Douze jours de vadrouille entre France et Italie

En fin de matinée, nous débutons notre périple au sanatorium du Grau-du-Roi. Construit dans les années 1930, il accueillait autrefois les malades respiratoires venus chercher l’air marin pour se soigner.

Aujourd’hui, c’est une immense carcasse rongée par le sel, le vent et le temps.
👉 Visite de la carcasse du sanatorium

Avant de rejoindre notre prochaine étape, nous faisons un court arrêt au pont Van Gogh, aussi appelé pont de Langlois, près d’Arles. Immortalisé par le peintre en 1888, ce petit pont de bois, simple et rural, semble encore flotter hors du temps, comme une passerelle entre art et réalité.

Nous gagnons ensuite le château de la tour d’Aling. Rien de médiéval ici, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire : il s’agit d’un ancien domaine transformé au fil du temps, aujourd’hui dans un état déplorable. Une partie du toit s’est effondrée, la grande salle est taguée et dévastée, mais quelques éléments subsistent, vestiges d’une grandeur passée. L’endroit, aussi fascinant que fragile, mérite qu’on s’y attarde… mais pas trop. Car la propriété n’est pas totalement déserte : elle est gardée par le responsable du domaine, qui préfère rester discret et garder l’anonymat. Sa présence rappelle que, même dans l’oubli, certains lieux ont encore leurs gardiens.
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En milieu d’après-midi, direction Lamanon, où s’étend le site troglodytique des grottes de Calès. Creusées dans la falaise de molasse, ces habitations rupestres rappellent un mode de vie ancien, entre chapelles et escaliers de pierre. Le calme des lieux tranche avec le chaos du domaine abandonné précédent, comme une respiration dans le voyage.
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La journée s’achève à Velleron, devant les murs désolés de l’hôtel-discothèque Le Zoom. Autrefois lieu de fête et de musique, il n’est plus qu’une carcasse recouverte de graffitis et de bris de verre. Le coucher du soleil colore encore les façades, offrant un dernier clin d’œil à un lieu qui vibrait jadis au rythme des nuits folles.
👉 Première nuit à Velleron, marquée par un fil conducteur : l’oubli, décliné tour à tour dans la médecine, l’art, l’architecture et la fête.

Jour 2 – Vers les Hautes-Alpes
La route nous mène à Gap, puis à Briançon, perchée à 1 326 m. Ses fortifications de Vauban, classées à l’UNESCO, donnent à la ville un air de citadelle imprenable.
Mais c’est avec Patrick, le conteur Azerro, que la journée prend toute sa saveur. Il nous guide dans les ruelles, entre anecdotes, légendes et récits, rendant les pierres plus vivantes que jamais.
👉 Découverte et nuit à Briançon.

Jour 3 – Première immersion à Turin
Dès 9h, nous franchissons la frontière et arrivons à Turin. La ville impressionne par sa rigueur architecturale, héritée des ducs de Savoie.
Nous commençons par la Piazza Castello et le Palazzo Reale, symbole du pouvoir. La Mole Antonelliana, avec son musée du cinéma, nous offre une vue à couper le souffle. Le soir, nous découvrons pour la première fois le bicerin, boisson chaude à base de café, chocolat et crème, dans l’ambiance feutrée d’un café historique.
👉 Nuit à Turin.

Jour 4 – Turin côté musées et flâneries
La journée est consacrée au Museo Egizio, l’un des plus importants au monde. Sarcophages, statues, papyrus : un voyage hors du temps.
L’après-midi, nous flânons dans le Parco del Valentino, au bord du Pô. Le château et le petit village médiéval reconstitué donnent un charme particulier à la promenade. Turin se dévoile aussi dans ses cafés élégants et ses places où il fait bon observer la vie italienne.
👉 Nuit à Turin.

Jour 5 – Turin, entre modernité et traditions
Nous partons vers le Lingotto, ancienne usine Fiat devenue centre culturel. Monter sur son toit, là où se trouvait jadis la piste d’essai automobile, est une expérience unique.
Le marché Porta Palazzo nous ouvre l’appétit avec ses étals colorés, ses fromages piémontais et ses charcuteries. Le soir, une trattoria nous accueille autour de pâtes fraîches et de vins locaux. Trois jours n’étaient pas de trop pour sentir battre le cœur de Turin.
👉 Dernière nuit à Turin.

Jour 6 – Entre patrimoine et silence
Nous quittons Turin pour gagner la plaine du Pô. Premier arrêt : le hameau Leri Cavour, ancienne exploitation agricole liée à Camillo Cavour, homme d’État du Risorgimento italien. Aujourd’hui abandonnée, elle reste majestueuse dans son isolement.
Plus loin, nous atteignons le hameau de Vettignè. Ses maisons désertées, son château et son église créent une atmosphère suspendue, presque irréelle. Le silence y est absolu, seulement troublé par le vent.
👉 Nuit dans les environs de Vercelli.

Jour 7 – Forteresses et discothèques fantômes
La journée commence avec le Castello Nuovo di Rovasenda. Ses hautes tours médiévales dominent la campagne, rappelant un temps où la défense structurait le territoire.
L’après-midi, changement d’ambiance : nous explorons Il Maneggio, une discothèque abandonnée. Fresques défraîchies, bar désert, piste de danse envahie par la poussière. L’urbex a ce pouvoir de réveiller l’imaginaire.
👉 Nuit entre Biella et Alessandria.

Jour 8 – Alessandria, l’élégante discrète
Nous consacrons la journée à Alessandria. Sa citadelle, immense fort militaire du XVIIIe siècle, impressionne par ses proportions. Le centre historique dévoile ses églises baroques, ses palais, et l’élégance de ses places. Moins connue que Turin ou Milan, la ville surprend par son authenticité.
👉 Nuit à Alessandria.

Jour 9 – Palazzo Bordoni et route vers la mer
Nous visitons le Palazzo Bordoni, témoignage raffiné de l’aristocratie locale, avant de mettre cap au sud.
À Savone, nous découvrons la Villa Zanelli, joyau de style Liberty, restaurée et mise en valeur. Face à la Méditerranée, elle incarne toute l’élégance de l’Italie du début du XXe siècle.
👉 Nuit à Savone.

Jour 10 – Le mystère de Balestrino
Nous grimpons jusqu’au Castello di Balestrino, en Ligurie. Les ruines de ce château dominent un village abandonné, vidé dans les années 1950 pour des raisons de sécurité. Le décor est saisissant : murs effondrés, ruelles désertes, silence pesant. Un lieu où l’histoire et le mystère se croisent.
👉 Nuit à Albenga.

Jour 11 – Farniente et riviera ligure
Après plusieurs jours intenses, nous accordons à ce voyage une journée plus légère. Balade en bord de mer, flânerie dans les ruelles colorées d’Albenga, marché italien, saveurs locales. Un jour pour respirer, goûter et simplement profiter de la Riviera ligure.
👉 Nuit à Albenga.

Jour 12 – Retour par la côte et dernier regard
Avant le retour, un dernier arrêt s’impose : un café face à la mer, à savourer lentement. Puis la route nous ramène vers la France, avec dans nos bagages les images d’avril, mois idéal pour cette vadrouille entre patrimoine, urbex, histoire et plaisirs simples.
Bilan d’un voyage d’avril
Douze jours, entre France et Italie, à travers montagnes, plaines et riviera. Des forteresses médiévales aux discothèques fantômes, des cités baroques aux villages abandonnés, ce voyage est une mosaïque d’émotions. Avril s’y prête : la douceur des températures, la lumière printanière et la sérénité des routes peu fréquentées ont rendu chaque étape unique.
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