du Roussillon, vital pour les échanges commerciaux mais aussi pour l’armée.
Depuis ce point, la montée se fait régulière mais parfois exigeante. Il faut compter 2h30 à 3h aller-retour, avec quelques passages où le souffle se rappelle à vous.
Des panoramas qui se méritent
Dès les premiers mètres, la garrigue s’invite dans la marche. Le parfum de la bruyère, du thym et du romarin se mêle au vent marin. Les pins parasols s’ouvrent comme des ombres protectrices, tandis que le sentier s’enroule autour de la montagne.
À chaque virage, un tableau : d’un côté, la Côte Vermeille, ses criques turquoise et ses ports tranquilles ; de l’autre, les vignes qui grimpent, obstinées, jusqu’aux crêtes.
L’arrivée à la tour est un moment suspendu.

La Tour de la Madeloc : sentinelle du Roussillon depuis sept siècles
Dressée sur son piton rocheux à 652 mètres d’altitude, la Tour de la Madeloc domine la Méditerranée comme une sentinelle immobile. Construite au XIIIᵉ siècle, elle fait partie du système de tours à signaux érigées sous le règne de Jacques II de Majorque pour protéger le Royaume de Majorque, qui englobait alors le Roussillon, le Vallespir et la Cerdagne.
Sa mission ? Voir avant les autres. Repérer les incursions ennemies, surveiller la côte, transmettre l’alerte à la vitesse du vent et du feu.






Un système de communication avant l’heure
La Madeloc n’était pas isolée : elle formait un réseau parfaitement organisé avec d’autres tours de guet, comme :
– la Tour de la Massane au sud,
– la Tour de la Torreille au-dessus d’Argelès,
– la Tour de la Batterie,
– et jusqu’à la grande Tour de l’Horloge à Collioure.
Un ennemi est repéré ? En quelques secondes seulement, des signaux de fumée le jour, de feu la nuit, étaient transmis de sommet en sommet jusqu’aux places fortifiées.
Ancienne antenne télécom avant les antennes : c’était l’Internet du Moyen Âge version Albères.
Une architecture pensée pour durer
La tour est bâtie en pierres locales, avec des murs épais qui défiaient les vents violents de la Tramontane. Elle mesure une vingtaine de mètres de hauteur et se compose de deux niveaux accessibles autrefois par une échelle amovible — un système rudimentaire mais efficace contre les intrusions.
À ses pieds, on peut encore voir :
– les traces des anciennes citernes,
– les restes de bâtiments annexes utilisés par les guetteurs,
– et les murets qui structuraient la zone de défense.
Un panorama qui hypnotise
Marcher jusqu’à la Madeloc, c’est donc découvrir à son sommet l’un des points de vue les plus vastes de toute la Côte Vermeille :
– la Méditerranée à perte de vue,
– les criques turquoise de Port-Vendres et Collioure,
– les vignes en terrasses typiques du Banyuls,
– le massif des Albères qui s’effiloche vers l’Espagne,
– et, quand l’air est limpide, la silhouette sacrée du Canigou, géant des Pyrénées orientales.
On comprend alors pourquoi les royaumes successifs ne pouvaient se passer de cette vigie. De là-haut, rien n’échappe au regard.









Aujourd’hui, la tour n’envoie plus de signaux de feu… mais elle reste un point névralgique. Elle est coiffée d’antennes de télécommunication, perpétuant malgré elle sa vocation de relais et de transmission.
Son charme n’en est pas altéré : la pierre ancienne, le vent puissant, la mer scintillante en bas… tout en elle raconte une histoire de vigilance, de solitude et de grandeur.
Sur le chemin du retour, la fatigue des jambes n’avait aucune prise sur la sérénité gagnée. C’est le genre de randonnée qui laisse une trace douce, comme un sourire intérieur. La Tour de la Madeloc n’est pas seulement une destination : c’est un moment pour respirer profondément, se reconnecter à la nature et se laisser traverser par la beauté brute des Albères.













