La province de l'île de Phuket

Phuket la ville

Après plusieurs jours à Koh Phi Phi, nous voici à Phuket.
La traversée s’est déroulée sans encombre, malgré l’appréhension de Réglisse face à la mer et aux mouvements du bateau. À l’approche du port, les falaises s’estompent et la silhouette de l’île s’impose : grande, vivante, prometteuse.

Nous débarquons au Rassada Pier (ท่าเรือรัษฎา), l’un des principaux points d’entrée de Phuket. Là, un bus local nous attend, prêt à nous mener jusqu’au Terminal Bus 1, aux portes de la vieille ville.


Ce n’est pas notre première fois à Phuket. Nous avons déjà sillonné ses nombreuses plages, découvert ses petits villages et villages de pêcheurs, croisé ses hôtels abandonnés, foulé la fameuse plage de Patong et ses nuits effervescentes. Nous avons grimpé jusqu’à Laem Promthep pour admirer ses points de vue à couper le souffle, visité ses temples, croisé ses éléphants, assisté au lâcher de tortues — et ses zones d’ombre aussi : la prostitution, les lady boys, les quartiers saturés de touristes, les mobil-homes bruyants et cette frénésie de beuverie qui semble ne jamais s’arrêter.

Mais Phuket City, la capitale historique, nous ne l’avions jamais vraiment explorée.
Nous passions toujours à côté, pressés d’aller ailleurs.

Aujourd’hui, c’est chose faite.
Nos sacs sont posés. Le cœur de la vieille ville s’ouvre à nous.


Phuket Old Town est la ville principale de l’île, qui fait aussi lieu de capitale de la province du même nom.

Phuket Old Town, c’est un autre monde. Un monde loin des plages bondées et des nuits tapageuses. Ici, le bruit s’apaise, le temps ralentit. Les rues sont bordées de maisons sino-portugaises aux façades colorées, parfois défraîchies, souvent magnifiques. Chaque balcon, chaque lanterne, chaque porte sculptée raconte une histoire — celle d’une ville marchande cosmopolite, brassée par les cultures chinoises, malaises, européennes et thaïes.


Dans les ruelles, on croise des cafés de quartier, des petites galeries d’art, des temples chinois discrets et des marchés à l’ancienne. Des enfants jouent à vélo. Des chats dorment au soleil sur les rebords des fenêtres. On est loin, très loin de Patong.

C’est chaleureux, vivant, authentique — et ça fait du bien.
On a l’impression d’avoir enfin découvert le vrai cœur de Phuket.


Ici on est loin de l’effervescence de Bangkok et peu de monde délaisse pour un temps leur plage pour aller explorer les rues de la vieille ville.
Phuket a vraiment une culture unique et une histoire intéressante.
Très en vogue au XVIIIe siècle, grâce à d’importants gisement d’étain beaucoup de chinois Hokkien sont venus tenter leur chance telle une ruée vers l’or.
Ce sont ces Chinois qui ont principalement développé la partie de l’île qui est maintenant désigné comme la vieille ville de Phuket composée d’une poignée de rues qui la rend facile à explorer à pied : Dibuk Road, Thalang Road, Yaowarad Road et Soi Romanee. 


Les routes et rues de Phuket

Quand l’âme sino-portugaise se dévoile au détour d’une arcade

L’épine dorsale du vieux quartier Yaowarad Road.
Yaowarad Road déroule son élégant ruban de shophouses sino-portugaises repeintes dans des tons pastel – bleu lagon, rose bonbon, vert pistache – qui scintillent sous le soleil andaman. Cette artère, souvent confondue avec le Chinatown de Bangkok du même nom, est pourtant bien plus intime : à peine trois cents mètres, mais un concentré d’histoire, de saveurs et de créativité.

Une rue née de l’étain et des diasporas
Au XIXᵉ siècle, la fièvre de l’étain attire des marchands hokkien, portugais ou anglais. Leurs héritages se fondent dans l’architecture sino-portugaise : façades baroques, volets en bois ajouré, arcades couvertes (five-foot way) qui protègent du soleil et des averses tropicales. Aujourd’hui encore, on y marche à l’ombre des piliers comme le faisaient les mineurs d’antan.

Mystère à la Limpanon House
À l’angle de Phang Nga Road, un porche en ogive mène – quand le cadenas n’est pas fermé – à la Limpanon House, manoir abandonné depuis plus d’un siècle. La rumeur veut que des chasseurs de fantômes y aient laissé des offrandes en encens. En journée, seuls les motifs floraux délabrés des balcons et les lianes suffisent à donner des frissons. [Plus]

Pause gourmande sous les arcades

  • Lock Tien Food Court : cantine populaire où goûter le hokkien mee, les crêpes roti ou un rafraîchissant ice kachang pour moins de 60 THB.
  • Da Moreno : pizzas au feu de bois servies dans un ancien comptoir colonial, preuve que Yaowarad aime aussi voyager.

