Urbex Dépôt ferroviaire de Makkasan Bangkok
Si l’on prend le train, de l’aéroport international de Suvarnabhumi au centre de Bangkok à quelques arrêts du centre-ville, on aperçoit des vieux entrepôts de chemin de fer – moteurs et voitures – disséminés dans ce qui ressemble presque à une jungle urbaine. C’est le dépôt ferroviaire de Makkasan il était autrefois le principal centre d’entretien des locomotives du pays, il abrite une gare, un atelier, des entrepôts et quelques maisons dans un espace vert qui contraste avec les immeubles de grande hauteur qui l’entourent.
Arrivé sur les lieux, on est transporté à ce que ressemblait à la Thaïlande d’il y a 40 ou 50 ans.
En premier on rentre dans un marché, strictement local. On y trouve de tout, fruits, légumes, pavés de porc, poulets, poissons séchés et articles ménagers tels que des verres, des assiettes et du détergent.
Afin de nous mettre dans l’ambiance, on peu humer l’arôme de la cuisine thaïlandaise se mêlant à l’odeur de fleurs fraîches, a l’odeur assez piquante du poisson séché et au gaz d’échappement des scooters.
Au bout du marché se trouve la gare. C’est tout à l’air libre. Pas de fast-food, pas de bars, pas de grands écrans plats, aucune horaires, mais si on le désire, on peu prendre un train, qui nous emmene à Pattaya ou à la frontière avec le Cambodge, ou simplement faire un arrêt pour revenir au centre de Bangkok. Les moteurs et les voitures utilisés sur cette ligne sont bien plus vieilles que moi, et elles roulent, tout baigne dans l’huile, un vrai retour dans le passé. En face de la gare se trouve le vaste « hôpital » chantier de réparation, où les trains reviennent à la vie.
Ici notre civilisation ne me semble pas bien solide, elle demeure bien fragile face à la nature qui reprend rapidement ses droits.
Les fissures des bâtiments, tout comme les carcasses d’anciens wagons, se font grignoter petit à petit par cette flore qui s’épanouie. Les rangées de wagons s’éloignent des principaux bâtiments, il y a vraiment de tout ici, nous sommes plongés dans un autre univers, c’est magnifique. Nous arpentons ce terrain désaffecté et nous nous perdons au milieu de toutes ces curiosités, c’est tellement improbable de remonter les époques à travers ces épaves.
Nous apercevons aussi des vielles machines à vapeur japonaise, ces anciennes machines, me donnent l’impression d’être « vivantes », elles ressemble à un énorme animal.
Elles datent sûrement de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le chantier naval de Makkasan était relié au chemin de fer japonais Burma ou « Ligne Siam-Birmanie » ou aussi appelée « Voie ferrée de la mort » qui reliait les forces japonaises en Thaïlande à celles de l’actuel Myanmar.
Voir l’article sur La ligne Siam-Birmanie.
Plus loin nous découvrons des ateliers, leurs façades dévoilent une architecture assez surprenante et charmante. Délabré et envahi par les arbres, l’ensemble des dépôts ferroviaires et des terrains sont sûrement l’un des plus grands espaces verts de la ville
Dans le premier dépôt, des ouvriers dépouillent les vieux wagons, restaurants et voitures-lits afin de pouvoir en restaurer d’autres.
Dans le suivant, des carcasses de wagons sont accumulées, certains sont complètement sablés d’autres sont surélevés pour permettre la fixation de nouveaux roulement et roues, d’autres attendent les portes et les aménagements intérieurs, dans un autre dépôt jusqu’à a côté, des ouvriers utilisent des fours et dimenses tours afin de remodeler et redresser les bordures roues, un vrai travail de titan, les dépôts se suivent, l’ensemble est immense, des grands blocs de moteur diesel sont accumulés ça et la, et un stock immense de bois, qui étaient autrefois utilisés dans la construction de voies ferrées attende d’être enfin utilisé.
Le sort réservé au quartier de Makkasan.
Un immense espace vert au milieu de Bangkok, oppose les communautés locales et écologistes aux promoteurs et autorités à la recherche de liquidités.
Le quartier de Makkasan est situé au cœur de Bangkok et couvre une superficie d’environ 80 hectares.
Les débats autour des terrains de Makkasan, qui appartiennent aux chemins de fer d’État de Thaïlande (SRT), font rage depuis des années dans la mesure où cette zone constitue le dernier espace non aménagé d’une ville ne disposant que de trop peu de parcs.
Habituellement dans les villes asiatiques qui connaissent un boom économique, les terrains vacants et les vieux immeubles cèdent leur place aux autoroutes et aux tours de bureaux et d’appartements modernes qui, selon les critiques, les dénaturent, accentuent les inégalités et aggravent les effets négatifs de la croissance urbaine galopante.
En 2018, une communauté de plus de 300 personnes vivant à côté d’un vieux fort à Bangkok a été expulsée et ses constructions traditionnelles en bois rasées pour faire place à un parc public dont les détracteurs affirment que le seul but est d’impressionner les touristes.
Les autorités ont aussi commencé à déloger les vendeurs et les stands de streetfood des trottoirs, ainsi qu’à évacuer les boutiques et les bidonvilles le long du fleuve Chao Phraya dans le but de moderniser Bangkok.
Des groupes issus de la société civile affirment que les expulsions et les plans de réaménagement ciblent principalement les communautés pauvres qui n’ont aucun droit formel sur les terres ou les espaces qu’elles occupent dans une ville densément peuplée.
Les autorités affirment quant à elles avoir éliminé ces empiétements pour améliorer l’accessibilité et la qualité de vie des résidents.
Cette promesse est actuellement mise à l’épreuve alors que le plan de réaménagement de Makkasan est en voie de finalisation.