Urzulei et ses murales en noir et blanc
Au matin, nous descendons vers Orosei, blotti entre mer et montagne.
Son centre historique dévoile ses églises baroques, ses placettes à l’ombre des orangers et ses ruelles paisibles. L’atmosphère y est douce, presque méditative. Un arrêt léger, parfumé de sel et de fleurs, comme une respiration avant de reprendre la route.
Puis cap sur Dorgali, porte d’entrée vers les merveilles naturelles du Golfe d’Orosei.
Le village vibre d’un artisanat authentique : bijoux en filigrane ciselés avec patience, poteries aux couleurs chaudes, et senteurs de pain encore tiède qui flottent dans les ruelles. C’est ici que commence une autre aventure, plus minérale celle-ci : la découverte du canyon de Gorropu.
Nous grimpons à bord d’un 4×4 pour rejoindre l’accès aux Gola di Gorropu, l’un des plus grands canyons d’Europe.
La descente vers le sentier est spectaculaire : les reliefs se resserrent, la lumière change, et la terre devient blanche sous nos pas, presque lunaire. Puis vient la marche, lovée entre deux parois titanesques qui se dressent à plus de 400 mètres au-dessus de nous. Le silence y est dense, presque sacré. Chaque pas résonne dans ce monde minéral où la nature semble avoir sculpté son œuvre la plus austère et la plus majestueuse.
En remontant vers la civilisation, un autre visage de la Barbagia nous attend : Urzulei.
En arrivant à Urzulei, on est immédiatement frappé par la beauté brute de la Barbagia. Le relief accidenté, les montagnes qui se dressent tout autour, et les centaines de grottes disséminées sur le territoire donnent au village un air presque secret, comme un trésor caché au cœur de la Sardaigne.
Perché au milieu de montagnes traversées de grottes — on en dénombre près de 300 — le village offre une transition délicate entre la sauvagerie des paysages et l’humanité de ses traditions.
Mais Urzulei n’est pas seulement un village de pierre et de roches : il est aussi le théâtre du plus grand tournoi de murra de l’île. Ce jeu de doigts ancestral, appelé morra en italien et mourre en français, réunit les habitants dans des parties rapides et intenses, où la dextérité et l’esprit s’affrontent. On peut presque entendre, en se promenant dans les rues, les exclamations et les rires qui résonnent lors des tournois.
Les murs du village racontent eux aussi des histoires. Ici, les murales sont presque toutes en noir et blanc, un choix qui leur donne un caractère intemporel et élégant. En vous promenant, vous découvrirez des scènes de la vie quotidienne, des traditions locales comme la murra, ou encore des portraits de personnages marquants. Chaque fresque est inspirée de photographies anciennes, et l’on a le sentiment que le passé d’Urzulei se déploie devant nos yeux.
Pour se laisser surprendre par ces œuvres, il n’y a pas de parcours précis. Commencez par l’Anfiteatro, puis laissez-vous guider par le hasard des ruelles étroites. À chaque coin de rue, un mur peut révéler une scène qui vous fait sourire, réfléchir ou simplement admirer le talent des artistes locaux. À Urzulei, l’art et la mémoire se rencontrent, et chaque promenade devient un voyage dans le temps.













