Les temples Hindou bangkok
Le mélange de l’hindouisme et du bouddhisme est intrinsèque en Thaïlande, toute la mythologie du Royaume reposant sur une alliance de ces deux systèmes religieux, bien que le pays suive officiellement la ligne du bouddhisme Theravada.
Les liens de la Thaïlande avec l’hindouisme sont millénaires suite à l’indianisation de l’Asie du Sud-est et la domination successive de ces contrées par les civilisations dvâravatî, khmer puis thaï.
On retrouve aujourd’hui cet héritage dans les ruines de somptueux temples dédiés à des dieux hindous tel Phanom Rung à Buriram et Sdok Kok Thom à Aranyaprathet, tous deux construits en l’honneur de Shiva, ou encore le Prang Khaek en plein centre de Lopburi.
Au-delà des centaines de petits sanctuaires représentant des divinités telles Ganesh ou Shiva, c’est donc tout naturellement qu’on trouve une dizaine de temples hindous à Bangkok et ailleurs dans le Royaume.
La plupart sont assidûment fréquentés par la communauté d’origine indienne, mais aussi par des Thaïlandais bouddhistes venant prier pour conjurer le sort.
Le temple Devasathan Bangkok à côté du Wat Suthat, (temple de la balançoire) est le centre officiel de l’hindouisme en Thaïlande, en particulier le brahmanisme.
Le festival Navarati et le temple Wat Khaek
Chaque année , autour du tempe indien Sri Maha Mariamman, silom road de Bangkok, se déroule le festival Navaratri, fête religieuse indienne très colorée. Arriver par la station Chong Nosi, vers 17 -18 heurs fin de la mise ,en place de dizaines d’autels; Les cérémonies débutent plus tard, et se terminent tard dans la nuit. La circulation entre cette station de métro est interdite jusqu’au temple, pour permettre l’édification des autels et le déroulement des processions.
Le Navratri est l’un des plus grands festivals hindous, il célèbre le culte de la déesse Durga, l’énergie féminine divine, symbole de victoire du bien contre le mal.
Plusieurs milliers de fidèles s’y pressent chaque année et de plus en plus de dévots bouddhistes thaïlandais. Danses, transes, musiques et cérémonies rituelles rythment cet événement.
Le dernier soir, plusieurs milliers de fidèles se regroupent le long de Sathorn et Silom Road, attendant patiemment le passage du défilé près des sanctuaires éphémères qu’ils ont érigés.
Après plusieurs chars illuminés présentant plusieurs divinités, le clou du spectacle intervient avec l’arrivée de la déesse tamoule Mariamman, des milliers de noix de coco ayant été brisées avant son passage pour purifier le sol.
Les temples pour Shiva
Le temple du Seigneur Shiva a été construit vers 2003. Il se nomme Shiv Temple (शिव मंदिर )
Il abrite en effet une immense représentation de Shiva tapissée de feuilles d’or et un magnifique pavillon regroupant des centaines d’effigies hindoues et… bouddhistes.
Ce temple accueille aussi bien des locaux que des touristes indiens, très peu de touristes occidentaux.
Il est un exemple parfait du syncrétisme thaïlandais : il est entretenu par des nonnes bouddhistes alors que des gurus et prêtres hindous viennent y officier des cérémonies.
Adresse: n ° 141, Village n ° 5, Soi Khubon 27, 27 Intersection (Soi Siamthornee), Khubon Road (Ram Inthra 71 km 8), Tha Raeng Subdistrict, Bang Khen District, Bangkok
https://maps.app.goo.gl/S3N5UEUqAij4TXKLA
Près de la station BTS de Saphan Kwaï, un autre temple étrange associé à Shiva le Phra Siva Jao (วัดพระศิวะเจ้า), ou le Shiva Hindu Temple.
Aussi prospère que flamboyant, le temple hindou abrite trois divinités : Jao Mae Maha Umathewi ( Uma Devi, ou Shakti, épouse de Shiva); son fils Phra Khanthakuman ( Subramaniam), à sa droite, et Phra Phikkhanet (Ganesh), à tête d’éléphant, à sa gauche.
Officiellement bouddhiste mais sans Bouddha, il regroupe dans son parc plusieurs divinités hindoues.
https://maps.app.goo.gl/icutkQpYquR1TZqw9
La divinité Kali au Wat phra siva jao à Saphan Kwaï
Les autres temples hindous de Bangkok
La capitale thaïlandaise compte plusieurs temples purement hindous, à commencer par le Wat Witsanu (วัดวิษณุ), près de Sathorn Road, Witsanu étant la traduction thaïe de Vishnu.
L’hindouisme étant un système religieux si complexe que d’un temple à l’autre, les croyances peuvent fortement différer, surtout en dehors de l’Inde où chaque temple tend à regrouper des croyants issus de la même région linguistique – la constitution indienne reconnaissant 24 langues.
Ainsi, juste derrière le Wat Witsanu se trouve un autre temple, sans liens direct avec son voisin, abritant le mouvement Arya Samaj
Ce groupe fait partie d’une secte réformiste anti-caste qui entend accorder moins d’importance à l’idolâtrie des divinités et plus d’importance à l’éducation, notamment des femmes.