Cafés, galeries et street-art
Plus calme en son autre moitié, la rue aligne boutiques vintage et cafés photogéniques : Endless Summer (grande verrière et frangipaniers centenaires), Art Rendez-Vous (galerie tenue par un Français passionné d’art local). Les fresques voisines – un gigantesque homard, un enfant sur tiffin box – rappellent que Phuket Old Town a fait du mur sa toile.

Quand la rue devient scène
Chaque février, le Old Phuket Town Festival ferme la circulation : parades chinoises, arts martiaux shaolin et concerts traversent Yaowarad avant de filer vers Thalang Road. L’occasion rêvée de photographier les lanternes rouges sans voitures… et de goûter aux snacks de fête jusqu’à tard dans la nuit.

Conseils éclair

  • Lumière : pour des façades éclatantes, arrivez avant 9 h ou après 16 h.
  • Dimanche soir : la Walking Street voisine déborde sur Yaowarad. Attendez-vous à des musiciens et à l’odeur du satay grillé.
  • Mobilité : tout se parcourt à pied. Un songthaew bleu depuis les plages coûte 40 THB et vous dépose au marché municipal.

Que l’on vienne chasser la photo ou dénicher un bol de nouilles introuvable ailleurs, Yaowarad Road prouve qu’à Phuket, l’aventure ne se vit pas qu’au bord de la mer, mais aussi au cœur palpitant de ses ruelles.


Thalang Road, l’historique
Thalang est l’artère la plus ancienne et la plus fréquentée du centre-ville. Elle aligne les shophouses centenaires où l’on trouve encore des artisans du textile, du batik, de l’orfèvrerie… mais aussi des bars et échoppes branchées. Le dimanche soir, elle se transforme en walking street : un marché de nuit festif envahi de stands et de musiciens.


Dibuk Road, la discrète élégante
West Dibuk, récemment rénovée, offre un autre visage du vieux Phuket : façades immaculées, câbles électriques enterrés (chose rare en Thaïlande), atmosphère calme et idéale pour les photos. On y trouve de nombreux restaurants thaïlandais et cafés raffinés.


Située entre Dibuk Road et Thalang Road : Soi Romanee.
Située entre Thalang et Dibuk Road, Soi Romanee fut autrefois une rue de plaisirs – bordels et fumeries d’opium s’y succédaient. Aujourd’hui, c’est un havre romantique aux façades pastel, fréquenté par les amateurs de photos, les jeunes mariés… et les amateurs de jazz live (notamment au Glasnost, le dernier dimanche du mois).
À tester : une glace originale chez Torry’s Ice Cream ou un café sous les lanternes suspendues.

Bonus : nous avons eu la chance d’y louer une maison sino-portugaise entière pour 18 €. Cour intérieure, salon, chambre… un petit paradis.


Phang Nga Road et Ratsada Road : entre street art et lieux de mémoire
Phang Nga Road est parsemée de fresques colorées et de bâtiments coloniaux. On y trouve aussi le Thai Hua Museum, dédié à l’histoire de l’immigration chinoise à Phuket, ou encore le Blue Elephant Mansion, célèbre pour ses cours de cuisine. Non loin, la Ratsada Road recèle d’autres bâtiments patrimoniaux et de galeries discrètes.


Les joyaux cachés : les demeures sino-coloniales
Phuket conserve de magnifiques manoirs nés du boom de l’étain. Certains ont été transformés en musées, jardins d’enfants ou restaurants. D’autres, abandonnés, fascinent par leur splendeur délabrée.
Ces maisons aux porches couverts, puits intérieurs et cours centrales témoignent de la richesse passée de la communauté chinoise hokkien. Certaines possédaient même plusieurs cours, signes d’une grande opulence.


Sanctuaires et mémoire spirituelle
Phuket Town abrite aussi plusieurs sanctuaires chinois, gardiens discrets de l’âme des lieux :

  • Sanctuaire Jui Tui (Soi Phutorn) dédié au dieu végétarien Kiu Wong In
  • Sanctuaire de Pud Jow, plus ancien sanctuaire taoïste de Phuket
  • Sanctuaire Sam San (Krabi Road), construit en 1853 pour la déesse de la mer
  • Sanctuaire Bang Niew, plus récent mais très fréquenté pendant le festival végétarien

À voir aussi :

  • Clock Tower (à ne pas confondre avec celle de Chiang Rai)
  • Phuket Philatelic Museum, installé dans l’ancienne poste
  • Old Siriroj Hospital, premier hôpital privé de l’île (Krabi Road)
  • Musée Taihua, dans l’ancienne Standard Chartered Bank

Phuket Town n’est pas qu’un décor. C’est un monde à part entière, où l’architecture raconte les migrations, où le street-art dialogue avec les traditions, et où chaque façade pastel dissimule une histoire.
Une escale à ne pas manquer, loin des plages mais au plus près de l’âme de l’île.

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