
Monnaie de nécessité.
La monnaie de nécessité (parfois appelée monnaie d’appoint) est un concept économique et historique lié aux périodes où la monnaie officielle faisait défaut ou était insuffisante pour les transactions quotidiennes. Voici une explication complète :
- Définition
La monnaie de nécessité est une monnaie locale ou temporaire émise par une autorité locale, une municipalité, une entreprise ou une banque, utilisée pour faciliter les échanges quand la monnaie nationale est rare.
Elle n’a pas toujours cours légal officiel.
Elle est souvent limitée dans le temps ou dans l’espace.
Elle permet surtout de réaliser des achats essentiels (alimentation, biens de première nécessité, services locaux). - Origine et contexte
Très utilisée pendant les guerres ou crises économiques, par exemple :
Pendant la Première Guerre mondiale, certaines communes françaises ont émis des « billets de nécessité » pour compenser la pénurie de pièces métalliques.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des villes ou entreprises ont émis leur propre monnaie pour faire face aux restrictions et au rationnement.
Dans les entreprises minières ou forestières, on trouvait aussi des bons d’achat ou jetons que les ouvriers pouvaient utiliser dans les magasins de l’entreprise (« monnaie de scrip »). - Caractéristiques
Émission locale ou limitée : par commune, entreprise ou région.
Valeur symbolique ou garantie par l’émetteur : elle n’est pas forcément couverte par de l’or ou des devises officielles.
Usage restreint : généralement pour des achats locaux ou dans un contexte précis (cantines, coopératives, magasins d’entreprise).
Durée limitée : souvent périmée après la crise ou la période d’urgence. - Exemples concrets
Billets municipaux : petites coupures émises par certaines villes françaises pendant la Première Guerre mondiale.
Jetons de cantine ou bons de magasin : utilisés par les entreprises pour payer leurs employés ou faciliter les échanges internes.
Monnaies locales modernes : certaines villes ont relancé l’idée pour favoriser le commerce local (ex. : le Sol-Violette à Toulouse).
💡 En résumé : la monnaie de nécessité est une solution temporaire pour permettre les échanges quand la monnaie officielle manque, souvent émise localement ou par des entreprises, et limitée à un usage précis.
Les monnaies de nécessité Narbonnaise.
Les pièces de nécessité émises par les Chambres de commerce.
Elles apparaissent principalement pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Voici pourquoi :
La pénurie de monnaie divisionnaire
Au début de la guerre, les pièces de nickel, cuivre, argent disparaissent de la circulation.
La population les thésaurisait (les garde par peur de manquer) ou elles étaient retirées par l’État pour financer l’effort de guerre.
Résultat : plus assez de petites coupures pour régler les achats quotidiens (pain, nourriture, transport).
Les billets de la Banque de France existaient, mais seulement en grosses coupures (50 F, 100 F, 500 F et plus).
Pour payer un café, un repas ou un ticket de tramway, c’était impossible sans petite monnaie.
Les Chambres de commerce ont alors été autorisées à émettre des bons de nécessité (souvent en petites valeurs : 50 centimes, 1 franc, 2 francs, etc.).
Ces jetons portaient la mention de la Chambre de commerce émettrice, qui garantissait leur remboursement en vraie monnaie dès que la situation monétaire le permettrait.
Leur circulation était locale ou régionale


La fin de ces émissions
Après la guerre, l’État et la Banque de France ont réintroduit progressivement des pièces et des billets de petite valeur.
Les pièces/billets de nécessité ont alors été retirés de la circulation et remboursés.
Ils restent aujourd’hui des témoignages historiques et des objets de collection.
💡 En résumé : les Chambres de commerce ont émis des pièces et billets de nécessité pour pallier le manque de petite monnaie pendant la guerre, afin que la vie économique locale puisse continuer malgré la crise monétaire.
Pièce de nécessité émise par le grand magasin « Aux Dames de France »

Utilisée comme monnaie d’appoint au début du XXᵉ siècle, elle illustre l’essor des grands magasins et l’importance du commerce moderne dans la vie quotidienne
Pieces de nécessité du Café des 89 départements

Pièce de nécessité du Grand Café Charles, également connu sous le nom de Café des 89 départements. L’établissement conserva cette appellation, bien que la France n’en comptât plus que 86 après la défaite de 1870.
Jeton de nécessité “À l’Aiglon” – Narbonne.
Probablement émis par un café ou commerce du centre-ville au début du XXᵉ siècle, ce bon d’appoint illustre la vitalité du petit commerce narbonnais et l’usage courant des monnaies privées en complément des pièces officielles

« L’Aiglon » est un nom très répandu à la Belle Époque et après : il fait référence au fils de Napoléon Ier (le duc de Reichstadt, surnommé l’Aiglon).

De nombreux cafés, brasseries, hôtels, théâtres ont pris ce nom prestigieux en France pour évoquer grandeur et élégance.
À Narbonne, il est probable que « À l’Aiglon » ait été un café ou un commerce de standing situé en centre-ville.
Les jetons du Grand Café Glacier Saturnin.
Malgré de longues recherches dans les annuaires, la presse locale et les archives en ligne, je n’ai trouvé aucune trace directe du Grand Café Glacier Saturnin ou de son probable propriétaire Elie Saturnin. Seuls subsistent aujourd’hui les jetons de nécessité, témoins matériels de ce commerce disparu, mais aucun document précis ne permet de situer l’adresse ou la période exacte de son activité.

Ces jetons remplaçaient la petite monnaie et servaient pour les cafés ou glaces. Aujourd’hui, ils sont de précieux témoins du commerce et de la vie quotidienne à Narbonne, et très recherchés par les collectionneurs.
Ces jetons sont bien plus que de simples morceaux de métal : ce sont des empreintes du passé, reliant le commerce, la ville et ses habitants à travers un objet tangible.



Les jetons émis par la Maison Milhaud
Bien que les jetons témoignent de l’activité commerciale de la Maison Milhaud, les archives disponibles ne fournissent pas de détails supplémentaires sur l’emplacement exact du magasin ou sur son propriétaire.

Ainsi, la Maison Milhaud demeure une figure emblématique du commerce local de l’époque, mais les informations la concernant restent limitées.
Les pieces de nécessité du Café Continental

Le café Continental se trouvait à l’angle du cours de la République et de la rue Marcelin Coural. (Aujourd’hui LCL).

Dans les premières décennies du XXᵉ siècle, les cafés étaient souvent le siège de sociétés, de clubs et de cercles divers, exclusivement fréquentés par les hommes
Les pieces de nécessité de l’Alcazar

Pièce de nécessité de l’Alcazar, situé rue Rossini : cette salle polyvalente, tour à tour théâtre, salle de concert, music-hall et dancing, faisait vibrer le cœur de Narbonne dans une atmosphère joyeuse et populaire, animée par de jeunes danseuses et chanteuses aux mœurs légères.