D’autres temples sont surprenants tels le Hindu Samaj Dev Mandir (วัดเทพมณเฑียร), près de Wat Suthat, à l’intérieur de la seule école indienne de la capitale, mais ouverte à tous les écoliers quels que soient leur confession.
On peut également visiter librement deux autres temples typiquement indiens: le Prem Prakash Sindhi Mandir, à Thong Lor soi 25 et le Durgan Mandir dans le soi 5 de l’avenue Somdej Chao Phraya, du côté Thonburi.
Il existe même un ashram, c’est-à-dire un ermitage, dans le soi 50 de Sukhumvit Road.
L’avantage incontestable des temples hindous sur les temples bouddhistes est que lorsqu’on s’y fait bénir, contre une petite offrande pécuniaire, le prêtre vous dessine non seulement un tilak, la fameuse ligne de couleur sur le front, mais il vous donne aussi un petit souvenir.
Par exemple, au Wat Khaek sur Silom Road, on vous offre une carte porte bonheur de la déesse Mariamman. Dans d’autres endroits, ce sera une friandise et un thé s’il n’y a pas foule, voire une banane comme au temple Witsanu.
Sikhisme et Jaïnisme, les autres religions indiennes
Le titre de cet article fait référence aux temples indiens pour la bonne raison qu’il n’y a pas que l’hindouisme et le bouddhisme présents à Bangkok, d’autres religions originaires d’Inde ont également leurs lieux de culte, à commencer par le sikhisme, religion forte de 25 millions de pratiquants dans le monde.
Leur lieu de culte, appelé Gurdwara, se trouve près de Chinatown, dans le quartier de Prahurat
Immense édifice qui synthétise la réussite économique et l’intégration à la société thaïe des sikhs, ce magnifique temple comprend une cuisine communautaire, une petite clinique ouverte à tous et surtout une salle des prières grandiose où le livre sacré, le Guru Granth Sahib, est placé sur un trône surélevé.
L’air de rien, la Thaïlande compte près d’une vingtaine de Gurdwara à travers le Royaume, dans des endroits aussi divers que Phuket, Pattaya, Khon Kaen, Chiang Mai et Yala.
Fort d’une petite communauté de quelques centaines de membres, les jaïns ont ouvert leur premier lieu de culte à Bangkok il y a quelques années, important par la même occasion une représentation de Mahavira, un tirthankara, c’est-à-dire un guide omniscient ayant atteint l’Eveil.
Minorité religieuse où qu’elle se trouve avec seulement 10 millions d’adeptes, les préceptes du jaïnisme mettent en avant la non-violence sous toutes ses formes, la force mentale à travers le contrôle de soi et l’importance de l’éducation pour les laïques.
Les moines sont quant à eux soumis à un ascétisme strict, bien loin du dilettantisme des moines bouddhistes: en Inde, les moines du courant Digambara, à l’instar du célèbre Vidyasagar, sont constamment nus et n’ont strictement aucunes possessions, mise à part un petit balais de feuilles de paons, une gourde et les écritures, les Shastra.
Pour trouver ce petit temple jaïn, il faut se rendre dans le soi Phutta Osot, parallèle à l’avenue Surawong. Cette ruelle est l’une des plus cosmopolites de Bangkok, églises, mosquées, sanctuaires chinois et hindous se mélangeant joyeusement.
Lorsqu’on atteint cette rue, il faut identifier un temple hindou en l’honneur de Krishna et sa flûte. Le temple jaïn se trouve dans une petite maison juste en face, la porte d’entrée étant recouverte d’un svastika, symbole premier du jaïnisme.
Si vous souhaitez vous y rendre, merci de frapper avant d’entrer pour n’effrayer personne, le nombre de curieux ne dépassant pas les doigts d’une main chaque année.
L’influence historique de l’hindouisme en Thaïlande
Les liens de la Thaïlande actuelle avec l’hindouisme sont millénaires suite à l’indianisation de l’Asie du Sud-est et la domination successive de ces contrées par les civilisations dvâravatî, khmer puis thaï.
On retrouve aujourd’hui cet héritage dans les ruines de somptueux temples dédiés à des dieux hindous tel Phanom Rung à Buriram et Sdok Kok Thom à Aranyaprathet, tous deux construits en l’honneur de Shiva, ou encore le Prang Khaek en plein centre de Lopburi.
Plus généralement, en se mélangeant avec l’animisme local et le bouddhisme, beaucoup du fond culturel, religieux et mythologique de la Thaïlande renvoient à l’Inde, ses légendes et ses nombreuses divinités.
L’emblème national de la Thaïlande (Phra Khrut Pha), que l’on retrouve sur tous les documents officiels (passeports, billets de banque, quasiment tous les documents publiés par le gouvernement), représente l’homme-oiseau Garuda qui est aussi la monture du dieu Vishnou dans la mythologie hindouiste.
