6) Un weekend à Paris

Le plus vieux graffiti de Paris

C’est au cœur du Marais que se cache une inscription insolite gravée dans la pierre : “1764 NICOLAS”. Mais où se trouve exactement cette épigraphe ? Qui en est l’auteur ? Comment et pourquoi a-t-elle été gravée ? Plongeons dans l’histoire fascinante de ce graffiti, le plus ancien de la capitale !

Cette inscription est visible sur l’arcade extérieure du pilier situé entre les numéros 11 et 13 de la place des Vosges. Elle date de 1764, une époque où la place, construite en 1605, était encore appelée Place Royale. Ce graffiti serait l’œuvre de Nicolas-Edme Restif de la Bretonne, un écrivain excentrique connu pour ses récits galants et sa passion pour la gravure.

Restif de la Bretonne, né en 1734 dans une famille modeste du Yonne, s’installe à Paris en 1759 après un apprentissage chez un imprimeur à Auxerre. À Paris, il travaille comme typographe à l’Imprimerie Royale de Paris, située au Palais du Louvre. En parallèle, il commence à écrire des histoires érotiques inspirées de ses propres aventures et à graver ses pensées sur les murs de la ville.

Surnommé “le Griffon”, Restif de la Bretonne passe des décennies à graver des inscriptions sur les murs de Paris, utilisant des clés et des fers pour ses œuvres nocturnes. Dans son journal intime, intitulé « Mes inscriptions » et écrit dans les années 1780, il mentionne les centaines de graffitis gravés sur l’Île Saint-Louis, dédiés à son amour pour Sara, la fille de sa logeuse. Bien que la plupart de ses œuvres aient disparu, l’inscription de la place des Vosges est la seule à avoir survécu.

Son journal intime, retrouvé dans le dépôt des Archives de la Bastille, explique ses motivations : « Je la fis dans cette idée : verrai-je cette marque l’année prochaine ? Il me semble que, si je la revoyais, j’éprouverais un sentiment de plaisir, et le plaisir est si rare, vers l’automne de la vie, qu’il est bien permis d’en rechercher les occasions ». Aujourd’hui, bien que Restif de la Bretonne ne puisse plus contempler son inscription, des centaines de Parisiens passent devant chaque jour… et certains lui prêtent même attention !