Tourismophobie Barcelone
« Tourist go home »
Nouvelle tendance : Critiquer les touristes
Les touristes rentrent chez eux
Voir les premiers graffitis annonçant « Les touristes rentrent chez eux » était déroutant. L’écriture bleue semblait défier le calme de la ville. Très vite, ces messages se sont multipliés, apparaissant sur chaque bloc, coin et mur. Un sentiment d’inquiétude grandissait en moi. Chaque mot semblait crier une insatisfaction latente, une rébellion contre une présence envahissante.
Un sentiment de malaise naissant s’installe. « Qu’est-ce qu’on fout ici », ai-je pensé.
C’était ma première expérience à Gracia, le quartier traditionnellement ouvrier de Barcelone. Au premier plan du débat : le tourisme est-il allé trop loin ?
Barcelone comme destination touristique
Barcelone n’a pas toujours été une destination touristique aussi emblématique. Les Jeux olympiques de 1992 ont déclenché la régénération urbaine et ont placé la ville dans la conscience des voyageurs. Grâce au soleil, à l’histoire et à la riche culture catalane de Barcelone, ainsi qu’à la volonté concertée du gouvernement local, la ville était prête à décoller.
Avant la pandémie, la ville recevait environ 32 millions de visiteurs annuels ; en 1992, ce chiffre était de 1,7 million. La population permanente dans les limites de la ville est de 1,6 million, soit un ratio d’environ 19 visiteurs par résident permanent. Cela contraste avec Londres, qui compte environ 9 millions d’habitants et a accueilli 22 millions de visiteurs internationaux en 2019.
Il ne s’agit pas simplement de chiffres. La moitié de ces 32 millions sont des excursionnistes, dont une grande partie sont des croisiéristes. En conséquence, de nombreux touristes se rassemblent dans les quartiers les plus populaires, tels que Las Ramblas, le Parc Güell et La Sagrada, déterminés à visiter ces sites emblématiques en peu de temps. Cela entraîne une congestion extrême dans certains endroits et signifie que les sommes considérables dépensées par les touristes sont concentrées dans un nombre limité de cafés touristiques et de boutiques de cadeaux, avec peu de surplus pour les autres quartiers de la ville.
Une consultation menée en 2015 par le gouvernement local a souligné divers problèmes liés au surtourisme, notamment les comportements antisociaux, la surpopulation et la perte d’identité.
Le tourisme apporte d’énormes revenus à la ville et représente une part importante de l’économie, mais comme c’est le cas pour de nombreux problèmes économiques auxquels la société est confrontée aujourd’hui, ce n’est pas seulement la taille du gâteau qui compte, mais aussi la façon dont vous le partagez. La consultation a souligné « une mauvaise redistribution des richesses générées et des emplois de mauvaise qualité ».
Le tourisme de masse à Barcelone a entraîné une forme d’aversion envers les voyageurs. Certaines personnes parlent même de « tourismophobie ». Il devient commun à Barcelone d’assister à des happening (événement spontané) comme celle du mois de juin 2022 où des militants ont bloqué un bus touristique.
Pourtant personnellement on a pas ressenti une seule fois cet anti touriste.
Un nouveau virus dénommé «tourismophobie».