
Orgosolo, quand les murs parlent
19 octobre 2021 – Barbagia, Sardaigne
Il y a des lieux qu’on découvre au hasard d’un virage. D’autres qu’on cherche comme des trésors cachés. Orgosolo, lui, m’a trouvé.
Ce jour-là, mon road trip d’un mois autour de la Sardaigne m’avait mené dans les montagnes de la Barbagia, un territoire rude et authentique, loin des plages de carte postale. La route grimpe en lacets à travers les collines, et soudain, un village se dresse, perché comme une sentinelle. Orgosolo.

Ici, les façades ne sont pas seulement en pierre. Elles sont couvertes de peintures, de slogans, de cris. C’est un musée à ciel ouvert, un théâtre d’idées figé dans la chaux.



Je flâne dans la Corso Repubblica, le cœur du village. Chaque pas est une découverte. Un vieux mural noir et blanc montre une révolte étudiante. Les « murales » parlent de politique et de culture, de luttes populaires, de combats internationaux, de justice sociale, de vie quotidienne locale, de revendications d’indépendance de la Sardaigne ou d’illustres bandits sardes.
Ici, le street art n’est pas une décoration : c’est une prise de position.











Les premiers murales d’Orgosolo furent réalisés en 1960 par un groupe d’anarchistes milanais, Dioniso, et en 1975 – à l’occasion des 30 ans de la Résistance et de la Libération de l’Italie du fascisme – par un enseignant (Francesco del Casino) et ses élèves. Ensuite fut un peintre d’Orgosolo, Pasquale Buesca et ses élèves, et plus tard le groupe local « Les Api » (« les Abeilles ») qui a continué à faire des murales à Orgosolo, toujours avec une intention politique. Depuis, la tradition n’a jamais cessé. Orgosolo est devenu un espace d’expression populaire et de mémoire vivante.

Certaines fresques sont militantes, d’autres poétiques. J’en croise une montrant des femmes sardes en costume traditionnel, fières et silencieuses. Plus loin, un mur représente l’exode des migrants en Méditerranée. Un peu plus bas, des enfants jouent sous un figuier peint. Orgosolo raconte le monde, tout en restant profondément enraciné dans son identité.

Ce village autrefois associé au banditisme rural a retourné les stigmates de son passé. Il est aujourd’hui une voix. Une voix forte, colorée, libre. En quittant Orgosolo, je tombe sur une fresque qui dit :
« Chi tace è complice » — Celui qui se tait est complice.
Je repars en silence, avec cette phrase dans la tête. Et le sentiment d’avoir visité bien plus qu’un village : un manifeste.












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