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Le quartier des ferrailleurs (Vielles bâtisses et capharnaüm)

Ce post est spécialement édité pour PH.
On retourne à Bangkok en décembre.
Un petit tour dans le Bangkok différent, le Bangkok que les touristes pressés ne peuvent voir.

Coincé entre les rives du Chao Phraya et Chinatown, voici un quartier bien singulier, le quartier des ferrailleurs ou des « garagistes ». Les  ferrailleurs  de Sieng Kong.
Loin des hangars uniformes des Norauto, des Speedy et autres chaînes destinées à la voiture, ce petit bout de Bangkok concentre un nombre plus que conséquent de garagistes, ferrailleurs et petits récupérateurs-vendeurs de pièces détachées.

Un joli capharnaüm, mais qui cache en fait une parfaite organisation de l’espace et des conséquences de ce travail (bruits, émanations des produits, les va-et-vient, etc.).

Le quartier des ferrailleurs tient de la caverne d’Alibaba. On y trouve, pêle-mêle: des arbres à came, des hélices, de monstrueux V8, des engrenages, des disques d’embrayage, des tronçonneuses et d’increvables blocs à 4 temps Honda, reconnaissables à leurs carters rouges. Soudeurs, fraiseurs tourneurs sont à la tâche. L’un d’eux découpe, sous nos yeux, des plaques d’acier épaisses comme le poing.

En fait, le plus étrange est de trouver tout ce petit monde réuni dans un des plus vieux quartiers de Bangkok.

Pour la plupart des visiteurs occidentaux, il est plus habituel de voir cette activité de ferrailleurs dans les périphéries urbaines des villes.

Ici c’est le contraire, on est dans le centre-ville, et le quartier, malgré son grand âge, a su s’adapter à cette situation. Tout est concentré, tout est mélangé.

Ainsi dans la même bâtisse, on trouvera tout à la fois l’activité professionnelle dans la pièce du bas et dans les etages la vie familiale.

Les maisons sont vétustes et pour combler le manque de place, beaucoup de propriétaires ont transformé leur terrasse et le trottoir en entrepôt. Certaines habitations ont des murs de pièces métalliques à base de carburateurs, de moteurs, etc. D’autres ont préféré garer une vieille voiture pour la transformer en réserve à rivets, à gaines, à écrous, etc. La voiture devient un prolongement du garage, immobile depuis des années.

Le matin, dès 8 heures, les machines se mettent en route, les voitures s’arrêtent pour charger ou décharger des pièces, ici des boites de vitesses, là des arbres à cames. A cet angle de la rue, on soude, de l’autre côté on s’occupe de tout ce qui concerne l’électrique, ça tombe bien car dans la cours d’à côté, on vend des batteries. 1er main, seconde main, peu importe, il y a de tout.

Tout la journée, l’activité bat son plein et donne la cadence à la vie du quartier. Un vendeur ambulant passe de temps en temps soit pour une boisson, soit un fruit ou encore mieux pour quelques petites brochettes grillées. A 16h00 tous lèvent le pied. Quand on lève les yeux, on s’aperçoit que les grands immeubles ne cessent de gagner du terrain. Habiter juste à côté de la rivière Chao Phraya fait des envieux, et les promoteurs ne se cachent plus.

On ne peut qu’espérer que la route de ces promoteurs soit longue, semée d’embuches afin que cette classe ouvrière, ces garagistes, ces ferrailleurs profitent toujours de ce lieu, de ce rythme et de cette ambiance si particulière.

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