Forêt de Campsoleil
Deux mois plus tard… retour dans le Sidobre
Deux mois après notre dernière sortie, nous voilà de retour dans le Sidobre. Bringot apparaît au bout de la route, toujours aussi calme. On coupe le moteur, et tout devient simple : du granit, des pins, et un silence net.
🔸Le petit hameau de Bringot semble suspendu entre ciel et pierre, c’est la porte d’entrée d’un Sidobre resté vierge, préservé du bruit, de l’exploitation et du passage des foules.

Les lieux ne sont pas très balisé comme les attractions touristique : mieux vaut se renseigner localement et de s’équiper d’un GPS.
🔸On entre dans la forêt de Campsoleil.
Le sol est moelleux sous nos pas, tapissé de feuilles mortes qui bruissent à chaque foulée. L’air est humide, chargé de l’odeur des mousses et du granit, et la lumière du soleil filtre à peine à travers le feuillage dense des chênes et des hêtres. Partout, les pierres sont recouvertes d’un manteau vert, comme si elles avaient été posées là pour attendre le temps.

Le calme est presque total, seulement troublé par le chant lointain d’un oiseau ou le craquement d’un tronc sous le vent. On se sent petit face à ces blocs massifs, polis par les siècles, qui émergent ici et là du tapis végétal. Certains semblent posés par hasard, d’autres comme sculptés pour accueillir les mousses et les fougères. L’endroit a cette atmosphère particulière du Sidobre : à la fois sauvage, mystérieux et apaisant.
Le nom Campsoleil a des racines locales : il s’agit d’un lieu-dit autour de Burlats, connu pour ses étendues de granit et ses carrières historiques. Littéralement, “camp de soleil” évoque peut-être une clairière ensoleillée au milieu des rochers et des bois, ou un endroit où le granit, chauffé par le soleil, prend des reflets dorés. Quoi qu’il en soit, le nom a traversé les générations, et aujourd’hui, parler de la forêt de Campsoleil, c’est évoquer ces sous-bois mystérieux où la pierre et la végétation se mêlent, un petit coin du Sidobre hors du temps.
Les pas deviennent feutrés, et peu à peu, le silence gagne — profond, enveloppant, presque sacré.
C’est là que se trouve le grand tremblant de Campsoleil.
🔸Enfin voici le roi des lieux.
Avec ses 25 mètres de circonférence, il semble défier la gravité.
Posé sur une assise étroite, il se balance doucement lorsqu’on agit sur son levier de bois.
On le connaît, mais sa taille impressionne toujours. On actionne le levier et la pierre vibre légèrement. C’est étrange de ressentir ça sous la main.

On le regarde vibrer, incrédule : la pierre, ici, a quelque chose de vivant.
🔸Plus loin, la forêt se resserre, le deuxième rocher imposant surgit vite : le Tremblant de Nauzières. Massif, posé en équilibre comme si quelqu’un l’avait déposé là. On repense à ce qu’on connaît de lui, à Raymond Nauzières qui guidait les visiteurs jusqu’ici. Il a l’air immobile mais on devine qu’il pourrait bouger, juste un peu.

A proximité d’autres rochers sont présents des formes étranges, des masses inclinées, des silhouettes qu’on devine sans trop chercher à comprendre.
El Muralha de Peyro – La Proue – Tête plate – La pyramide

En quittant le sentier, on tombe sur un ensemble de bloc énorme qu’on appellera le Dormeur de Campsoleil
🔸Rencontre avec le Dormeur de Campsoleil
Il faut parfois s’éloigner un peu du sentier, pousser une branche, accepter de s’enfoncer dans la pénombre fraîche d’un sous-bois pour tomber nez à nez avec l’inattendu. Là, dissimulé comme un secret ancien, repose un colosse assoupi : le Dormeur des Oulos.

