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El Alconzal
El Alconzal, mémoire vive d’un hameau oublié Situé à une vingtaine de kilomètres de Jaganta, El Alconzal repose en silence sur le versant d’un petit ravin, enveloppé par la végétation et l’oubli. Pourtant, derrière les murs effondrés et les toits mangés par le temps, la vie palpite encore, portée par la voix d’un homme : Eusebio Carcelero. À notre arrivée, Eusebio et sa femme Josefa Asensio, derniers habitants de ce hameau isolé, nous accueillent avec une chaleur simple, dans la première maison encore debout d’El Alconzal. Il y a dans le regard d’Eusebio un éclat, une fierté mêlée de mélancolie. Il nous raconte “sa” massada, comme on appelait autrefois ces…
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Balade autour de Jaganta
Hier, c’était la visite de Cantavieja, accrochée à son éperon rocheux, riche d’histoire et de silence. Aujourd’hui, place à la marche. Balade et randonnée autour de Jaganta, à la découverte de ce qui reste — ou subsiste — d’un autre monde. Le chantier peut bien attendre. Le vent s’est levé sur les collines. Les sentiers appellent. Nous partons à pied depuis Jaganta, sac léger, cœur curieux, vers un territoire de silence et de pierres : celui des vieux mas abandonnés. Ces masías, autrefois lieux de vie, d’élevage, de culture, dorment aujourd’hui à ciel ouvert, rattrapées par les herbes folles et les souvenirs. Le premier mas sur notre chemin est le…
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Mas de las Matas
Après une nuit endiablée — le 15 août, ça se fête en Espagne — le lendemain, 16 août, fut une journée de repos imposé. Impossible de faire quoi que ce soit : Brice et Guillaume n’ont même pas réussi à sortir du lit. La veille avait été trop belle, trop longue, trop festive. Il faut dire que Henri et Myriam nous avaient rejoints à Jaganta le dimanche 12 août au soir, et que nous avions tous célébré ensemble l’Assomption, dans une ambiance chaleureuse et débridée. Ce n’est que le 17 août au matin que nous avons repris la route, direction Mas de las Matas.Objectif du jour : acheter la charpente.…
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Les fêtes du15 août
Samedi matin. Brice et Guillaume ont bien du mal à émerger. Hier soir, en rentrant de notre belle journée dans la comarque du Maestrazgo, ils ont filé je-ne-sais-où, malgré la fatigue. La seule chose que je sais, c’est qu’ils sont rentrés très tard, le sourire aux lèvres et les yeux brillants. Ils avaient commencé à goûter à l’esprit des peñas : ces fêtes populaires typiques des villages espagnols, où les habitants ouvrent leurs garages ou installent des tables devant chez eux pour partager tapas, vin, musique et rires jusque tard dans la nuit. Pendant ce temps, moi, je suis resté tranquille au camping. Et ce matin, alors que j’allais préparer…
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La comarque du Maestrazgo
La comarque du Maestrazgo : Ce secteur est parfois aussi désigné sous le nom plus général de Sierra del Maestrazgo ou Maestrazgo turolense.Comarque (équivalent d’un petit pays ou territoire historique) Je leur avais promis une journée détente et découverte. Hier, la journée avait été intense — la dépose de la toiture nous avait laissés les bras lourds mais le cœur léger. Ce matin, le camping nous accueille dans une douceur presque irréelle : fraîcheur matinale, silence à peine troublé par le déversoir du réservoir de Santolea. Ce lieu a vraiment tout pour plaire : piscine accueillante, grands emplacements ombragés, accès direct à l’eau… un petit paradis pour qui cherche à…
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Le réservoir de Santolea
Jaganta est entouré d’espaces naturels et artificiels d’une grande beauté. L’un d’entre eux est le réservoir de Santolea. Le Réservoir de Santolea : entre nature sauvage et mémoire engloutie À quelques kilomètres de Jaganta, le réservoir de Santolea s’étend comme une mer intérieure aux reflets changeants, lovée entre les collines aragonaises. Créé dans les années 1930 pour réguler le débit de la rivière Guadalope, il est aujourd’hui bien plus qu’un simple bassin hydraulique : c’est un lieu à la fois paisible, chargé d’histoire, et propice à de nombreuses découvertes. Un paysage entre falaises et eaux calmes Depuis les hauteurs du village de Castellote ou en longeant les chemins qui serpentent…
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Santolea un village sous l’eau
Santolea : Témoignage silencieux de l’Espagne abandonnée Au cœur des montagnes espagnoles, Santolea se dresse en tant que village fantôme, portant les cicatrices de l’histoire tourmentée de l’après-guerre franquiste. Les ruelles pavées, autrefois animées par la vie quotidienne de ses habitants, témoignent aujourd’hui du dépeuplement progressif qui a marqué ce lieu au fil des décennies. Dans les années qui ont suivi la guerre civile espagnole, les autorités franquistes, dans une politique répressive, ont contraint à plusieurs reprises les masoveros (fermiers locaux) à abandonner leurs terres. Soupçonnés d’apporter un soutien aux maquisards, ces agriculteurs ont été forcés de quitter leurs fermes, jetant les bases du dépeuplement qui allait suivre. Certains habitants,…
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Castellote village templier
Trois mois après l’achat de d’une ruine à Jaganta, nous voilà de retour dans la vallée, portés par un mélange d’enthousiasme et de gravité. Ce qui n’était qu’un élan spontané est devenu projet. Ce qui n’était qu’un tas de pierres devient promesse. Nous sommes venus pour entamer les premières réparations. Rien de spectaculaire — dégager, nettoyer, poser un regard nouveau sur chaque mur, chaque poutre effondrée. Ce lieu, abandonné depuis si longtemps, commence doucement à reprendre vie, ou du moins à respirer autrement. Mais ce retour est aussi l’occasion d’une vraie découverte : Castellote. Jusqu’alors, ce n’était pour nous qu’une étape fonctionnelle, là où nous faisions nos courses, vite fait,…
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Jaganta août 2007.
Camping de Castellote, camp de base et retour aux sources Après huit heures de route, les muscles engourdis mais le cœur impatient, nous avons posé nos sacs au camping de Castellote, accroché aux reliefs du Maestrazgo. Avec Brice et Guillaume, on retrouvait ces paysages sauvages et vibrants. Mais cette fois, il y avait quelque chose de plus. Car à quelques kilomètres de là se trouve Jaganta, le village de mon grand-père. Une terre de mémoire, un nom gravé dans la roche familiale. Et au détour d’une escapade oubliée, nous avions acheté une ruine. Une vraie. Une maison effondrée, perdue au milieu d’un hameau oublié, où les pierres murmurent encore le…
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Jaganta juin 2007
Avec Brice, nous sommes revenus à Jaganta en ce début juin, quelques semaines après avoir concrétisé l’achat de la ruine — notre ruine, celle qu’on avait repérée en mai. Nous avons élu domicile à la casa Espada, et c’est dans cette maison aux pierres fatiguées que le passé a commencé à nous parler. C’est Carmen, une tante éloignée, qui a ouvert les premières portes. Grâce à elle, nous avons mis un nom sur des visages flous, appris que mon grand-père s’appelait Jesús, et que sa mère était surnommée « la Roya », à cause de sa chevelure rousse flamboyante. Pas « la Jubia » comme je le pensais au départ, mais « la Rouge » —…