Le brahmanisme et la monarchie thaïlandaise
Le système monarchique en Thaïlande, inspiré de certains rois du Royaume d’Angkor, suit toujours le précepte de Devaraja, c’est-à-dire du dieu-roi.
Selon ce concept, se basant autant sur la mythologie brahmanique que bouddhique, le roi est roi parce qu’il possède le sang royal de sa lignée, qu’il est considéré comme une incarnation du dieu Vishnou, – rapports à l’hindouisme –, et qu’il est un Bodhisattva accomplissant des mérites – rapport au bouddhisme.
Celui qui couronne le roi et qui conduit les principaux rituels au palais royal n’est ainsi pas un moine bouddhiste mais un brahmane, c’est-à-dire un religieux hindou appartenant à la caste des prêtres.
Portant le nom honorifique de Phara Rajaguru Vamadevamuni, il est l’héritier d’une longue lignée de brahmane qui a servi les précédents rois de la dynastie des Chakri.
Ce prêtre est basé dans un temple discret du nom de Dhevasathan sur l’île de Rattanakosin, à côté du Wat Suthat. Construit par Rama I, ce sanctuaire est un lieu spirituel et mythologique extrêmement important pour la monarchie.
Ce complexe ouvert au public abrite trois représentations des principaux dieux hindous dans un style thaï unique: Shiva, Ganesh et Vishnou. Du fait de leur caractère historique et symbolique pour le Royaume, il est strictement interdit de les photographier.
Le Ramayana indien à la base de l’épopée nationale
Plusieurs aspects historiques du Royaume renvoient inexorablement à des branches de l’hindouisme.
L’ancienne capitale Ayutthaya fut par exemple nommée d’après Ayodhya, ville sainte de l’hindouisme située dans l’Etat de l’Uttar Pradesh en Inde.
Ayodhya fut la capitale d’un royaume gouverné par un certain Rama, l’une des incarnations (avatar) du dieu Vishnou. Rama, Praram en thaï, est également le nom par lequel on distingue les neufs rois de la dynastie des Chakri en Thaïlande, eux-mêmes des incarnations de Vishnou.
L’emblème de la monarchie thaïlandaise est en fait la superposition de deux armes divines hindouiste: le Chakra, sorte de disque dentelé destiné à être lancé contre l’ennemi, utilisé par Vishnou, et le Trisula, un trident qui est l’arme de Shiva.
Écrite en sanskrit, la vie du Rama indien a été racontée dans l’épopée Ramayana, dont il existe plusieurs versions en Asie du Sud-est, par exemple le Reamker au Cambodge ou le Kakawin Ramayana sur l’île de Java.
En Thaïlande, la version locale du Ramayana, écrite sous l’ère de Rama I, se nomme Ramakien, littéralement la Gloire de Rama.
L’histoire, les principaux personnages et les divinités hindoues restent les mêmes mais l’épopée fut transférée dans le contexte historique et culturel thaï. Au Wat Phra Keaw, le temple royal, on peut observer des fresques dépeignant l’histoire issue du Ramakien.
La balançoire géante, rituel brahmanique
Autre exemple étonnant des croyances issues du système religieux hindou à Bangkok, la balançoire géante (Giant Swing – Sao Ching Cha), en face du temple de Wat Suthat, n’est pas une structure bouddhique, encore moins de l’art contemporain ou un Torii japonais, mais une représentation d’un mythe brahmanique.
Construite deux ans après la création du Royaume de Rattanakosin en 1784, la structure en teck fut plusieurs fois remplacée. Celle actuellement en place fut inaugurée fin 2006 et mesure 21 mètres de haut.
Autrefois utilisée comme véritable balançoire géante pour célébrer l’arrivée symbolique de Shiva et Vishnou sur terre une fois par an, la structure devrait à nouveau être le théâtre de ces impressionnants rituels brahmanique s’il l’on en croit les propos du gouverneur de Bangkok.
Des divinités hindoues omniprésentes
Au-delà des rites, de l’histoire et des croyances brahmaniques qui peuplent l’imaginaire national, les divinités hindoues bénéficient d’une forte popularité dans la population.
Se mélangeant allégrement au bouddhisme, ces croyances coexistent sans peine pour former un système religieux cohérent, basé sur les mérites, la dévotion et la foi.
Ainsi, rien qu’à Bangkok, on compte des centaines de petits sanctuaires représentant des divinités hindoues où les Thaïlandais viennent se recueillir et prier pour leur bonne fortune.
Le plus connu de tous est le sanctuaire d’Erawan, situé en plein quartier d’affaires. Les Thaïlandais et les touristes y vénèrent Phra Phrom, la représentation locale de Brahma.
Suite au terrible attentat d’août 2015, il n’a pas fallu une semaine pour que Erawan Shrine retrouve sa splendeur et ses fidèles.
D’autres sanctuaires ne désemplissent jamais tel celui à la sortie de la station de métro Huay Kwang, en l’honneur de Ganesh, le dieu éléphant du panthéon hindou. Étant la divinité de l’éducation et de la connaissance, ce sanctuaire est prisé par les étudiants.