À première vue, on croit rêver. Un immense bloc de granit, arrondi comme un crâne, repose délicatement sur ce qui ressemble à un avant-bras de pierre, exactement comme si une tête gigantesque s’était posée là pour une sieste éternelle. La nature a ses caprices, mais celui-ci a tout d’un visage, d’un profil, d’un être qui aurait simplement décidé de s’arrêter, de s’allonger, et de dormir quelques… millénaires.
🔸Un peu plus loin, trois rochers alignés. On suppose que ce sont les Rochers Dumège. L’un d’eux bouge encore quand on appuie dessus, ce qui confirmerait ce qu’on avait lu. Pas besoin d’en dire plus : ils sont là, massifs, sobres.
Le chevalier Alexandre Dumège les mentionnait déjà en 1849 dans “L’Archéologie Pyrénéenne”.
Sous le vent, leurs surfaces polies virent du gris au plomb, puis à l’argent.
On comprend ici combien le Sidobre est un musée naturel à ciel ouvert.

🔸On continue et on tombe sur le Tremblant de Cannaut. Celui-là, pas de doute : c’est bien celui des photos. Empilement chaotique, rocher qui oscille légèrement. Il suffit d’un petit mouvement pour le sentir.

🔸Pour la Balme d’Autanette, c’est une autre histoire. On tourne en rond, on regarde le GPS, on s’avance, on recule. Rien n’est clair. Finalement, on repère l’entrée sous un bloc : une cavité sombre, simple, discrète. On comprend pourquoi il faut chercher.
La légende dit que le vent d’Autan, épris d’elle, transforma les géants qui la convoitaient en pierre et la fit traverser l’Agout pour la protéger.
Ici, la frontière entre réalité et mythe se brouille : la roche parle, et le vent répond.

🔸Las Oulos
En contrebas, d’étranges trous circulaires dans le granit — les “Oulos”.
Vestiges d’une lente érosion, comme des marmites du temps.
On s’y penche avec respect : l’eau, le vent, la patience des millénaires ont sculpté ces formes parfaites.
🔸La Rotule du Géant
En remontant, un rocher nous arrête. Une forme étrange, impossible à nommer sur le moment. Sur place, on se contente de le regarder, perplexes, en tentant d’en saisir le sens. Avec son bombé lisse et son socle creusé, il évoque la rotule d’un géant — une articulation minérale figée là, comme si un colosse s’était un jour effondré dans la forêt. Plus tard, on apprendra qu’il fait partie des rochers Ric

On atteint ensuite une zone où de petites cavités dans la pierre retiennent l’eau : les bénitiers de Campsoleil. Pas grand-chose à dire, mais c’est propre, net, poli par le temps.
🔸Les bénitiers de Campsoleil
De petites cuvettes polies par l’eau — miroirs du ciel après l’averse.
Elles témoignent de la lenteur des forces naturelles, du patient travail de l’eau sur la pierre.

Un peu plus loin, un roc à la forme particulière. Certains l’appellent la Selle arabe, d’autres le Phallus. Chacun y voit ce qu’il veut. Le rocher est là, massif, sans explication.
🔸 La Selle arabe… ou le Phallus
Et celui-ci, alors… la Selle arabe ou le Phallus ?
À chacun son imagination.
Pour moi, c’est un roc audacieux, sculpté par le temps, qui défie le regard et invite au sourire.
Sous chaque angle, il change de visage, comme un acteur silencieux jouant sa scène au milieu du Sidobre.

🔸Retour à Bringot
La boucle se referme.
Le hameau réapparaît, immobile, baigné de lumière.
Derrière nous, les géants de granit s’effacent lentement, mais leurs ombres demeurent dans l’esprit.
Ici, le Sidobre ne se visite pas : il se ressent, il se respire.
Chaque pas dans cette forêt granitique est une rencontre avec la mémoire de la Terre.
Les Lieux les plus importants du Sidobre
- Lacrouzette et le Sidobre
- Le village Lacrouzette
- Sur les traces du petit train du Sidobre
- La Peyro Clabado Lacrouzette
- Le sentier des merveilles et les Rocs de Crémaussel
- Le sentier des Légendes du Sidobre
- Burlats, entre pierre, eau et légende
- Le Chaos de la Rouquette et la grotte Saint-Dominique
- Le rocher tremblant de Sept-Faux
- La Maison du Sidobre : porte d’entrée du territoire
- Le lac du merle – Lacrouzette
- La rivière de rochers — ou le Chaos de Feuillebois
- Sentier de Campsoleil – Forêt des Rochers Tremblants
- Autres rochers du Sidobre
- Carte postale des rochers du Sidobre


