*Spibec

Les femmes tamoules du Sri Lanka

Les femmes tamoules du Sri Lanka, en particulier celles travaillant dans les plantations de thé, mènent une vie souvent marquée par des conditions socio-économiques difficiles. La majorité de ces femmes appartiennent à la communauté tamoule d’origine indienne, descendantes des travailleurs amenés par les colons britanniques au XIXe siècle pour cultiver le thé. Leurs ancêtres, installés principalement dans les montagnes du centre, ont créé une communauté qui reste, encore aujourd’hui, largement marginalisée.

Travail dans les plantations de thé

Leur quotidien est rythmé par le travail dans les vastes plantations de thé, où elles passent de longues heures, courbées, à cueillir les feuilles de thé. Ce travail est physiquement éprouvant : les femmes doivent porter de lourds paniers, attachés à leur front ou à leur dos, tout en respectant des quotas de production stricts pour être payées. Une cueilleuse doit généralement ramasser entre 18 et 20 kilos de feuilles par jour pour recevoir un salaire journalier, qui est souvent bien en deçà des niveaux de subsistance.

Le salaire moyen d’une cueilleuse de thé est très bas, souvent autour de 700 à 1 000 roupies par jour (environ 4 à 5 euros), insuffisant pour subvenir aux besoins d’une famille. Les cueilleuses sont donc parmi les travailleuses les plus mal payées du Sri Lanka, ce qui perpétue leur pauvreté génération après génération.

Conditions de vie

Les conditions de vie dans les plantations sont souvent précaires. Les familles vivent dans des logements rudimentaires fournis par les compagnies de thé, souvent dans des dortoirs partagés appelés « lines ». Ces habitations manquent fréquemment d’accès à l’eau potable, d’assainissement adéquat et d’électricité. L’accès à l’éducation est limité, bien que les générations plus jeunes aient aujourd’hui plus d’opportunités grâce à quelques programmes d’aide.

Discrimination et exploitation

Les femmes tamoules souffrent également de diverses formes de discrimination. Issues d’une minorité ethnique et souvent non reconnues comme citoyennes à part entière avant les réformes de la fin du XXe siècle, elles sont marginalisées sur le plan économique et social. Elles sont aussi vulnérables aux abus physiques et sexuels, que ce soit sur leur lieu de travail ou au sein de leur foyer. Les contremaîtres exercent souvent une autorité abusive sur ces travailleuses, renforçant un système d’exploitation basé sur la peur.

Résilience et solidarité

Malgré ces difficultés, les femmes tamoules montrent une résilience remarquable. Elles ont développé un fort esprit de communauté et de solidarité entre elles, ce qui leur permet de faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Dans certaines régions, elles participent à des syndicats ou des mouvements sociaux qui cherchent à améliorer leurs droits et leurs conditions de travail. Ces initiatives visent à sensibiliser le public à leur situation et à obtenir des augmentations de salaires ainsi que de meilleures conditions de vie dans les plantations.

En parallèle, quelques organisations non-gouvernementales se sont mobilisées pour offrir des programmes d’éducation et des services de santé dans les zones rurales où vivent ces travailleuses. Ces efforts tentent de briser le cycle de pauvreté auquel les femmes tamoules et leurs familles sont confrontées depuis des générations.

Espoirs pour l’avenir

Alors que l’économie du Sri Lanka évolue et que la pression internationale monte pour améliorer les droits des travailleurs, il existe un espoir que les conditions de vie et de travail des cueilleuses de thé tamoules s’améliorent. Cependant, le chemin reste long pour que ces femmes puissent jouir des mêmes droits et opportunités que les autres citoyens sri-lankais.

Leur lutte pour la justice sociale et économique symbolise le combat des populations marginalisées à travers le monde, et rappelle l’importance de se sensibiliser aux conditions de vie des personnes qui, souvent dans l’ombre, contribuent à des industries prospères comme celle du thé.